Poème : Préparation – The New York Times

La « préparation » de Rae Armantrout semble, à première vue, être une proposition terre-à-terre sur notre espèce. Notre capacité à concevoir un avenir – ou du moins le vague aperçu d’un – fait que les autres animaux nous regardent avec une légère inquiétude. Cette capacité parraine aussi notre propre confusion, en ce sens que nous pouvons nous disloquer dans le temps. Puis le poème devient glissant. Les enjeux changent. Ce qui semble être une proposition devient maintenant quelque chose de plus comme une énigme, la solution toujours à quelques centimètres hors de portée. À quoi, après tout, n’avions-nous pas réussi à nous préparer ? Et comment est-il possible que la prévoyance puisse exclure ? Sélectionné par Anne Boyer

Par Rae Armantrout

Les animaux nous trouvent étranges.
Nous pouvons voir ce qui s’en vient

à grands traits —

lavé,
fréquemment déplacés.

Pourtant, cela nous frappe.

Comme des fantômes nous passons d’avant en arrière
entre temps,

étourdi,

incapable de ressentir
ce que nous touchons.

Nous croyons aux abstractions.

*

C’est une façon d’expliquer
notre manque de préparation.


Anne Boyer est poète et essayiste. Ses mémoires sur le cancer et les soins, « The Undying », ont remporté un prix Pulitzer 2020 pour la non-fiction générale. Rae Armantrout est un poète dont le livre « Versed » (Wesleyan, 2010) a remporté le prix Pulitzer de poésie 2010. Son livre le plus récent est « Finalists » (Wesleyan, 2022). Elle est l’actuelle juge du Yale Younger Poets Award.

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