Revue du Livre des Solutions

Revue du Livre des Solutions

Cette critique est basée sur une projection au BFI London Film Festival 2023.

Les passions personnelles épanchées sur papier offrent un retour en forme surréaliste au scénariste-réalisateur oscarisé Michel Gondry dans Le Livre des Solutions. Après une pause de huit ans entre deux longs métrages – pendant lesquels Gondry a réalisé des clips, des émissions de télévision et des courts métrages qui ont approfondi ses liens créatifs avec les pionniers de la techno The Chemical Brothers et l’acteur Jim Carrey – le cinéma devrait en profiter en plongeant dans le chaos de la création. à travers le personnage du cinéaste médicamenteux Marc Becker (Pierre Niney). Se disputant avec les financiers dans les cinq premières minutes du Livre des solutions, Marc prend des mesures drastiques, envoyant sa monteuse Charlotte (Blanche Gardin), la productrice Sylvia (Frankie Wallach) et la stagiaire Gabrielle (Camille Rutherford) à la porte avec un film inachevé. .

En explorant très tôt la nature surréaliste du cinéma à travers ses visuels, Gondry établit des comparaisons immédiates avec son collaborateur d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Charlie Kaufman. Gondry revient à son racines du clip vidéo pour incorporer une animation de base et des moments de stop-motion, permettant au public un véritable aperçu du personnage de Marc alors qu’il continue de créer. Niney met également tout en œuvre pour exprimer cette excentricité à travers des explosions émotionnelles contre son équipe de production irréductible, avant de se lancer dans une gymnastique plus physique lorsqu’il s’agit de créer les éléments musicaux cruciaux du film.

Au-delà de ces moments très tendus d’émotion exagérée qui éloignent Marc de tout le monde, Niney prend soin de se rendre vulnérable dans ce rôle principal – une innocence enfantine contrebalance les éventuelles crises de colère. Il y a aussi une voix off stratégique créant de grands moments de comédie, alors que Marc obtient son propre commentaire qui contredit tout ce qui se passe à l’écran. Ceci est également renforcé par le travail d’un ensemble discret dirigé par Gardin et Wallach, qui ajoutent une résignation lasse du monde à Charlotte et Sylvia alors qu’elles font face aux sautes d’humeur de Marc.

Peut-être que le plus grand truc que Niney réussit dans The Book of Solutions consiste à gagner l’empathie du public en étant simplement égoïste. Cela n’est pas possible grâce à une manipulation émotionnelle, mais en allant dans l’autre sens et en transformant Marc en une punchline pour tout ce qui ne va pas. Ce schéma autodestructeur qui finit lentement par définir le personnage est aussi ce qui ramène les gens vers lui après son comportement inacceptable. Un besoin constant d’acceptation artistique combiné au désir d’être simplement aimé des autres le rend vraiment tragique, car non seulement Marc est incapable de savoir quand quelque chose est terminé, mais il rejette quiconque ose être en désaccord ou partager sa vision.

Outre une performance centrale imposante qui rend véritablement ce film très drôle, il convient de souligner à quel point Gondry embrasse l’absurde. De la création de courts métrages sur la cuisine de sa tante Denise (Françoise Lebrun) à la transformation d’un vieux camion en salle de montage sur un coup de tête, il y a un véritable sentiment de génie inspiré chez Marc qui nous permet de tolérer ses moments de diva à part entière et d’offrir notre sympathie lorsque ses collaborateurs commencent enfin à partir. Cela permet à Gondry d’explorer la nature du pardon lorsqu’il s’agit de relations créatives et donne au Livre des Solutions une profondeur émotionnelle qui va au-delà du surréalisme alors qu’il plonge dans une autre direction. Semblable à bien des égards à Adaptation – qui a vu Kaufman s’attaquer à des énigmes créatives à travers un alter ego à l’écran (et son jumeau identique) – The Book of Solutions capture un sentiment d’énergie inspirée et décalée, mais parvient à livrer un film avec un vrai cœur et une vraie âme. dans l’affaire.