Les rayons X révèlent des « premières ébauches » cachées de peintures égyptiennes antiques à la nécropole thébaine

Agrandir / Portrait de Ramsès II dans la tombe de Nakhtamun, chef de l’autel du Ramesseum (peut-être 20e dynastie, vers 1100 avant notre ère).

Des chercheurs ont découvert des preuves de versions antérieures de deux peintures égyptiennes antiques situées dans des chapelles funéraires de la nécropole thébaine, selon un nouvel article publié dans la revue PLoS ONE. Dans l’un, il y a une troisième main fantomatique partiellement cachée sous une couche blanche surimprimée; l’autre a des ajustements à la couronne et à d’autres éléments royaux dans un portrait de Ramsès II. Ces découvertes ont été faites à l’aide d’un appareil d’imagerie portable par macro-fluorescence de rayons X (MA-XRF) qui a permis aux chercheurs d’analyser les peintures sur place, sans qu’il soit nécessaire de prélever des échantillons physiques.

Les rayons X sont un outil bien établi pour aider à analyser et à restaurer des peintures précieuses, car la fréquence plus élevée des rayons signifie qu’ils traversent les peintures sans les endommager. L’imagerie par rayons X peut révéler tout ce qui a été peint sur une toile ou où l’artiste peut avoir modifié sa vision originale. Par exemple, Vermeer Fille lisant une lettre à une fenêtre ouverte a été soumis pour la première fois à une analyse aux rayons X en 1979 et a révélé l’image d’un Cupidon caché sous la peinture. En 2020, une équipe de scientifiques néerlandais et français a utilisé des rayons X à haute énergie pour découvrir la recette secrète de Rembrandt pour son célèbre empâtement technique, que l’on croyait perdue pour l’histoire.

En 2021, les scientifiques ont utilisé l’imagerie par fluorescence macro-X pour cartographier la distribution des éléments dans les pigments de peinture du célèbre portrait de Jean-Louis David du chimiste du XVIIe siècle Antoine Lavoisier et de sa femme Marie-Anne, y compris la peinture utilisée sous le surface – pour créer des cartes élémentaires détaillées pour une étude plus approfondie. Plus tôt cette année, les scientifiques ont utilisé la cartographie par diffraction des rayons X sur poudre et l’analyse par micro-rayons X synchrotron pour étudier le chef-d’œuvre de 1642 de Rembrandt van Rijn La ronde de nuitet a trouvé de rares traces d’un composé appelé formiate de plomb.

En 2022, des scientifiques néerlandais et belges ont utilisé des techniques d’imagerie par rayons X pour examiner la distribution élémentaire des différents pigments dans une rose jaune en bonne place dans l’œuvre du peintre du XVIIe siècle Abraham Mignon. Nature morte aux fleurs et à la montre pour comprendre pourquoi il était devenu aplati et monochrome, en particulier par rapport aux autres fleurs présentées dans le tableau.

Philippe Walter et Catherine Defeyt prenant des mesures dans la Vallée Noble à Louxor (Égypte) à l'aide de la machine de cartographie portable XRF.
Agrandir / Philippe Walter et Catherine Defeyt prenant des mesures dans la Vallée Noble à Louxor (Égypte) à l’aide de la machine de cartographie portable XRF.

Cette même année, des défenseurs de l’environnement procédaient à une analyse aux rayons X de l’œuvre de Vincent van Gogh. Tête de paysanne et découvre un autoportrait caché au dos de la toile. Ce n’était pas non plus la première fois qu’un tableau de Van Gogh était soumis à une analyse aux rayons X. En 2008, des scientifiques européens ont utilisé le rayonnement synchrotron pour reconstituer le portrait caché d’une paysanne peint par Van Gogh.

L’imagerie MA-XRF en particulier a déjà été utilisée (en combinaison avec l’imagerie hyperspectrale) pour étudier un portrait funéraire peint gréco-romain du IIe siècle de notre ère, ainsi que pour déterminer les restes de couleur sur le marbre à Delphes en Grèce. Désormais, le dispositif d’imagerie portable MA-XRF développé pour l’une des études Delphi est appliqué à l’étude des peintures égyptiennes anciennes, dans le cadre d’un projet plus large d’enquête sur les chapelles funéraires de la nécropole thébaine. De nombreuses tombes de hauts fonctionnaires comportaient des chapelles dont les murs étaient décorés de peintures murales peintes représentant le défunt dans la vie ainsi que son avenir dans le monde souterrain.

On sait que les anciens Égyptiens avaient un style de peinture très formalisé (et facilement reconnaissable), et il y a eu un intérêt considérable à mieux comprendre les pigments spécifiques et les techniques de peinture utilisées pour créer les peintures murales des tombes. Les érudits ont généralement supposé que le processus commençait par l’esquisse d’un contour préliminaire à l’ocre rouge sur un mur plâtré lisse, suivi de l’application d’un fond blanc ou coloré. D’autres couleurs ont ensuite été appliquées en couches à l’aide de divers mélanges de pigments, et le contour final a été dessiné principalement à l’ocre rouge. Tout débordement de peinture a été recouvert de blanc opaque.

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