Opinion : Une façon d’augmenter la productivité : s’assurer que tous les enfants savent lire

Jusqu’à 750 000 écoliers canadiens pourraient être dyslexiques. Un dépistage précoce est crucial

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Par Keith Gray

Depuis des années, dans les pages économiques du Canada, les PDG, les décideurs politiques et les experts de tous bords réclament que nous devenions plus compétitifs et plus productifs. Nous prenons du retard, plaident-ils dans des articles d’opinion, avertissant : Réveillez-vous, Canada, ou nous sombrerons dans l’oubli économique.

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En supposant que ce record battu soit exact, pourquoi l’entendons-nous depuis tant de décennies avec si peu de résultats ? Il ne fait aucun doute que de nombreux aspects de l’amélioration de la productivité et de la compétitivité sont complexes, mais il existe une solution évidente : apprendre à lire aux enfants canadiens, en particulier aux 750 000 écoliers aux prises avec la dyslexie, dont trois ou quatre dans chaque classe.

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Ces chiffres sont basés sur les données de l’International Dyslexia Association, qui montrent que 15 à 20 % de la population est dyslexique. L’IDA rapporte également que 85 pour cent des étudiants ayant des difficultés de lecture sont dyslexiques. Mais c’est un problème qui peut être largement résolu.

Et cela pourrait rapporter gros : une étude de Deloitte Canada réalisée en 2020 pour la Fondation canadienne pour l’alphabétisation des enfants cite des recherches estimant qu’une augmentation de 1 pour cent de l’alphabétisation des adultes pourrait entraîner une augmentation de 2,5 pour cent de la productivité du travail et une augmentation de 1,5 à trois pour cent. cent d’augmentation du PIB par habitant. Cela représente potentiellement 67 milliards de dollars de croissance économique annuelle supplémentaire. De l’argent sérieux. C’est plus que suffisant pour payer chaque année la facture d’intérêts du gouvernement fédéral.

Les 750 000 enfants canadiens touchés par la dyslexie représentent presque le double du nombre d’adultes canadiens employés directement et indirectement par l’industrie automobile canadienne. Regardez comment le pays se met en quatre pour attirer ici les entreprises liées aux véhicules électriques. Le secteur automobile est au cœur de l’économie canadienne depuis des décennies et on peut espérer qu’il en sera de même pour l’avenir. Mais sans une intervention précoce, ces 750 000 enfants ne gagneront peut-être jamais assez pour s’offrir l’un de ces nouveaux véhicules électriques.

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Les défis auxquels sont confrontés un nombre encore plus grand d’adultes canadiens dyslexiques ont probablement été ignorés à l’époque des écoles publiques, et ils ont sans aucun doute payé un prix atroce pour une maladie neurologique qui peut être traitée avec succès si elle est détectée tôt.

Outre les avantages économiques, il existe un besoin social urgent. Les enfants dyslexiques qui ne reçoivent pas d’aide à temps prennent du retard et sont qualifiés d’imbéciles. Je sais. J’étais l’un des leurs. En 3e année, j’ai eu la sangle et j’ai été recalé parce que j’avais du mal à lire. C’est un souvenir douloureux et, plusieurs décennies plus tard, la dyslexie me hante encore d’innombrables fois par jour. Mais j’ai réussi à passer à travers. La plupart n’ont pas autant de chance. Ils sont souvent victimes d’intimidation et de maltraitance, et ils sont confrontés à un risque accru de chômage, de pauvreté, d’itinérance et de problèmes de santé mentale.

«Mon plus jeune frère souffrait de dyslexie», lit-on dans une lettre déchirante que j’ai reçue, «et je crois que cela a contribué à lui faire prendre la vie à la trentaine.» Malheureusement, il existe bien d’autres histoires de ce genre. Selon une étude de l’Université de Toronto, 34,5 pour cent des adultes dyslexiques déclarent avoir été maltraités lorsqu’ils étaient enfants.

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Il y a des progrès, mais ils sont lents. « Le droit de lire », un rapport historique de la Commission ontarienne des droits de la personne l’année dernière, a fait bouger les choses, soulignant que ses conclusions « sont une question d’équité globale en matière d’éducation ». Il faut reconnaître que le gouvernement de l’Ontario a annoncé des plans pour un nouveau programme d’études pour cet automne, y compris l’objectif du dépistage universel pour les enfants de la maternelle à la 2e année. Le plus tôt sera le mieux. Il faut quatre fois plus de temps pour intervenir efficacement auprès d’un enfant de 4e année que d’un enfant de la maternelle. Même si le Manitoba et la Saskatchewan mènent également des enquêtes sur les droits de la personne en matière de lecture, la triste vérité est que les progrès nationaux dans ce domaine sont glacials.

Il n’est pas facile pour les enfants dyslexiques d’apprendre à lire, mais du point de vue des politiques publiques, c’est un laxisme. Grâce à un dépistage précoce suivi d’une intervention ciblée, la plupart des enfants dyslexiques savent lire, ce qui leur donne une chance d’apprendre comme les autres enfants. Une approche scientifique et fondée sur des preuves est nécessaire, avec un enseignement aux enfants via la phonétique, qui est tombée en désuétude il y a des décennies. Les problèmes d’alphabétisation de 95 pour cent de tous les enfants peuvent être évités, ouvrant ainsi les perspectives glorieuses de la lecture et du plaisir, de la connaissance, de la pensée et des idées qu’elle apporte.

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Outre l’impératif moral de mettre fin à l’angoisse vécue par les enfants dyslexiques et leurs familles, il s’agit d’une énorme victoire potentielle pour la future main-d’œuvre du Canada. Nous créons des banques d’infrastructures, subventionnons ceci et cela et recherchons constamment des objets industriels brillants qui, nous l’espérons, favoriseront la croissance économique et la prospérité. Et si nous investissions dans nos enfants pour les aider, eux et notre pays, en même temps ?

Keith Gray, cadre à la retraite de la Banque TD, est fondateur et président de Dyslexia Canada.

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