Poème de la semaine : Ballade de William Soutar | Poésie

Ballade

Ô ! shairly tu as vu mon amour
Doun whaur le vent des eaux:
Il marche comme un homme qui n’a peur de personne
Et pourtant ses e’en sont gentils.

Ô ! shairly tu as vu mon amour
Au tournant de la marée ;
Car alors il se rassemble dans les filets
Doun être le bord de l’eau.

Ô ! Lassie j’ai vu ton amour
Au tournant de la marée ;
Et il était avec les pêcheurs
Doun être le bord de l’eau.

Les pêcheurs étaient à leur métier
Pas loin de Walnut Grove ;
Ils se sont réunis dans leurs filets de pêche
Et financez votre véritable amour.

Né en 1898 à Perth, en Écosse, le poète William Soutar a servi dans la marine pendant la première guerre mondiale et par la suite a étudié à l’Université d’Édimbourg à ce moment-là, il souffrait déjà de la maladie diagnostiquée plus tard comme une spondylarthrite ankylosante. Ses talents se sont ensuite concentrés sur la restauration et la vulgarisation de la langue écossaise, d’abord en écrivant des vers (« comptines bairn ») pour les enfants. Influencé par Hugh MacDiarmid et Ezra Pound, il est devenu une figure de proue dans la Renaissance écossaise. Il a également écrit de nombreux poèmes en anglais, et ceux-ci sont souvent discrètement innovants, avec des surprises soudaines de syntaxe et de vocabulaire.

La forme ballade a toujours semblé un voyageur temporel poétique particulièrement efficace et était naturellement attrayante pour Soutar. Celui que j’ai choisi, écrit en 1943, consiste en un dialogue entre une jeune « gamine » et un personnage qui peut ou non être l’un des pêcheurs, bien qu’il soit un témoin faisant autorité de ce qui s’est passé. Il y a une combinaison obsédante d’évasion et de brutalité dans les tons des deux haut-parleurs.

L’appel répété de la jeune fille, « O ! poilu [surely] vous avez vu mon amour », aspire à une réponse positive. La première fois qu’elle décrit l’homme qu’elle recherche, elle met l’accent sur ses qualités morales. Le détail que son « e’en [eyes] sont gentils » serait d’une importance cruciale pour elle, mais pas comme un moyen par lequel un étranger le reconnaîtrait. Lorsqu’elle poursuit en décrivant son travail de cueillette dans les filets, elle se rapproche de la réalité de sa mort en mer. La révélation de ce qui lui est arrivé est prévenue par le troisième couplet dans un dispositif caractéristique de ballade-récit. C’est une sorte d’aparté, adressé au lecteur pour nous faire deviner et espérer un peu plus longtemps : ‘O ! Lassie j’ai vu ton amour / Au tournant de la marée ; / Et il était avec les pêcheurs / Doun be the waterside. Bien sûr, le dernier couplet révèle la manière dont il a été retrouvé – non pas en toute sécurité à terre avec les autres pêcheurs, mais comme un cadavre ramené par la marée et pris dans le « dreepin » [dripping] filets. Soutar sait quand mettre fin à l’histoire. Rien de plus serait superflu.

L’expérience de guerre antérieure de Soutar alimente indirectement divers poèmes des années 1940. Dans le poème de langue anglaise Qui sont ces enfants ? par exemple, il capture la scène dans laquelle une fête triomphante de « gens renards » est observée par les enfants du village « rassemblés ici / Hors du feu et de la fumée / Qui avec des visages qui se souviennent… » Le rituel mortel est vivement évoqué dans la deuxième strophe : « L’éclat du sang sur les tuniques / Et sur les lèvres des femmes : / L’éclat de l’argent sur les gorges / Et sur les fouets de chasse. »

Derrière les deux poèmes, il y a une conscience des vulnérabilités de la classe ouvrière. Ballade évite le pastiche parce que rien en elle ne sonne faux ou modernisé : le récit et la langue sont ancrés dans leur tradition mais ils appartiennent aussi au XXe siècle et au moment de guerre de l’écriture.

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