jeudi, décembre 26, 2024

William Watson : Les politiques du « Grand Canada » de Mulroney sont toujours valables pour ce pays

L’ouverture des marchés, la déréglementation, la privatisation et des taux d’imposition faibles sur des bases fiscales larges seraient aussi utiles dans les années 2020 que dans les années 1980.

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Dans ses mémoires de 2007, Brian Mulroney écrit à propos de Maurice Duplessis, premier ministre du Québec dans les années 1940 et 1950, qu’il était : « comme on l’a dit de Lyndon Johnson… un homme « qui pue le jus humain ». » La phrase est celle du journaliste David Halberstam. Mulroney l’a obtenu de la biographie de LBJ rédigée par l’assistant du président, Jack Valenti. Cela ressemble à un commentaire sur l’hygiène des deux dirigeants, mais cela fait référence à leur nature complexe et motivée et à leur profonde compréhension des gens. Je me demande si, en écrivant ce passage, Mulroney pensait que cela pourrait aussi s’appliquer à lui-même.

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J’ai toujours considéré Mulroney comme étant un peu comme LBJ. Un arrière-plan modeste. Ambition compulsive. Dévotion à vie pour la politique. Succès électoral sans précédent, pour Johnson en 1964 et Mulroney en 1984. Auto-évaluation constante face à un brillant prédécesseur, John Kennedy dans le cas de Johnson, Pierre Trudeau dans celui de Mulroney. Une chaleur personnelle et une présence imposantes qui se transmettaient mal à la télévision, donnaient en fait souvent l’impression de manque de sincérité à la télévision. Et bien sûr, une liste importante et impressionnante de réalisations en un temps relativement court : Johnson seulement cinq ans, Mulroney neuf ans.

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Il n’y avait aucun doute sur le fait que Lyndon Johnson était un démocrate du New Deal et que, bien qu’il ait servi l’industrie pétrolière du Texas en tant que membre du Congrès et sénateur, l’avalanche de programmes de la Grande Société sur laquelle lui et sa majorité de plus de deux contre un au Congrès s’est déchaînée. L’Amérique de 1964 à 1968 reflétait sa profonde conviction personnelle selon laquelle le gouvernement américain avait l’obligation morale de mener une guerre contre la pauvreté, comme il l’appelait. Valenti dit que Johnson aurait considéré ses principales réalisations comme étant, d’abord, les droits civiques, puis l’électrification rurale, en particulier dans les collines pauvres en terre du Texas.

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En revanche, même dans ses mémoires, on sent que Brian Mulroney n’est parvenu à des préférences politiques fortes que plus tard dans sa vie. Au début de sa carrière, il était avocat spécialisé en droit du travail, rassemblant les parties en conflit – ce qu’il savait apparemment très bien faire – et concluant des accords, une approche qu’il a essayée sur les questions constitutionnelles en tant que Premier ministre, mais avec moins de succès. La conciliation est une entreprise honorable. Mais votre objectif est un terrain d’entente, pas une terre promise.

Même en ce qui concerne sa réalisation marquante, le libre-échange entre le Canada et les États-Unis, ce n’est pas Mulroney mais John Crosbie de Terre-Neuve qui l’a proposé lors de la course à la direction du Parti progressiste-conservateur de 1983. Mulroney explique dans ses mémoires pourquoi, pour des raisons tactiques, il a dû s’y opposer. Mais son opposition devait-elle être aussi enthousiaste ? « Maintenant, il y a un véritable miel : le libre-échange avec les Américains… (Ils) vont faire tourner les usines en Géorgie, en Caroline du Nord et dans l’Ohio et ils vont les fermer ici. »

Cependant, à peine deux ans plus tard, avec la montée du protectionnisme anti-japonais aux États-Unis et après que la Commission Macdonald lui ait ouvert la voie, il a déclaré à la Chambre des communes qu’il existait désormais « un consensus général selon lequel nous devons chercher à garantir et améliorer nos échanges commerciaux avec les États-Unis. Reculer devant ce défi et cette opportunité serait un acte de timidité indigne du Canada. Oui, la timidité. Trois ans plus tard, il remportait les élections qui concluaient l’accord.

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Terence Corcoran a écrit ici hier sur le choix auquel sont confrontés Pierre Poilievre et le Parti conservateur du XXIe siècle. Une option est la tradition de Mulroney : marchés ouverts, moins de réglementation, propriété privée, faibles taux d’imposition appliqués sur de larges assiettes fiscales et, même s’il a eu moins de succès dans ce dossier, responsabilité financière. Je le considère comme l’ensemble de politiques du Grand Canada, adapté à un pays peu timide et confiant dans sa capacité à rivaliser sur le marché mondial.

À l’opposé, même si Corcoran n’a pas utilisé ce terme, on trouve un ensemble élaboré de politiques du Petit Canada. Nous nous protégeons de la concurrence étrangère. Nous élevons et maintenons des barrières au commerce et à l’investissement. Nous utilisons le système fiscal pour diriger les investissements vers telle industrie, région ou activité, mais pas vers celle-là. Le gouvernement s’implique étroitement dans la direction d’industries individuelles (par exemple les batteries) et même d’entreprises (par exemple Volkswagen, Honda, Northvolt) et développe un fort intérêt direct dans leur succès ou leur échec. Nous descendons dans le marais du capitalisme de copinage, revenant aux pactes familiaux de nos débuts.

Les politiques du Petit Canada sont très populaires en ce moment. Pas plus tard qu’hier, vous avez peut-être vu une publicité pleine page disant à la ministre fédérale des Finances qu’elle doit empêcher les fonds de pension canadiens d’orienter leurs investissements là où ils jugent le mieux pour les personnes dont ils ont la responsabilité fiduciaire. Au lieu de cela, comme la politique fiscale fédérale favorise les pensions, elle devrait se sentir libre de limiter une partie de ces économies à un Canada dont la croissance réelle et attendue est constamment érodée par les politiques de son gouvernement.

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Il serait inconvenant de laisser entendre que Brian Mulroney aurait soutenu telle ou telle vision d’une politique de retraite appropriée en 2024. Mais les politiques du Grand Canada qu’il a poursuivies dans les années 1980 – ouverture, fiscalité plus faible et plus neutre, entreprise privée, responsabilité financière – sont toujours les meilleures. politiques que nous devrions poursuivre aujourd’hui. Non, ils ne fonctionnent pas pour tout le monde. Mais ils travaillent pour le Canada, et la richesse qu’ils génèrent peut aider ceux qui en bénéficient le moins. Quarante ans plus tard, ils serviraient toujours bien le pays. Les conservateurs d’aujourd’hui devraient choisir le grand Canada et non le petit Canada.

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