Des mollusques intelligents – oui, des mollusques intelligents – pourraient surveiller la pollution de nos cours d’eau 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7

Si les palourdes pouvaient parler, que diraient-elles ? Nous nous posons sûrement tous cette question chaque jour. Mais une startup française va plus loin en permettant aux bivalves comme les palourdes, les moules et les huîtres d’agir comme inspecteurs entièrement naturels de la qualité de l’eau. MolluSCAN a présenté sa technologie cette année au CES 2024 à Las Vegas.

L’entreprise a débuté comme un projet de recherche il y a une quinzaine d’années à l’Université de Bordeaux. Le PDG et cofondateur Ludovic Quinault et son équipe se penchaient sur la surveillance de la santé des bivalves, une catégorie d’animaux marins que l’on retrouve partout dans le monde, aussi bien en eau douce que salée. En tant qu’organismes filtreurs essentiellement stationnaires, ils sont tout à fait en phase avec leur environnement et leurs habitudes sont affectées par des facteurs tels que la température, la pollution, etc.

Quinault a découvert qu’un capteur simple et non invasif fixé à la coquille de la palourde ou de l’huître peut tout surveiller, depuis l’alimentation jusqu’à la reproduction et les réponses au stress, comme une fermeture soudaine ou une ouverture impossible à l’heure normale. Ceux-ci sont à leur tour d’excellents indicateurs des différentes qualités de l’eau et peuvent servir de système d’alerte précoce pour des problèmes tels que les substances toxiques. Le mollusque ne sait pas s’il se ferme à cause de résidus de pétrole brut ou d’une prolifération d’algues, mais il a l’intuition que l’eau est dangereuse pour la vie et se tait. En fait, Ludovic a découvert qu’ils sont extrêmement sensibles aux petits changements que l’analyse chimique ne peut même pas détecter de manière fiable.

C’est un signal parmi tant d’autres que l’on peut détecter en surveillant les bivalves, et après plus d’une décennie de recherche, Quinault et son équipe visent à commercialiser la technologie, formant ainsi molluSCAN en mars 2023.

La qualité de l’eau est bien sûr très importante pour les gouvernements, les gardes du parc et de nombreuses industries, mais le processus d’échantillonnage et de test est rarement pratique. Il n’est généralement pas pratique de placer des appareils de test à plusieurs endroits dans un plan d’eau, c’est pourquoi les gens doivent généralement sortir et collecter des échantillons, puis les amener à un endroit central pour les analyser.

Crédits images : molluSCAN

Le système molluSCAN-eye ne remplacera pas la surveillance traditionnelle de l’eau, mais en tant qu’élément vivant de l’écosystème aquatique, sa santé et celle de son environnement sont étroitement liées. Ainsi, les huîtres se portent bien dans un bras de rivière mais pas dans un autre, ou les moules se referment soudainement à certains endroits après un déversement – ​​ces deux signaux sont complémentaires aux tests ordinaires et pourraient également aider à diriger les ressources vers des endroits où elles sont particulièrement nécessaires. Le système qui surveille les groupes d’animaux est totalement autonome et peut fonctionner sans aucun entretien pendant plus de trois ans, a-t-il expliqué.

Depuis ses débuts au printemps dernier, molluSCAN a décroché deux clients réguliers et en a trois autres en pourparlers, bien qu’ils disposent également de plus d’une douzaine d’installations à vocation scientifique en Europe. Quinault espère que les municipalités et les autorités chargées des ressources naturelles investiront dans cette technologie, qui constitue un moyen totalement naturel, inoffensif et sans contact de surveiller leurs cours d’eau.

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