D’éminents Québécois « alarmés » par la décision du CRTC qui critiquait le segment de Radio-Canada avec « n mot »

« À notre avis, c’est une position indéfendable, contraire à l’idée même de la liberté d’expression »

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OTTAWA — Une foule de politiciens, d’anciens et d’actuels employés de Radio-Canada et de défenseurs du journalisme demandent au radiodiffuseur public de riposter contre une nouvelle décision du CRTC critiquant un segment de radio qui a présenté le « mot n » à quatre reprises.

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Dans une émission de radio le 17 août 2020, le commentateur de Radio-Canada Simon Jodoin et l’animatrice Annie Desrochers ont parlé d’une nouvelle pétition réclamant le congédiement d’un professeur de l’Université Concordia qui a créé un malaise en classe en récitant le titre d’un discours politique bien connu. livre de l’auteur québécois Pierre Vallières, « N—–s blancs d’Amérique ».

Le livre, un traité politique influent publié en 1968, comparait le sort des Québécois français, qu’il qualifiait d’« esclaves » de l’élite anglo-saxonne dominante, à celui des Afro-Américains qui, selon lui, étaient toujours considérés comme des esclaves aux États-Unis. .

Au cours du segment, ils ont fait référence au titre du livre – y compris le « mot n » – quatre fois. Dans une décision publiée la semaine dernière, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) demande maintenant à Radio-Canada, la branche française de Radio-Canada, de s’excuser.

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La situation n’est pas sans rappeler la polémique entourant l’ancienne animatrice vedette de CBC Wendy Mesley, qui a été démis de ses fonctions d’animatrice de The Weekly en 2020 après avoir répété le même titre de livre lors de réunions de travail.

Mais dans ce cas, une foule d’actuels et anciens journalistes influents de Radio-Canada, d’animateurs vedettes et même d’ombudsmans se défendent, se disant « alarmés » par la décision du CRTC, qu’ils considèrent comme une attaque contre le journalisme et la liberté d’expression.

Jeudi, le CRTC a publié une décision (qui contient le nom complet du livre) exigeant que Radio-Canada publie des excuses publiques à un plaignant, travailleur social et artiste Ricardo Lamour, qui s’est offusqué de l’utilisation répétée du mot « n ».

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Une majorité de commissaires du CRTC se sont dits « insatisfaits » de la façon dont le sujet a été traité lors du segment radio, que Radio-Canada n’a pas pris suffisamment de mesures pour « atténuer l’impact du mot » (notamment ne pas le répéter ou partager un avertissement au début de la conversation), et que le diffuseur n’a pas suffisamment tenu compte du contexte social de l’époque.

Lamour, un Montréalais noir, a déclaré lundi qu’il appréciait la décision du CRTC, mais qu’il avait depuis reçu personnellement un «coup de poing violent». Au cours de l’entretien, il a reçu un e-mail le qualifiant de « plaignant éveillé » dont les gens en ont « très marre ».

Mais la première dissidence est venue du CRTC, avec deux commissaires, Caroline J. Simard et Joanne T. Levy, publiant leurs propres opinions dissidentes en désaccord avec la majorité.

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Simard a notamment reproché à ses collègues de ne pas avoir noté les différences culturelles entre le seul « mot n » en français et ses diverses versions, significations et histoires en anglais.

« La décision majoritaire part du principe que l’usage du mot ‘nègre’ (le « mot ‘n’ »), tel qu’il est utilisé dans ce titre de livre, a évolué dans le monde francophone de telle manière qu’il mérite le même traitement que le ‘N-word’ reçoit dans le reste du pays dans la langue anglaise », a écrit Simard. « La décision de la majorité a franchi une étape que je ne peux pas franchir. »

Au cours de la fin de semaine et lundi, un nombre croissant de médias et de voix politiques québécois ont exprimé leur opposition à la décision.

Dans un lettre ouverte publiée dimancheprès d’une dizaine d’anciens dirigeants ou ombudsmans de Radio-Canada ont demandé au diffuseur public d’en appeler de la décision du CRTC.

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« Que Radio-Canada aurait donc l’obligation de diffuser un contenu conforme à l’opinion majoritaire et dominante ? À notre avis, c’est une position indéfendable, contraire à l’idée même de la liberté d’expression », lit-on dans la lettre signée par des personnalités comme la sénatrice et ancienne ombudsman Julie Miville-Dechêne et Bernard Derome, ancien animateur vedette de l’émission phare du télédiffuseur. .

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec, la plus grande association de journalistes de la province, a également publié un homme d’étatt qualifiant la décision de «précédent dangereux».

Puis, lundi, un groupe de plus de 50 « têtes d’affiche » actuelles de Radio-Canada a publié sa propre lettre exigeant que Radio-Canada « désavoue » la décision « préoccupante » et « la conteste vigoureusement ».

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« Il remet en cause, d’une part, les principes de liberté et d’indépendance qu’exige notre profession et, d’autre part, ouvre la porte aux dangers de la censure et de l’autocensure », lit-on dans la lettre.

Sur Twitter, la ministre de la Culture du Québec, Nathalie Roy, a exprimé son soutien à la lettre et son opposition à la décision, et son message a même été repris par le premier ministre François Legault.

En entrevue, l’animateur de radio et l’un des instigateurs de la lettre, Alain Gravel, s’est dit très conscient de la lourde signification que porte le mot « n », mais que la décision du CRTC est « dangereuse » car elle crée une jurisprudence pour l’avenir.

« Je crains que le CRTC ne devienne la police de la censure », a-t-il dit, ajoutant que lui et de nombreux collègues ne comprenaient pas pourquoi Mesley avait été démis de ses fonctions il y a des années pour avoir cité le titre du livre au travail.

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Au cours de l’entrevue, Lamour a qualifié les opposants à la décision d’« élites », de « riches » et de « hack jobs » qui détiennent tout le pouvoir et se battent pour maintenir le statu quo, au détriment des Québécois racialisés.

«Si une personne noire dit que l’utilisation d’un terme qui a été historiquement utilisé pour déshumaniser sa famille, ses ancêtres, son peuple; si une personne noire leur tient tête et dit: «J’ai un problème avec ça», ils ne l’écoutent même pas et ne le contextualisent pas, ils sont juste comme, «vous attaquez notre liberté d’expression», il a dit.

Dans un communiqué, la porte-parole de Radio-Canada, Julie Racine, a déclaré que la décision et les opinions dissidentes « illustrent bien la complexité de la question » et que le diffuseur reconnaît que l’utilisation du « mot n » est « offensant », donc il limite son utilisation sur air.

Elle a également déclaré que le diffuseur étudiait toujours la décision du CRTC et comment il réagirait.

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