Travis Toews : Le retour à la prospérité du Canada commence par les urnes. Les dépenses publiques doivent être maîtrisées

Les gouvernements doivent fixer des orientations budgétaires et s’y tenir. Ils doivent également simplifier la fiscalité et la réglementation et cesser de saboter la croissance.

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Le budget fédéral du mois dernier a été qualifié de « pire… depuis des décennies ». Il est difficile d’être en désaccord. Les dépenses sont clairement hors de contrôle, le coût du service de la dette du Canada monte en flèche et l’équilibre budgétaire n’est même pas à l’horizon. Dans ce cas, le gouvernement fédéral n’est pas seul. À tous les niveaux de gouvernement, à quelques exceptions près, la santé financière du Canada est dans une spirale mortelle. À moins qu’une nouvelle direction ne soit adoptée, les préjudices causés aux Canadiens dureront pendant des générations.

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Au cours des neuf dernières années, la dette nette du gouvernement fédéral a grimpé en flèche. En 2015, c’était 612 milliards de dollars. Cette année, le budget prévoit que ce montant s’élèvera à 1,4 billion de dollars. Parmi les grandes provinces, seule l’Alberta prévoit un excédent pour l’année à venir. L’Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique s’attendent à des déficits totalisant 26 milliards de dollars.

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Notre trajectoire actuelle d’endettement inquiétante nous rend redevables envers les créanciers étrangers, mine notre notation de crédit et notre climat d’investissement et empêche les gouvernements de réagir efficacement aux futurs chocs économiques. En 2024, les coûts du service de la dette d’Ottawa devraient dépasser 54 milliards de dollars, soit plus que le transfert fédéral en matière de santé. Chaque dollar d’intérêt sur la dette que nous payons représente un dollar de moins soit dépensé pour les services essentiels – soins de santé, éducation, défense – ou laissé dans les poches des travailleurs canadiens aux prises avec l’inflation. Entre les deux niveaux de gouvernement, nous paierons 82 milliards de dollars cette année, non pas en remboursement de la dette, mais uniquement en intérêts sur la dette. Les coûts combinés du service de notre dette représentent plus de trois fois le budget total de la défense. Cela rend tous les Canadiens plus pauvres.

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Ce qui peut être fait? Nous devons exiger une gestion budgétaire plus responsable de la part de ceux que nous élisons. Les gouvernements peuvent prendre quatre mesures essentielles.

Premièrement, les deux niveaux de gouvernement doivent établir des points d’ancrage (ou balises) budgétaires transparents, défendables et bien compris et s’engager à les respecter. L’année dernière, la dette du gouvernement fédéral a en fait augmenté en proportion du PIB. À 42,1 pour cent, il est désormais bien supérieur aux 31,2 pour cent d’avant la pandémie. Même avec les projections optimistes du budget 2024, il devrait être supérieur de six points en 2030 à ce qu’il était en 2019. La Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec prévoient tous des ratios dette/PIB considérablement plus élevés, compris entre 13 et 39 pour cent. Parmi les grandes provinces, seule l’Alberta affiche une baisse du taux d’endettement. On s’attend à ce qu’il soit inférieur à neuf pour cent d’ici la fin de l’année. Fixer un plafond pour le ratio dette/PIB et le réduire au fil du temps permettra de maintenir le service de la dette à un niveau gérable et d’atteindre l’équilibre budgétaire.

Deuxièmement, les dépenses publiques doivent être maîtrisées. Depuis 2015, les dépenses fédérales ont augmenté de près de 80 pour cent et elles devraient encore augmenter de 10 pour cent au cours des deux prochaines années. C’est bien supérieur à la croissance démographique et à l’inflation. Depuis 2015, la fonction publique fédérale est passée de 257 000 à 336 000 employés, soit une augmentation de 30 pour cent par rapport à une croissance démographique de moins de neuf pour cent. Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre un gouvernement de cette taille.

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La plupart des provinces sont tombées dans le même piège en matière de dépenses. En Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique, les dépenses ont augmenté de 70 pour cent depuis 2015. L’incendie des poubelles fiscales de la Colombie-Britannique est alimenté par une augmentation de 90 pour cent sur neuf ans. Une croissance gouvernementale excessive ajoute à l’inflation et freine les investissements du secteur privé. Les dépenses publiques doivent être contenues, idéalement aux niveaux par habitant de 2015, ce qui porterait les dépenses fédérales à environ 13 pour cent du PIB. Après cela, il ne devrait croître qu’avec la population et l’inflation.

Troisièmement, en plus de réduire les dépenses, nous devons absolument leur donner la priorité. Les événements en Ukraine et au Moyen-Orient nous rappellent que le monde est devenu plus dangereux. Pendant que d’autres pays renforcent leur armée, nous empruntons pour financer de nouveaux programmes sociaux que nous ne pouvons pas nous permettre et négligeons nos obligations militaires essentielles.

Quatrièmement, pour préserver le niveau de vie de la prochaine génération de Canadiens, nous devons améliorer la compétitivité de nos entreprises. L’investissement des entreprises stagne depuis 2015 et la productivité continue de baisser par rapport à celle des États-Unis. Nous sommes devenus connus comme une nation où les grands projets ne peuvent pas être réalisés. Nous gaspillons bon nombre de nos avantages compétitifs naturels en limitant nous-mêmes notre croissance économique, notre capacité fiscale et les recettes publiques correspondantes. Ottawa et les provinces doivent déployer tous les efforts possibles pour améliorer le climat des affaires. Nous devons moderniser notre réglementation pour qu’elle soit favorable et prévisible. Au lieu de hausses d’impôts et de crédits spéciaux, nous devons remanier notre structure fiscale, en élargissant l’assiette et en abaissant les taux. Et nous devons donner la priorité aux investissements dans les infrastructures qui amélioreront notre productivité et notre compétitivité.

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Dans un récent sondage Nanos pour Bloomberg, la majorité des Canadiens interrogés voulaient voir inférieur dépenses dans le budget 2024. Ce qu’ils ont obtenu, ce sont des dépenses plus élevées. L’ancien ministre libéral des Finances, Bill Morneau, a qualifié le budget de menace à l’investissement et à la croissance économique. Les responsables de la Banque du Canada mettent en garde contre le ralentissement de la croissance de la productivité au Canada. Le temps est révolu où le Canada pouvait se permettre des politiciens concentrés sur des promesses coûteuses à court terme, populaires auprès des électeurs mais nuisibles à la nation. Les Canadiens doivent adopter une vision à long terme et exiger une meilleure gestion financière de la part de leurs gouvernements. Les générations futures dépendent de nous.

Travis Toews, chercheur principal à l’Institut CD Howe, a été ministre des Finances et président du Conseil du Trésor en Alberta.

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