Terence Corcoran : Raisons de craindre le monstre fiscal canadien sur la technologie

La taxe de 3 % sur les services numériques repose sur une fausse logique économique, coûtera cher aux Canadiens et risque de déclencher une guerre commerciale.

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Les mesures prises par le gouvernement du Canada pour extraire de l’argent des Big Tech, les monstres médiatiques maléfiques qui dominent nos vies, sont sur le point de porter leurs fruits – peut-être. Ou bien ils pourraient s’effondrer et brûler dans une guerre commerciale alors qu’Ottawa s’enfonce dans une structure juridique sans précédent qui permettra au gouvernement d’extraire une partie des revenus des entreprises d’une manière qui sonnerait à juste titre l’alarme dans le monde des affaires.

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Travaillant en collaboration avec d’autres pays sur un régime d’imposition des sociétés élaboré par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Ottawa s’apprête à imposer une taxe sur les services numériques (DST) de 3 % à l’industrie technologique. Le directeur parlementaire du budget la semaine dernière émis une estimation selon laquelle la DST générerait des recettes fiscales de 7,2 milliards de dollars sur cinq ans.

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Oh super, pourrait-on dire. En tant que Canadiens, nous pouvons collecter 7,2 milliards de dollars en argent gratuit auprès des géants américains de la technologie.

Pas vrai. Cette taxe comporte de nombreux risques de conséquences imprévues graves, notamment une perte d’avantages pour les consommateurs, des coûts plus élevés et une potentielle guerre commerciale avec les États-Unis. Pour l’instant, les États-Unis déclarent qu’ils ne suivront pas le plan du Canada ou de l’OCDE. Les politiciens américains affirment qu’ils riposteront si le Canada impose une heure d’été en violation des accords commerciaux existants.

C’est une chose que le gouvernement impose les bénéfices des sociétés. Les nouvelles mesures fiscales des libéraux visent à percevoir des impôts sur les revenus des sociétés, même celles qui pourraient perdre de l’argent. Toute cette prémisse repose sur quelques mots simples répétés ad nauseam par des responsables fédéraux et internationaux qui prétendent que les géants de la technologie – Meta, Google, Amazon, Apple, Netflix, etc. – collectent des milliards de dollars de revenus supplémentaires mais « ne paient pas leurs revenus ». « une part équitable » des impôts dans les économies nationales.

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Cette justification standard de l’heure d’été est fausse. L’idée selon laquelle si Ottawa parvient à collecter 7,2 milliards de dollars auprès des grandes technologies est également fausse, tous les Canadiens en bénéficieront. La réalité économique est que tous les Canadiens finiront par payer cette taxe.

L’argument économique en faveur de la DST est que les entreprises technologiques collectent des milliards de revenus et de bénéfices sans payer d’impôt sur les sociétés. L’évasion fiscale se produirait parce que les entreprises technologiques opèrent dans une nouvelle économie numérique au-delà du monde physique autour duquel nos régimes fiscaux sont construits.

Par exemple, lorsqu’un constructeur automobile japonais exporte des voitures au Canada, il doit payer pour transporter les voitures au Canada, construire une infrastructure de distribution et de vente, employer du personnel, fournir des bénéfices aux concessionnaires locaux et exploiter une structure d’entreprise. Tout cela génère une activité économique, des revenus et des impôts au Canada. Les produits numériques – du streaming vidéo aux services de jeux d’argent en passant par les livres électroniques et le contenu d’actualité – nécessitent peu ou pas d’infrastructure comparable. Ils ne peuvent donc être imposés que par le biais des taxes de vente.

Les fiscalistes appellent cela « l’érosion de l’assiette fiscale ». Mais pourquoi les services numériques devraient-ils être taxés comme s’ils fonctionnaient dans un monde physique ? Puisqu’une entreprise technologique diffusant des films au Canada n’impose pas de coûts d’infrastructure, il n’est pas nécessaire de taxer son service comme si elle transportait des camions-remorques remplis de cassettes vidéo et de CD le long des autoroutes jusqu’aux grossistes et aux points de vente au détail, puis jusqu’aux consommateurs. Les Big Tech ont réduit ces coûts au Canada, il n’y a donc rien à taxer.

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Comme indiqué dans les colonnes précédentes, l’argument de la DST ignore les avantages économiques des produits numériques. Les gouvernements locaux et les intérêts commerciaux perdent des sources de revenus parce qu’il y a peu, voire aucun besoin d’infrastructures ou d’efforts supplémentaires au Canada. C’est un avantage économique, pas une perte.

Cette soi-disant « érosion de l’assiette fiscale du Canada », comme revendiqué par la ministre des Finances Chrystia Freeland, est le résultat des gains économiques majeurs découlant des services numériques. La technologie a produit une réduction des coûts qui ne peut plus servir de source de recettes fiscales. Si aucune brique ni mortier n’est nécessaire, alors il n’y a pas de brique ni de mortier à taxer. La réduction des coûts libère de l’argent que les Canadiens peuvent utiliser pour d’autres choses.

