Souviens-toi


Lorsque le sonnet « Remember » est apparu pour la première fois dans « Marché des gobelins » et autres poèmes en 1862, il fut accueilli à la fois chaleureusement et tristement par les lecteurs. Un mélange de bonheur et de dépression a tendance à se retrouver dans de nombreux poèmes de Christina Rossetti, et celui-ci, qui commence par « Souviens-toi de moi quand je serai parti », implique immédiatement une demande aimante, mais triste. La façon dont Rossetti résout le conflit qu’elle présente dans le poème reflète la façon dont elle a géré des dilemmes similaires dans sa propre vie – émotionnellement et philosophiquement, laissant toujours ses ferventes croyances chrétiennes être le facteur décisif.

Qu’il s’agisse de sa lutte contre des maladies débilitantes ou de son désir de rencontrer son créateur, Rossetti semble avoir été obsédée par sa propre mort imminente. « Remember » associe cette pensée persistante à une histoire d’amour maladroite, dans laquelle l’oratrice, vraisemblablement la poète elle-même, avoue qu’elle n’est peut-être pas aussi passionnément amoureuse de son prétendant que lui d’elle. Mais comme elle croit qu’elle va mourir de toute façon, son ambivalence à son égard n’est pas le problème le plus important. Au lieu de cela, la préoccupation dominante est de savoir comment il se souviendra d’elle après son départ. Pensera-t-il à elle et se souviendra-t-il de la douleur de ne pas savoir si elle l’aimait vraiment ou se souviendra-t-il, à tort ou à raison, qu’elle l’adorait autant qu’il l’adorait ?

Dans son livre, Christina Rossetti en contexte, l’auteur Antony H. Harrison discute de l’œuvre du poète et des « tensions dominantes sur lesquelles elle est construite : entre la beauté et la mort ; entre l’amour de l’homme et l’amour de Dieu ; entre l’éphémère et l’éternel ; entre le sensoriel et le transcendant ». « Remember » s’intéresse beaucoup à ces tensions, notamment celles entre l’éphémère, ou l’éphémère, et l’éternel, entre la beauté et la mort, que la poète semble souvent confondre dans son œuvre comme dans sa vie.



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