Le blues de Sonny


Le narrateur apprend l’arrestation de son jeune frère grâce à un article de journal. Il regarde l’actualité à longueur de journée, alors qu’il enseigne l’algèbre dans un lycée de Harlem. Il se demande si les garçons de sa classe s’enflamment aussi. Le narrateur se souvient de son jeune frère, Sonny, lorsqu’il était au lycée, avec un visage brillant et ouvert et des yeux marron merveilleusement directs.

Après l’école, le narrateur s’entretient avec l’ami de Sonny. L’ami se demande s’il est en partie responsable de la dépendance de Sonny, puisqu’il a dit un jour à Sonny que consommer de l’héroïne lui faisait du bien. Le narrateur et l’ami de Sonny discutent de la probabilité que Sonny soit envoyé quelque part pour être guéri. L’ami de Sonny imagine que le problème recommencera après avoir laissé Sonny sortir.

Le narrateur ne contacte Sonny en cure de désintoxication qu’après la mort de sa propre fille, Gracie. La lettre de réponse de Sonny donne au narrateur le sentiment d’être un salaud. Sonny s’excuse d’avoir déçu les gens qui croyaient en lui et exprime son besoin de sortir. Il espère que son frère le retrouvera à New York lorsqu’il sera libéré. Après cela, les frères restent en contact et se rencontrent lorsque Sonny est libéré.

La différence d’âge de sept ans entre le narrateur et Sonny les a toujours empêchés d’être proches. Les deux ont grandi à Harlem. Les maisons dans lesquelles ils ont grandi ont disparu depuis longtemps, remplacées par davantage de projets de logements. James Baldwin décrit la situation désespérée à laquelle sont confrontés les garçons de Harlem : quittant leurs maisons étouffantes pour la rue, à la recherche de lumière et d’air, mais se retrouvant encerclés par le désastre. Certains s’échappent, mais ils laissent derrière eux une partie d’eux-mêmes.

Le narrateur et sa femme, Isabel, vivent à Harlem par choix. Isabel fait en sorte que Sonny se sente le bienvenu et à l’aise dans leur maison, tandis que le narrateur ne peut s’empêcher d’étudier Sonny à la recherche de signes de dépendance.

Le narrateur se souvient que son propre père avait dit un jour qu’aucun endroit n’était sûr pour les enfants. Papa décède quand Sonny a quinze ans, et à ce moment-là, maman demande au narrateur de protéger Sonny. Elle explique que leur papa avait autrefois un frère, mais que lui et sa guitare ont été renversés par un groupe d’hommes blancs ivres. Papa a été témoin de la mort de son frère. Seule maman a vu ses larmes, et elle a décidé qu’ils devraient garder l’histoire secrète pour leurs fils. Le narrateur promet de veiller sur Sonny, bouleversé par les paroles et les larmes de maman. Cependant, à l’époque, le narrateur est dans l’armée et sur le point de se marier, et sa promesse est vite oubliée.

Quand maman meurt, le narrateur rentre à la maison en congé et se souvient de sa promesse. Essayant d’agir comme une figure paternelle, il interroge Sonny sur ses projets pour l’avenir. Au grand désarroi du narrateur, Sonny veut devenir musicien de jazz. Tandis que le narrateur pense au jazz old-school, à la manière de Louis Armstrong, Sonny se moque de ces « conneries d’antan » (p. 12). Sonny veut jouer du jazz d’improvisation, connu sous le nom de bebop, popularisé par Charlie Parker. La différence dans les goûts musicaux des frères est un exemple de leur fossé générationnel. Le narrateur espère que le désir de Sonny de devenir musicien ne sera qu’une phase passagère, et il prend des dispositions pour que Sonny vive avec les parents de sa femme et aille à l’école. Sonny veut juste quitter Harlem.

Sonny pratique le jazz pendant chaque minute libre pendant qu’il vit avec les parents d’Isabel. Il joue sans cesse les mêmes passages sur son tourne-disque et sur son piano, et la famille tolère du mieux qu’elle peut cette musique étrange et non-stop, jusqu’au jour où elle apprend que Sonny n’est pas allé à l’école. Au cours de la dispute qui s’ensuit, Sonny se rend compte que sa précieuse musique a été une torture pour tout son entourage et quelques jours plus tard, il s’enfuit en Grèce. Le temps passe, Sonny devient un homme et les deux frères se battent dès qu’ils entrent en contact.

Le narrateur avance à nouveau dans le temps jusqu’au moment où sa fille Gracie meurt, des mois après avoir appris l’arrestation de Sonny. Gracie meurt de la polio à l’âge de deux ans. Elle souffrait beaucoup, elle criait et elle était incapable de marcher. Isabel continue de faire des cauchemars à propos de sa petite fille. Les problèmes du narrateur donnent l’impression que les problèmes de Sonny sont réels, et c’est ce qui l’inspire à écrire à Sonny en cure de désintoxication.

Sonny vit avec le narrateur et Isabel après sa libération. Le narrateur est tenté de fouiller la chambre de Sonny à la recherche de preuves de consommation de drogue, mais il est distrait par une réunion de réveil devant sa fenêtre. La musique semble empoisonner ceux qui l’écoutent. Sonny est là aussi, et lorsqu’il traverse la rue, le narrateur remarque sa marche lente et sautillante, comme un hipster de Harlem, rendue unique par son propre demi-temps spécial.

Sonny invite son frère à l’entendre jouer dans une discothèque ce soir-là à Greenwich Village. Ils discutent ouvertement de la dépendance de Sonny pour la première fois. Sonny explique que l’héroïne peut donner à une personne un sentiment de contrôle et que si un musicien pense avoir besoin de ce sentiment, alors il en a besoin. Sonny pense qu’il est injuste que la bonne musique, comme la vie, semble exiger de grandes souffrances. Il pense que les gens pourraient tout aussi bien faire quelque chose de mal, pour créer une raison pour leur souffrance. Sonny admet qu’il a fait de mauvaises choses dans le passé, créant des raisons pour sa souffrance, principalement pour pouvoir obtenir sa prochaine solution. Sonny confie qu’il voulait quitter Harlem après la mort de maman, principalement pour échapper à la drogue. Il reconnaît qu’il pourrait recommencer à tout moment et le narrateur dit comprendre.

Ce soir-là à la discothèque, le narrateur se rend compte que Sonny est aimé et respecté dans son monde. Un musicien nommé Créole et deux autres forment un quatuor avec Sonny. Ce sera sa première représentation depuis son arrestation il y a plus d’un an. Au début, Sonny ne trouve pas sa place dans la conversation musicale du quatuor, même si les trois autres tentent de l’aider. Finalement, grâce à la patience et à la compréhension de Creole, Sonny semble trouver un piano flambant neuf sous ses doigts. Sa voix musicale émerge.

À travers la musique de Sonny, le narrateur éprouve la douleur et la passion que Sonny ne pouvait pas exprimer avec des mots. Le narrateur ressent la douleur de son propre passé en écoutant. Il comprend non seulement la beauté du jazz, mais aussi la beauté intérieure de son jeune frère, Sonny.



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