Une vie de remplacement


Slava Gelman, une jeune immigrante russe, se débat avec la technicité du bien et du mal dans le roman « Une vie de remplacement » de Boris Fishman. Slava est devenu accro après avoir écrit une lettre fictive à la Conférence sur les réclamations matérielles contre l’Allemagne demandant la restitution de son grand-père. Lorsque les lettres de Slava éveillent les soupçons, il arrive à la conclusion qu’il n’y a parfois aucun moyen d’être à la fois honnête et juste.

Slava a accepté d’écrire une lettre à son grand-père peu après la mort de sa grand-mère. Sa grand-mère, qui avait vécu dans le ghetto de Minsk pendant la Seconde Guerre mondiale et dont les parents avaient été tués dans ce ghetto, avait reçu une lettre l’informant qu’elle pourrait avoir droit à une restitution quelques jours seulement avant sa mort. Le grand-père de Slava a souligné qu’elle avait vécu 60 ans depuis son séjour dans le ghetto sans que personne n’essaye de lui obtenir la restitution qu’elle méritait. Croyant que le gouvernement allemand avait intentionnellement retardé la lettre, le grand-père de Slava a suggéré qu’il pourrait obtenir ce qui était dû à sa femme en prétendant que lui aussi avait été détenu dans le ghetto. Au début, Slava n’acceptait pas son grand-père parce qu’il ne voulait pas mentir au gouvernement allemand et avait peur d’avoir des ennuis.

Slava a cependant changé d’avis lorsqu’il a pensé qu’il pourrait mieux connaître sa grand-mère en essayant d’écrire son histoire, même s’il s’agissait d’une fausse histoire de la part de son grand-père. Slava avait déjà essayé de convaincre sa grand-mère de lui raconter son séjour dans le ghetto, mais il avait changé de sujet lorsqu’il avait vu à quel point c’était difficile pour elle. Avec chacune des lettres écrites par Slava, il essayait d’entrer en contact avec sa grand-mère et de comprendre ce qu’elle avait vécu.

Même si Slava s’était autrefois éloigné de Brooklyn, où vivaient les autres immigrants, il commençait à se sentir attiré par les gens qui lui racontaient leurs histoires. Il était particulièrement proche d’un homme nommé Israel Abramson. Israël était très pauvre et très seul. Sa femme était décédée et son fils avait quitté l’Amérique lorsqu’il avait rejoint une secte de juifs orthodoxes. Il se rendait de plus en plus compte à quel point le peuple juif, contraint de quitter son pays d’origine, avait désespérément besoin d’aide.

Lorsque Slava fut appelé pour parler à Otto Barber, un homme qui travaillait à la Conférence sur les réclamations matérielles contre l’Allemagne, il dut prendre une décision sur ce qu’il allait faire. Otto soupçonnait Slava d’avoir falsifié de nombreuses lettres qui avaient été transformées en conférence. Il a dit à Slava qu’il pouvait soit lui donner les noms des personnes qui avaient menti sur leur situation pendant la Seconde Guerre mondiale et sauver celles qui avaient réellement droit à la restitution, soit se taire et risquer d’empêcher toutes les personnes d’obtenir une restitution. Slava a mis Otto au défi de faire le bon choix et de payer tout le monde. Il pensait alors que tous les Juifs avaient terriblement souffert pendant la Seconde Guerre mondiale, même s’ils n’avaient pas été enfermés dans un ghetto ou un camp de concentration. Otto a refusé de le faire parce qu’il ne pensait pas que ce serait moralement juste. Otto n’a pas non plus vu son offre de dissimuler l’éventuelle transgression de Slava comme un acte de fraude de sa part, même si Slava a fait remarquer à l’homme que c’était ce qu’il proposait. En fin de compte, Slava a dit à Otto que la lettre de son propre grand-père était la seule dont il savait avec certitude qu’elle était fictive.



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