Une si longue lettre


Avec cette œuvre de fiction, l’écrivaine sénégalaise Mariama Bâ explore les inégalités entre hommes et femmes au Sénégal, dans l’Islam et dans la société africaine. Bâ crée les prémisses d’une lettre fictive de Ramatoulaye, institutrice au Sénégal, à sa bonne amie Aissatou, maintenant en Amérique. Ramatoulaye, veuve récente, est séquestrée en deuil pendant quatre mois et dix jours, comme c’est la coutume lorsque le mari d’une femme décède. Pendant ce temps, elle se souvient de sa vie et de celle d’Aissatou en tant qu’étudiantes, puis s’adapte plus tard à leur rôle d’épouse. Elle examine pensivement la désintégration de leurs deux mariages en utilisant l’introspection et en s’efforçant de regarder en arrière avec sérénité.

Ramatoulaye et Aissatou ont atteint l’âge adulte à une époque où la libération des femmes prenait de l’ampleur à travers le monde. C’était aussi une époque d’indépendance nouvellement acquise au Sénégal et de lutte pour trouver un nouveau modèle sociétal dans un monde moderne. Ramatoulaye a observé : « Ce fut le privilège de notre génération d’être le lien entre deux périodes de notre histoire, l’une de domination, l’autre d’indépendance. »

Les deux amis sont devenus enseignants, contribuant ainsi au nouveau paysage éducatif des filles et des garçons, riches et pauvres. Elles étaient des féministes d’avant-garde et les hommes qu’elles épousèrent avaient des opinions modernes. Mawdo Bâ, prétendant d’Aissatou et médecin attentionné, épousa Aissatou, la fille d’un orfèvre, malgré le noble héritage de Mawdo. Ramatoulaye n’a pas renoncé à sa religion ni à ses coutumes et elle a toujours pratiqué de nombreuses traditions culturelles, mais elle a néanmoins progressé en tant que mère et épouse qui travaille. Son mari Modou Fall souhaitait contribuer à façonner l’avenir du pays et son travail d’avocat représentant les syndicats a eu un impact sur les décisions gouvernementales.

Des problèmes sont arrivés aux mariages consommés plus de vingt ans plus tôt. Premièrement, le mari d’Aïssatou a épousé une seconde épouse mais espérait continuer à vivre principalement avec sa première épouse. Aissatou n’a pas voulu se contenter de cela et a divorcé. Trois ans plus tard, lorsque Modou Fall prend une seconde épouse, il abandonne Ramatoulaye et ses douze enfants. Ramatoulaye a décidé de rester légalement marié, même si Modou n’a plus jamais remis les pieds dans leur maison.

Cinq ans après la trahison de Modou, celui-ci eut une crise cardiaque et son ami Mawdo ne parvint pas à le réanimer. Le deuil et l’enterrement de Modou se sont déroulés selon la tradition, et Ramatoulaye et sa co-épouse ont pleuré ensemble dans une même maison tandis que les gens lui rendaient hommage. Ramatoulaye est ensuite restée confinée à la maison pour le reste de sa période de deuil. C’est à cette époque qu’elle a trouvé un moyen de faire la paix avec le passé et d’embrasser l’avenir.



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