Opinion : La transition vers la carboneutralité en Ontario est-elle simplement « difficile » ou impossible ?

Les augmentations requises dans la production et la distribution d’électricité nécessitent une croissance beaucoup plus rapide que celle que la province a connue depuis des décennies

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Par Robert Lyman

La Société indépendante d’exploitation des réseaux d’électricité de l’Ontario (IESO) a récemment publié son Perspectives de planification annuelle établissant ses projections de la demande provinciale d’électricité, de la capacité de production et des besoins énergétiques pour la période 2025-50. Le rapport prévoit une croissance constante année après année, avec une demande totale d’électricité augmentant de 60 pour cent au cours des 25 prochaines années. En conséquence, la SIERE prévoit une pénurie croissante d’approvisionnement et d’importants « besoins d’acquisition » dès 2029.

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Quelles sont les chances que la province soit en mesure de développer suffisamment de capacités pour répondre à ces nouvelles demandes ? La SIERE a exposé son point de vue sur la politique et la planification en décembre 2022 dans Voies vers la décarbonisationun rapport largement ignoré mais extrêmement important présenté au ministre de l’Énergie de l’Ontario, Todd Smith.

Le rapport Pathways a évalué à la fois la faisabilité et le coût du respect de l’objectif du gouvernement fédéral d’atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050. En utilisant la terminologie « positive » que les ingénieurs professionnels maîtrisent parfaitement, le rapport fournit une évaluation factuelle des changements qui seraient nécessaires en termes de production, de transport et d’investissement. À plusieurs endroits, il reconnaît à quel point ces changements seraient « difficiles ». « Défi » est peut-être le terme le plus proche pour les ingénieurs de signifier « impossible ».

La décarbonisation complète de l’économie ontarienne entraînerait deux grandes transformations. Premièrement, la totalité ou la quasi-totalité de l’énergie actuellement utilisée à partir du pétrole et du gaz naturel devrait soit cesser, soit être convertie en électricité. Deuxièmement, la capacité de la province à fournir de l’électricité à partir de sources autres que les hydrocarbures (soit par production, soit par importations du Québec) devrait augmenter suffisamment pour répondre à la demande accrue. La SIERE prévoit que la demande d’électricité doublerait, passant d’environ 150 térawattheures (TWh) en 2024 à 300 TWh en 2050, pour une augmentation annuelle moyenne de près de 5,8 TWh ou 3,9 pour cent par an. Pour mettre cela en perspective, la demande d’électricité de l’Ontario a diminué presque chaque année depuis 2007.

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Pour répondre à ces besoins, la capacité de production provinciale devrait passer d’environ 42 000 mégawatts (MW) aujourd’hui à environ 88 000 MW en 2050.

À quel point est-ce « difficile » ? Compte tenu des taux d’obsolescence attendus, la capacité des centrales de production actuellement en place diminuera à 19 600 MW d’ici 2050. Cela signifie qu’il faudra construire 68 400 MW de capacité au cours des 26 prochaines années. Le terrain requis pour la production supplémentaire à lui seul représenterait 14 fois la superficie de Toronto, dont la plupart seraient destinés aux éoliennes. La main-d’œuvre qualifiée requise pour construire toutes ces usines est six fois supérieure à celle actuellement disponible. Les examens réglementaires qui prennent aujourd’hui souvent 10 à 15 ans, voire plus, devraient être considérablement accélérés ou considérablement réduits, sans aucun doute face aux objections importantes des propriétaires fonciers, des militants et des communautés autochtones.

La SIERE estime que l’essentiel de la nouvelle capacité de production proviendra de nouvelles centrales nucléaires, d’éoliennes industrielles et d’hydrogène. La dernière centrale nucléaire de base en Ontario était celle de Darlington, achevée en 1993. Une seule grande centrale nucléaire supplémentaire est même au stade de la planification préalable, et si cela se concrétise, elle n’entrera probablement pas en production avant 2045.

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La SIERE estime qu’une capacité de production éolienne supplémentaire de 17 600 MW sera nécessaire. Cela représente plus de trois fois la capacité actuelle. Avec la capacité moyenne actuelle d’une éolienne de 3,3 MW pour un équipement doté d’une tour de 130 pieds, cela représente plus de 5 300 éoliennes de plus, dont chacune pourrait impliquer une lutte avec les résidents ruraux.

Ce qui est encore plus surprenant est l’ajout projeté par la SIERE de 15 000 MW de production à base d’hydrogène, alors qu’il n’en existe précisément aucune aujourd’hui.

Le coût total de toute cette nouvelle génération, hors coûts de financement, serait d’environ 400 milliards de dollars en dollars de 2022, soit environ 15,4 milliards de dollars par an en moyenne. À titre de comparaison, les dépenses en capital totales d’Ontario Power Generation en 2023 s’élevaient à 2,8 milliards de dollars, soit seulement un cinquième de ce qui sera nécessaire chaque année.

Et ce n’est qu’une génération. Les besoins en capacités de transport et de distribution supplémentaires sont presque impressionnants. Il y aurait une grande « construction » des réseaux de transport existants de l’Ontario, pour un coût allant de 20 à 50 milliards de dollars. Entre 150 et 280 nouveaux postes de transformation seraient nécessaires. Cela signifierait l’ajout de cinq à dix nouvelles stations par année, soit plus que le nombre de nouvelles stations développées dans la province au cours de la dernière décennie. Beaucoup seraient construits dans les grandes zones urbaines. Le coût total de ces postes de transformation se situerait entre 5 et 10 milliards de dollars.

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Qu’est-ce que tout cela signifierait pour les tarifs d’électricité ? L’ajout de centrales éoliennes et solaires entre 2007 et 2016 a presque doublé les tarifs de l’électricité, et depuis lors, les subventions annuelles des contribuables dépassant désormais 7 milliards de dollars par an ont été utilisées pour empêcher les tarifs d’augmenter. Pourtant, Pathways to Decarbonization estime que toutes ces nouvelles dépenses nécessaires jusqu’en 2050 aboutiraient à une augmentation des taux de seulement 20 à 30 pour cent. Cette estimation sera presque certainement révisée. Maintenir les hausses de taux à un niveau aussi bas sera probablement… un défi.

Robert Lyman est un économiste de l’énergie à la retraite.

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