Matthew Lau : Ne taxez pas les épiciers, fermez les ministères gouvernementaux de l’Alimentation

Les surtaxes sur les bénéfices des chaînes d’épicerie ne feront pas baisser les prix des denrées alimentaires. Mais fermer les ministères de l’Agriculture permettrait d’économiser de l’argent et d’améliorer l’efficacité

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De nombreux Canadiens sont mécontents du secteur alimentaire. ils disent que les prix élevés des denrées alimentaires exercent une pression sur les ménages. Il existe des points de vue divergents quant à la manière de remédier à la situation. Une approche — menacée par le Premier ministre et exigée par militants manifester devant les épiceries le week-end dernier — est une taxation spéciale des épiceries. L’idée est que des impôts plus élevés sur leurs bénéfices pourraient persuader les épiceries de réaliser des bénéfices inférieurs en réduisant les prix. Et les impôts collectés pourraient être redistribués aux ménages.

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Évaluons cette proposition intéressante. La plus grande cible des vitupérations anticapitalistes dans le passé a été Loblaw, alors supposons que nous augmentions le taux d’imposition des sociétés de Loblaw à 100 pour cent. Et rendons la taxe si punitive qu’elle capte ses profits, non seulement de son activité alimentaire, mais aussi de ses activités pharmaceutiques (Shoppers Drug Mart) et bancaires (PC Financial). Et parce que l’on dit que le PDG de Loblaw est surpayé, imposons également un impôt à 100 pour cent sur son revenu. Son revenu après impôt est presque une erreur d’arrondi dans les états financiers de Loblaw, mais prenons-le quand même.

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Combien pourrions-nous récolter pour redistribuer chaque année aux ménages canadiens grâce à un impôt de 100 pour cent sur les actionnaires et le PDG de Loblaw? Selon ses états financiers des quatre derniers trimestres — et ce furent des trimestres solides, comme ne cessent de nous le répéter les militants protestataires —, ce serait environ 2,1 milliards de dollars, soit 51 $ par Canadien et par année. Mais nous devons supposer que les actionnaires de Loblaw sont satisfaits de transformer l’entreprise en une organisation à but non lucratif et que son PDG est heureux de travailler comme bénévole. Et même dans ce cas, les 2,1 milliards de dollars ne constituent pas uniquement une redistribution nette aux ménages, car la plupart des actionnaires auxquels nous prenons de l’argent appartiennent à la classe moyenne et ne font pas partie des « riches ». Ils paieront également la taxe à 100 pour cent pour aider à financer leurs 51 $. En fait, la plupart des travailleurs canadiens font au moins indirectement partie des actionnaires de Loblaw puisque le Régime de pensions du Canada détient des actions à la fois dans Loblaw et dans George Weston Ltd.

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Et quel serait l’impact plus large de l’imposition d’une telle taxe sur Loblaw et ses dirigeants ? Une telle fiscalité punitive entraînerait sûrement une baisse des investissements dans l’ensemble du secteur. L’efficacité diminuerait, les coûts d’exploitation augmenteraient et les consommateurs seraient confrontés à moins de choix et à des prix plus élevés. Et une taxe sur Loblaw ne nuirait pas seulement aux acheteurs de Loblaw. On peut soutenir que le plus grand avantage que Loblaw offre aux acheteurs d’épicerie n’est pas réellement la nourriture qu’elle leur vend, mais la protection qu’elle offre à tous les consommateurs contre les prix abusifs de la part de Metro and Empire Company (propriétaire de Sobeys, Longo’s, IGA et d’autres magasins). La possibilité de se rendre dans un magasin alternatif est la plus grande protection dont disposent les acheteurs.

En résumé, cette idée de redistribution des entreprises vers les ménages via des impôts spéciaux n’est pas gagnante.

Heureusement, il existe une autre source d’argent et de richesse dans le secteur alimentaire qui peut être redistribuée. Le dernier rapport du gouvernement fédéral comptes publics montrent des dépenses ministérielles nettes totales de plus de 3,6 milliards de dollars pour le ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, qui comprend la Commission canadienne du lait et la Commission canadienne des grains. Et les gouvernements provinciaux sont également présents dans le secteur alimentaire : le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec plus de 1,3 milliard de dollars; Coûts du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario 833 millions de dollars; en Alberta, coûts de l’agriculture et de l’irrigation 685 millions de dollars; et en Colombie-Britannique, les coûts de l’agriculture et de l’alimentation 293 millions de dollars. Et puis il y a encore la Saskatchewan, le Manitoba et les provinces de l’Atlantique à prendre en compte.

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Oubliez les maigres 2,1 milliards de dollars de Loblaw (y compris les pharmacies et les banques, rappelez-vous). Si vous souhaitez une redistribution des revenus et des richesses du secteur alimentaire, les dépenses gouvernementales annuelles dépassent les 7 milliards de dollars rien que pour l’alimentation et l’agriculture. Ramenez-le à zéro, et cela représente plus de 175 $ par Canadien par année, ou 700 $ pour une famille de quatre personnes. Voilà de vraies économies !

Bien entendu, outre les sommes en jeu, nous devons tenir compte des conséquences économiques plus larges de l’abolition de tous les ministères de l’Agriculture et de l’Alimentation, tout comme nous l’avons fait avec la taxe spéciale Loblaw. Mais si l’augmentation des taxes sur les produits alimentaires n’a eu que des conséquences négatives, la suppression des ministères de l’Agriculture n’a eu que des effets économiques positifs.

Je n’ai aucune raison de penser que les 5 677 personnes employé à Agriculture et Agroalimentaire Canada, les 73 de la Commission canadienne du lait et les 453 de la Commission canadienne des grains sont tout sauf des gens très sympathiques et des employés très compétents. Mais cela signifie simplement que tous ces gens causent avec beaucoup de gentillesse et de compétence des problèmes de planification centrale qui faussent le marché alimentaire, créent des inefficacités dans l’industrie alimentaire et imposent des fardeaux administratifs et réglementaires aux Canadiens. Libérer ces six mille personnes pour qu’elles puissent effectuer leur propre travail utile et productif au lieu d’entraver les marchés serait un grand avantage économique pour tous les Canadiens.

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Arrêtons de répéter ces absurdités selon lesquelles on s’en prend aux profits des épiceries. Si nous voulons vraiment faire des économies pour les acheteurs d’épicerie, commençons plutôt à abolir les ministères gouvernementaux.

Poste financier

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