Philip Cross: Il n’y a pas de virage vert dans les dernières intentions d’investissement

L’économie future du Canada ressemblera beaucoup à son économie passée, malgré une transition très médiatisée vers les énergies renouvelables

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Statistique Canada a publié vendredi dernier son enquête annuelle sur les intentions d’investissement. Les résultats ont été largement ignorés à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais valent la peine d’être analysés pour la lumière qu’ils jettent sur l’avenir de l’économie canadienne – qui est à peu près la même que le passé de l’économie canadienne.

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Les lecteurs occasionnels de l’analyse de Statcan pourraient être pardonnés s’ils se faisaient une fausse impression de ce qui motive l’investissement au Canada. Dans l’ensemble, son analyse décrit un Canada se dirigeant vers un avenir fondamentalement remodelé par l’impact de la pandémie sur les soins de santé, ainsi qu’un virage vert vers les transports en commun et l’énergie propre. Le titre de Statcan était que l’investissement est alimenté par « les fortes dépenses du secteur public ». Plusieurs paragraphes énumèrent un appel nominal des projets de transport en commun, des hôpitaux et des nouveaux établissements de soins de longue durée pour les personnes âgées. Une autre longue section est consacrée aux projets énergétiques dits « propres » à travers le Canada, bien qu’aucun total ne soit donné, il est donc difficile de savoir dans quelle mesure ceux-ci affectent l’investissement global.

Mais la réalité de l’investissement au Canada est très différente de la description que Statcan en fait. En fait, les intentions d’investissement pour 2022 augmentent davantage dans le secteur privé que dans le secteur public – en hausse de 13,2 milliards de dollars, contre seulement 10,3 milliards de dollars. Et loin de passer à l’énergie verte, le Canada augmente ses investissements dans les combustibles fossiles de 5,4 milliards de dollars pour atteindre au moins 44,0 milliards de dollars, soit près du quart de tous les investissements privés (et cela exclut les investissements dans le charbon et les autres centrales électriques pour lesquelles les données n’est pas disponible).

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Les combustibles fossiles demeurent l’épine dorsale de l’industrie énergétique du Canada, peu importe à quel point le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, vomit de l’agitprop sur notre transition vers une économie verte. L’exploration et l’extraction de pétrole et de gaz dominent l’investissement global avec des dépenses en capital de 30,3 milliards de dollars en 2022. Et l’investissement dans les pipelines, à 11,3 milliards de dollars, est le deuxième plus élevé jamais atteint, malgré les tentatives incessantes des écologistes et de certains gouvernements pour les bloquer. Un autre 2,4 milliards de dollars ira au raffinage et à la vente au détail du pétrole. Tous ces investissements prévus ont eu lieu avant que les prix du pétrole et du gaz n’explosent après le début de la guerre en Ukraine.

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L’évitement du pétrole et du gaz de la Russie par le monde signifie que le Canada a raté le coche en n’investissant pas encore plus dans son infrastructure de combustibles fossiles ces dernières années pour être mieux placé pour combler le manque d’approvisionnement européen. Plus de pipelines et de terminaux GNL sur la côte est du Canada pourraient aider à sevrer l’Europe de l’énergie russe, mais ce sont plutôt les Américains qui sont sur le point de conquérir ce marché. Un article récent du Wall Street Journal se vantait que « l’Amérique prend la pole position sur le pétrole et le gaz » – tandis que le Canada prend sa place habituelle dans le peloton. Une fois de plus, la posture politique creuse des dirigeants canadiens a signifié la cession des marchés de l’énergie aux entreprises américaines, sans impact net sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre.

L’exploitation minière, une autre industrie traditionnelle des ressources avec peu de références vertes, apporte la deuxième plus grande contribution à la croissance des investissements des entreprises en 2022, avec un gain de 1,9 milliard de dollars. L’industrie de l’extraction de l’or prévoit la plus forte augmentation, même si les investissements sont à des niveaux historiquement élevés pour le cuivre, le nickel, le minerai de fer et la potasse. L’or et la potasse bénéficieront probablement d’un nouvel élan de la folie de Poutine en Ukraine, car la Russie est un grand fournisseur de ces deux matières premières.

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Un autre signe qu’un virage vert n’est pas le moteur des investissements est que le transport aérien prévoit une augmentation des investissements de 600 millions de dollars, revenant presque à son niveau d’avant la pandémie. Les compagnies aériennes s’attendent clairement à recommencer à voler malgré la grande empreinte carbone du transport aérien. La plupart des autres industries prévoient de modestes augmentations de quelques centaines de millions d’investissements, rien à voir avec les milliards consacrés aux projets de ressources. Statcan attire l’attention sur les investissements manufacturiers dans les machines et l’équipement, mais, dans l’ensemble, les fabricants ne modifient pas réellement leurs dépenses. Les services publics d’électricité prévoient d’investir 25,6 milliards de dollars, mais c’est loin des niveaux nécessaires s’ils croyaient vraiment que les Canadiens effectueraient la transition en masse aux véhicules électriques.

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Dans l’ensemble, les intentions d’investissement suggèrent que l’économie future du Canada ressemblera beaucoup à son économie passée, malgré la pandémie et une transition très médiatisée vers les énergies renouvelables. Le pétrole et le gaz resteront notre plus grande industrie et les combustibles fossiles la base de l’infrastructure énergétique nécessaire pour soutenir notre mode de vie et nos exportations dépendants de l’énergie. Comme l’a détaillé le gourou de l’énergie Daniel Yergin, les transitions entre les sources d’énergie nécessitent des décennies en raison de l’investissement massif dans les technologies existantes. Les gouvernements et les écologistes peuvent se leurrer en pensant que la pandémie stimule une transition rapide vers une économie verte, mais le secteur des entreprises a une compréhension plus réaliste du peu de changement des fondamentaux de l’économie canadienne.

Philip Cross est chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier.

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