La DST est une tentative de continuer à collecter des recettes fiscales sur des structures économiques qui n’existent plus et ne sont plus nécessaires. Les gouvernements tentent de maintenir les impôts en présentant la DST comme un coup dur pour les grandes technologies. Mais ne nous y trompons pas. Tous les Canadiens paieront pour l’heure d’été.

Il y a un vieil adage qui dit que « ce ne sont pas les entreprises qui paient des impôts, ce sont les gens qui le paient ». Il s’ensuit que si Ottawa parvient à extraire 7,2 milliards de dollars de revenus DST des Big Tech, ces dernières récupéreront cet argent en facturant davantage aux entreprises et aux consommateurs canadiens, directement et indirectement. Par exemple, les entreprises canadiennes qui utilisent des services numériques pour faire la publicité de leurs produits verront probablement le prix de cette publicité augmenter pour couvrir le coût de la DST.

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Google, par exemple, déjà prévient annonceurs dans pays qui imposent des taxes numériques selon lesquelles «des frais DST peuvent être facturés en plus de vos frais de publicité chaque fois qu’une annonce est diffusée dans des juridictions spécifiques, quel que soit l’endroit où se trouve réellement votre entreprise». Jusqu’à présent, Facebook a apparemment résisté à la répercussion de la taxe, même si Amazon et Apple l’ont fait. aurait ont augmenté leurs frais pour couvrir les coûts de l’heure d’été.

Qu’elles soient annoncées officiellement ou non, le coût des taxes numériques sur les Big Tech ne sera certainement pas supporté par Google, Meta et les autres acteurs du secteur. Le fardeau retombera tout au long de la chaîne économique sur les annonceurs, les intermédiaires et, en fin de compte, sur les consommateurs. La manne fiscale de 7,2 milliards de dollars que le DPB estime qu’Ottawa pourrait percevoir auprès des entreprises technologiques sera, en dernière analyse, payée par tous les Canadiens.

Les gouvernements pourraient théoriquement tenter d’adopter de nouvelles règles fiscales pour interdire la répercussion de l’impôt sur les sociétés. Une telle interdiction serait impossible à appliquer, mais étant donné la nature de la décision de l’OCDE d’imposer une taxation du numérique, tout semble possible.

La logique tordue de la DST a déjà créé un monstre bureaucratique. Plus tôt en octobre, l’OCDE a publié la dernière version de son projet de régime mondial d’impôt sur les sociétés en matière d’impôt sur les sociétés. Un document de synthèse de 12 pages, illisible, est accompagné d’une « Déclaration explicative » d’une nouvelle convention internationale — longue de seulement 638 pages. Les cabinets juridiques et comptables devront doubler leurs effectifs fiscaux internationaux.

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Les risques de guerre fiscale et commerciale pour le Canada proviennent du fait que l’accord international ne peut être définitivement approuvé sans le soutien des États-Unis. Compte tenu du chaos actuel à Washington, l’approbation des États-Unis n’est attendue qu’après les élections américaines de 2024, en supposant que les démocrates gagnent. En conséquence, l’OCDE a décidé de prolonger la date de mise en œuvre jusqu’à fin 2024.

Ottawa affirme toutefois qu’il ne peut pas attendre. Malgré l’absence de soutien des États-Unis, la ministre des Finances Freeland a maintenu que le Canada imposerait une taxe sur la vie quotidienne même si l’accord de l’OCDE n’était pas approuvé.

Le plan d’heure d’été à toute vapeur d’Ottawa a attiré critique des entreprises canadiennes et américaines Les politiciens – y compris l’administration Biden – qui avertir d’une guerre commerciale et tarifaire.

Goldy Hyder, président du Conseil canadien des affaires, dit Ottawa en juillet, que la décision de Freeland d’avancer sur l’heure d’été est « inopportune » et pourrait déclencher des mouvements électoraux américains contre l’accord commercial canado-américain. « Le gouvernement fédéral doit reconsidérer sa décision d’aller de l’avant avec une DST unilatérale pour éviter de mettre en péril nos intérêts commerciaux. »

Histoires connexes

Dans les semaines à venir, Ottawa présentera son plan de taxe numérique au Parlement. Il sera intéressant de voir si la prochaine mise à jour financière de Freeland ajoutera les 7,2 milliards de dollars de recettes DST dans le cadre d’un effort libéral réussi pour réduire les déficits fédéraux.

En plus d’être injustifiée sur le plan économique, la DST est une taxe sur les grandes technologies qui se répercutera sur la chaîne fiscale et obligera tous les Canadiens à payer pour les déficits fédéraux.

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