« La démocratie en Amérique », d’Alexis de Tocqueville, a été écrit à la suite d’un long voyage exploratoire de 9 mois aux États-Unis en 1830. Dans le livre, l’auteur français analyse les aspects politiques et sociologiques du régime démocratique américain et oppose son conclusions avec la situation des personnes vivant sous les régimes aristocratiques de France et d’Angleterre. Tocqueville passe beaucoup de temps à faire l’éloge du système politique et juridique des États-Unis alors qu’il essaie de vendre la démocratie à ses contemporains en Europe. Il utilise également ses écrits pour mettre en garde contre les inconvénients possibles de la démocratie, tels que la possibilité d’étendre le principe d’égalité et de transformer le régime démocratique en une tyrannie de la majorité. « La démocratie en Amérique » reste à ce jour l’un des livres les plus importants jamais écrits sur le système démocratique et ses conséquences.
Les premiers Européens d’Amérique ont quitté l’Angleterre au début du XVIIe siècle pour s’installer en Virginie dans le sud du pays et en Nouvelle-Angleterre au nord. Les colonies du Sud étaient peuplées de chercheurs d’or et d’argent en quête de fortune, tandis que celles de la Nouvelle-Angleterre étaient principalement remplies de réfugiés puritains cherchant à construire un nouveau monde basé sur leurs principes religieux rigides. Les deux colonies ont construit leurs systèmes politiques et sociaux indépendamment de l’Angleterre et ont éliminé les règles de l’aristocratie. Les principes de souveraineté du peuple, d’égalité des conditions et de liberté qui sont nés des colonies de la Nouvelle-Angleterre ont été utilisés pour établir la démocratie moderne de l’Amérique.
Après la Révolution américaine, les principes de la démocratie ont été inscrits dans les lois. Le pouvoir gouvernemental était réparti entre le niveau fédéral et les États, ce qui donnait un pays où l’administration gouvernementale était fortement centralisée, mais où le pouvoir exécutif était réparti entre les gouvernements des États, des comtés et des communes. Les administrations locales sont élues pour des mandats limités et restent sous le contrôle du peuple.
La paix est une composante essentielle de la liberté ; puisque l’Amérique est protégée des envahisseurs potentiels par deux océans, elle a un énorme avantage sur les pays d’Europe pour établir et maintenir la liberté des peuples. Les partis politiques américains se disputent le pouvoir et s’appuient sur deux institutions libres : la presse libre et la liberté d’association. La presse libre permet au peuple de se tenir informé des débats et des enjeux en cours. La liberté d’association permet aux minorités de toutes sortes de se faire entendre et de faire pression sur les élus.
La Constitution fédérale prévoit un système de freins et contrepoids entre les pouvoirs législatif et exécutif du gouvernement à tous les niveaux. Un danger potentiel existe pour les démocraties d’étendre le principe de l’égalité des conditions au point où il se transforme en un régime despotique. Cependant, les lois américaines et le pouvoir politique décentralisé empêchent le pays de transformer la démocratie en une tyrannie de la majorité. Le peuple d’Amérique se soumet aux lois de son pays, parce qu’il reconnaît qu’il y a plus de sagesse dans l’opinion de plusieurs hommes que dans l’opinion d’un seul.
La démocratie est responsable d’un certain nombre de différences entre les manières et les attitudes des Américains et celles du citoyen européen typique. La religion joue un rôle essentiel en Amérique, car elle maintient les valeurs morales nécessaires pour empêcher que le réseau social ne s’effondre. La religion et la politique ne se mélangent pas, chacune occupant sa propre sphère dans le domaine public. Les Américains ne s’intéressent généralement pas à la philosophie ou à la science théorique, car ils sont fondamentalement matérialistes et pragmatiques. Pour des raisons similaires, leur littérature a une portée limitée et s’intéresse principalement aux passions et aux complications de la vie qui peuvent être partagées par une majorité de lecteurs.
Le principe de l’égalité des conditions est très important pour le peuple américain ; cependant, il présente également un danger évident pour la démocratie car il peut être utilisé pour supprimer la liberté individuelle. La participation du peuple au processus politique est essentielle à la survie de la démocratie américaine, car elle permet aux gens de ressentir leur dépendance les uns envers les autres. Le matérialisme et l’individualisme sont des effets secondaires du système démocratique qui ont contribué à créer un nouveau type d’aristocratie basée sur la richesse. Cependant, la démocratie a des effets positifs sur les relations familiales et sur le respect mutuel des individus.