Raymond J. de Souza : le Canada efface systématiquement ses héros nationaux

Une nation sans héros devient vite un pays sans histoires, ou sans histoires inspirantes

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Une nation peut-elle exister sans héros ? C’est exactement ce que semble tenter le Canada.

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La Fête du Dominion — son nom propre et original — est devenue une occasion annuelle de cataloguer les dernières bêtises civiques. L’an dernier, c’est La Fourche à Winnipeg qui a imaginé que la « fête du Canada » n’existait plus. Cette année, c’est le conseil municipal de Calgary qui a annulé le feu d’artifice de la ville afin de faire avancer la « réconciliation ». C’était en quelque sorte un pétard mouillé, alors le conseil s’est inversé face à l’indignation du public.

La négligence d’une cérémonie publique appropriée doit être soulignée, et le Canada est devenu très habitué à cela (témoignez les cérémonies de couronnement anémiques à Ottawa). Plus insidieuse encore est la suppression systématique des héros de notre histoire.

Sous le gouvernement fédéral actuel, les cibles ont été des personnalités conservatrices du passé, dont Sir John A. Macdonald, le principal. Mais bientôt la roue tournera et broiera les libéraux aussi – en commençant par Wilfrid Laurier et en terminant, peut-être, avec Jean Chrétien, le dernier des ministres des Affaires indiennes de l’école assimilationniste.

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La semaine dernière, dans ma chronique de la Saint-Jean-Baptiste, je suggérais que le quatercentenaire de la naissance de François-Xavier de Montmorency-Laval de Montigny était une occasion propice pour célébrer un personnage essentiel de l’histoire du Canada. Né en 1623 en France, il fut le premier évêque catholique du Canada et fut essentiel à la fondation de Québec.

En 1980, saint Jean-Paul II déclare Mgr Laval « bienheureux », ainsi que Marie de l’Incarnation, une pionnière québécoise dans l’éducation des filles autochtones et dans l’écriture des langues autochtones. En 2014, le pape François les a canonisés tous les deux.

Saint François Laval a quitté une famille noble et riche en France pour se soumettre aux rigueurs de la vie outre-mer. En plus de prêcher l’évangile de Jésus-Christ dans les quartiers difficiles du début du Québec, son influence a été monumentale pour limiter les excès des autorités coloniales.

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Il a porté un coup précoce à la liberté religieuse et au gouvernement limité – un siècle avant la Révolution américaine – en refusant d’accorder au gouverneur français la préséance lors des cérémonies religieuses. Plus important encore, il combattit férocement les dirigeants coloniaux et commerciaux sur le commerce de l’alcool, lucratif pour les Français mais dévastateur pour la population autochtone, dont il défendit la dignité.

Laval a définitivement façonné l’éthos du début de la colonisation canadienne, créant une présence européenne plus humaine qu’elle ne l’aurait été autrement. A sa mort en 1708, il était déjà reconnu comme une figure historique de premier ordre.

Nous devons connaître nos héros. Et si un consensus a émergé pour annuler – ou du moins suspendre – toute la génération des Pères de la Confédération de la fin du XIXe siècle, alors nous devons proposer d’autres héros. Saint-François Laval en est un, décédé 150 ans avant la Confédération, et donc « non souillé » par les politiques de l’époque.

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Il y a dix jours, la Commission de la capitale nationale a annoncé que la promenade Sir John A. Macdonald sera renommée Kichi Zībī Mīkan. En algonquin, cela signifie «grande route fluviale», qui n’est que son ancien nom – la promenade de la rivière des Outaouais – dans une langue différente. Mais la « rivière des Outaouais » était plus précise, car il y a beaucoup de « grandes rivières ». Mississippi est le mot Ojibway pour « grand fleuve ».

« Great River Road » ne propose rien d’inspirant, mis à part le sentiment chaleureux que certains ressentent à utiliser différentes langues, comme maître d’ ou majordomo quand l’équivalent anglais « master of the house » semble trop direct. Pourquoi ne pas choisir un nom qui pourrait proposer quelque chose digne d’aspiration ?

Prenons un autre exemple. L’Université Queen’s a ouvert une nouvelle résidence étudiante en 2015 et l’a appelée Maison Brant, en l’honneur des diplômés Marlene Brant Castellano et de son frère Clare Clifton Brant. Elle a été une pionnière de l’éducation autochtone et a enseigné à Queen’s. Son frère a été le premier psychiatre autochtone du Canada et a fondé la Native Mental Health Association. Les étudiants qui prennent le temps de se renseigner sur les patrons de leur résidence pourraient bien chercher à les imiter.

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L’année dernière, Queen’s a ouvert une autre résidence et l’appelait Endaayaan–Tkanónsote. Les deux mots signifient « maison » en ojibway et en mohawk. Ainsi, la nouvelle résidence s’appelle « home home ». Cela peut rassurer certains, mais semble peu susceptible d’inspirer, comme pourrait le faire Brant House.

Une nation sans héros devient vite un pays sans histoires, ou sans histoires inspirantes. L’absence d’histoires est l’effacement de l’histoire. Tout comme chaque maison n’est pas un foyer, chaque terre ne peut pas non plus être une nation. Il faut des résidents dévoués pour faire d’une maison un chez-soi; il faut des héros pour faire d’un pays une nation.

Une bonne Fête du Dominion à tous!

Poste nationale

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