Philip Cross: Statcan se concentre sur les arbres d’inflation et passe à côté de la forêt

Les véritables causes de l’inflation sont des déficits publics extrêmement élevés et des taux d’intérêt trop bas

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Statistique Canada a récemment publié trois courts articles qui fournissent un méli-mélo de données et d’analyses sur l’inflation que nous avons connue depuis 2020. Ils prétendent mettre en évidence l’impact sur les prix des importations, les salaires, les marges bénéficiaires et d’autres coûts non liés à la main-d’œuvre. Mais les résultats dépendent d’hypothèses très discutables, sont parfois contradictoires et n’apportent finalement que peu de choses à notre compréhension des origines de l’inflation.

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Commencer avec « Prix ​​des importations et inflation au Canada.« Ce document suggère que les prix à l’importation ont augmenté régulièrement pour contribuer à environ la moitié de l’augmentation des prix du PIB en 2022. Le gouvernement a donc en partie raison : une partie de l’inflation a été importée. Mais toutes les importations ne sont pas égales et leurs prix évoluent à des rythmes différents. Les importations utilisées dans les exportations sont principalement des pièces nécessaires à la fabrication d’automobiles, de machines et d’équipements. Ils sont distincts des importations destinées à la consommation intérieure, qui comprennent un large éventail de biens de consommation, tels que les vêtements et l’électronique. Après 2019, les prix des biens de consommation ont augmenté de 14,4 %. Mais les prix des automobiles n’ont augmenté que de 5,7 % et les prix des équipements électriques ont en fait légèrement baissé. Les pressions inflationnistes du secteur étranger n’ont donc pas eu un impact uniforme.

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L’étude suppose également une répercussion complète des prix à l’importation sur les prix à la production. Mais la capacité des entreprises à répercuter les hausses de prix dépend de l’état de l’économie et de la compétitivité des marchés. Il n’y a pas eu de répercussion de la chute du huard sur la hausse des prix à l’importation au premier semestre de 2020, car la demande s’est effondrée au début de la pandémie. Même en supposant une répercussion complète alors que la reprise était encore fragile en 2021, cela est discutable, mais en 2022, la demande était si robuste que l’une des études complémentaires a révélé que les prix à la production avaient en fait augmenté plus que les prix à l’importation. Avec une répercussion variable de cette manière, il n’est tout simplement pas possible d’avoir une grande confiance quant à l’impact des prix à l’importation sur l’inflation.

L’idée maîtresse de ce document de Statcan est que les prix des importations ont augmenté après 2020 en raison d’une combinaison de dépenses intérieures robustes et d’un taux de change plus faible, comme s’il s’agissait de facteurs internationaux indépendants de la volonté du gouvernement. Mais les politiques gouvernementales ont fortement contribué à la fois à la hausse des dépenses et à la baisse du dollar. Bien que l’invasion de l’Ukraine par la Russie ait fait monter en flèche les prix de l’énergie abattre parce que les investisseurs savaient que l’industrie pétrolière et gazière du Canada ne serait pas autorisée à s’étendre en Europe – ce qui a été confirmé lorsque le premier ministre a personnellement et publiquement rejeté la demande du chancelier allemand Scholz pour plus de gaz naturel.

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La prochaine étape est une étude de « Pressions inflationnistes, salaires et profits.” Il compare les coûts de main-d’œuvre, qui sont principalement des salaires et traitements, au total des «coûts non salariaux» – un méli-mélo de bénéfices, d’intérêts, d’amortissement et d’impôts indirects. Malheureusement, le fait de regrouper tous les coûts non salariaux encourage les lecteurs à interpréter les résultats comme faisant partie du récit simpliste « salaires contre profits » qui domine le débat public. Par conséquent, la conclusion de l’étude selon laquelle les coûts salariaux et non salariaux ont contribué de manière à peu près égale à la hausse des prix du PIB n’est pas très instructive et potentiellement assez trompeuse. En fait, le troisième document de Statcan suggère que les bénéfices n’ont joué qu’un rôle mineur dans les augmentations des coûts non salariaux.

Ce troisième article, « Marges bénéficiaires et inflation : preuves tirées des données au niveau de l’entreprise», examine la majoration des prix par les entreprises par rapport aux coûts en tant que contributeur à l’inflation – en d’autres termes, la « cupidité ». La conclusion de Statcan est que la hausse des marges bénéficiaires ne représente qu’un cinquième de l’augmentation des prix à la consommation pendant la pandémie et n’est donc pas un « principal moteur de l’inflation ». La contribution des marges à l’inflation des prix du PIB était encore plus faible à 13,4 %. Ce résultat suggère que la majeure partie de la contribution démesurée aux coûts non salariaux notée dans la deuxième étude provient des taux d’intérêt et des impôts indirects, qui sont largement contrôlés par les gouvernements.

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Le problème avec ces trois études est que le découpage en tranches de sources particulières d’inflation masque ce qui se passe réellement. L’impulsion sous-jacente à la hausse de l’inflation après 2020 a été l’injection de mesures de relance budgétaires et monétaires massives dans la demande globale, notamment en payant des millions de Canadiens pour qu’ils restent chez eux, tout comme les pannes des chaînes d’approvisionnement ont fortement réduit l’offre globale. Bien qu’une approche mécanique des prix dans des secteurs spécifiques tels que l’alimentation, le logement et le transport soit utile pour l’analyse à court terme, la tendance sous-jacente de l’inflation est déterminée par l’écart entre la production potentielle et la demande globale de celle-ci, comme nous le rappelle à maintes reprises la Banque du Canada. (même si ses actions ne sont pas toujours cohérentes avec le rappel).

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Il n’est guère surprenant que les travailleurs et les entreprises aient profité des pénuries de main-d’œuvre et de produits pour augmenter les salaires et les prix. Mais Statcan contribue peu à la compréhension de l’inflation par le public en encourageant à pointer du doigt si les salaires ou les bénéfices ont augmenté plus que les prix, alors que ce sont les gouvernements qui ont mal géré l’offre et la demande et ont aggravé le déséquilibre entre les deux sur tant de marchés, donnant ainsi aux entreprises et travailleurs pour augmenter les marges et les salaires. Pire encore, Statcan s’expose à des accusations selon lesquelles il aide à absoudre le gouvernement, y compris la Banque du Canada, de sa responsabilité de contrôler l’inflation.

Philip Cross est chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier.

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