Ja forme expérimentale de l’exploration audacieuse d’Olivia Wenzel sur l’identité noire en Allemagne peut éloigner certains lecteurs. Elle s’ouvre sur une image surréaliste : « Mon cœur est une machine à grignoter en étain. Le narrateur anonyme passe ensuite à une série de questions et de réponses. Ses sentiments d’aliénation s’installent rapidement. Dans un théâtre avec son amie-amante, Kim, elles découvrent qu’elles sont les seules personnes non blanches dans une salle de mille. Elle n’aime pas être soumise au regard blanc et aspire à être invisible. Petite, elle voulait une crème pour éclaircir sa peau. La nuit, elle rêve qu’elle est blanche.
Tout au long, la narratrice communie avec elle-même, bien qu’il y ait plusieurs voix concurrentes. Ils sont tour à tour sympathiques, serviables, insistants, interrogateurs. Cet appareil imaginatif permet à Wenzel de faire des allers-retours entre les souvenirs, le temps et le lieu de son protagoniste, au fur et à mesure qu’une histoire passionnante se déroule. Nous découvrons que sa mère blanche était une punk dans l’ex-Allemagne de l’Est. Après le retour de son père angolais, sa mère enceinte avait espéré le suivre, mais son permis d’émigration a été brutalement révoqué.
Lorsque la narratrice a 19 ans, son frère jumeau se suicide. Le flux de conscience qu’elle utilise pour décrire sa mort est déchirant. Maintenant dans la trentaine, le traumatisme continue de la hanter. Elle a du mal à dormir et demande l’aide de divers thérapeutes pour une anxiété qui ressemble à « un cas d’urgence permanent ».
Elle se rend à New York en 2016 lors de l’élection présidentielle. L’interrogatoire des fonctionnaires à l’aéroport se mêle habilement à son incessante remise en question d’elle-même. Aux États-Unis, elle trouve du réconfort au sein de la communauté noire, bien qu’elle reconnaisse que leur proximité est née de la nécessité après l’esclavage.
Wenzel est mieux connu comme dramaturge, et 1000 bobines de peur, son premier roman époustouflant, est superbement traduit par Priscilla Layne. C’est une puissante évocation d’une vie marquée par le racisme ; à un pas de la « haine à laquelle les réfugiés sont confrontés en permanence ». Il y a beaucoup à admirer dans son incisivité, son originalité et sa compassion.