Opinion : Nous avons besoin des sables bitumineux. Mais pas seulement les sables bitumineux

Un manque de diversification dans le secteur pétrolier pourrait ne pas servir les intérêts à long terme des Canadiens

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Lorsque je travaillais dans le champ pétrolier canadien, c’était un endroit agité guidé par des explorateurs et des ingénieurs qui travaillaient dur pour maintenir un mélange sain d’actifs de production et de prise de risques exploratoires. Aujourd’hui, le consensus de l’industrie parmi les grands acteurs pétroliers du Canada semble aller dans une direction différente. Suncor Energy Inc. et Cenovus Energy Inc. ont récemment annoncé leur intention de renoncer à des opportunités d’exploration à haut risque et de concentrer leurs efforts dans les sables bitumineux. Cette augmentation de la production d’actifs de sables bitumineux et la perte d’opportunités d’exploration pour les investisseurs étrangers sont rentables et logiques à court terme. Mais ces chefs de file de l’énergie risquent de devenir des poneys à un tour, tandis qu’un manque de diversification dans le secteur pétrolier pourrait ne pas servir les intérêts à long terme des Canadiens.

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En avril, Suncor Energy a annoncé qu’elle cédait ses projets et actifs éoliens et solaires en Norvège et au Royaume-Uni pour se concentrer sur ses joyaux de la couronne, les sables bitumineux. Plus récemment, Cenovus Energy a conclu un accord avec BP Plc pour racheter la participation de 50% de BP dans le projet de sables bitumineux Sunrise en échange d’argent et la position de 35% de Cenovus dans le projet non développé Bay du Nord au large de Terre-Neuve-et-Labrador. Cet accord confère à Cenovus la pleine propriété de Sunrise, tandis que la plus importante zone d’exploration d’hydrocarbures au Canada, Bay du Nord, appartient désormais à des investisseurs étrangers.

Le projet offshore Bay du Nord nécessitera d’énormes injections de liquidités pour être construit, et l’océan Atlantique n’est pas un endroit facile à exploiter. Les actionnaires de BP et d’Equinor (la société norvégienne qui exploite le projet) ne devraient pas voir de retours avant une décennie. Pour les investisseurs de Cenovus, entre-temps, un investissement à plus haut risque et à plus long terme ne pouvait rivaliser avec l’opportunité immédiate de construire sur une base de sables bitumineux éprouvée à un bon prix. Si le plan de jeu est de rembourser la dette, de racheter des actions et d’augmenter les dividendes pour les actionnaires restants, il est judicieux de se replier et de se concentrer sur les moyens de tirer le maximum de profits des sables bitumineux.

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Les investisseurs dans les projets de sables bitumineux sont clairement attirés par les trajectoires de production à long terme des actifs. D’un autre côté, ils reconnaissent que les producteurs de bitume sont limités dans leur capacité à faire croître les actifs grâce au trépan parce que les gouvernements ont imposé un plafond global de GES. L’Oil Sands Emissions Limit Act de l’Alberta établit une limite d’émission annuelle (100 mégatonnes) pour les émissions cumulatives de GES de tous les sites de sables bitumineux de la province. De plus, les politiciens fédéraux élaborent un plan visant à imposer des plafonds sur les émissions provenant de la production pétrolière et gazière au Canada dans le cadre de l’ambitieux Plan de réduction des émissions 2030 d’Ottawa.

Les producteurs de sables bitumineux doivent être prêts à investir massivement dans des infrastructures de réduction de carbone afin d’atteindre les objectifs climatiques du gouvernement fédéral et de se conformer aux engagements volontaires ESG. L’incertitude entourant les plafonds de GES imposés par la loi et le coût prévu de la technologie de réduction du carbone ont contribué à persuader les investisseurs non canadiens de vendre leurs participations dans les sables bitumineux, le plus souvent à des exploitants canadiens. Au cours des dernières années, Shell, ConocoPhillips, Equinor et Devon Energy se sont retirés. Les initiés de l’industrie disent qu’ils ne seront pas surpris de voir d’autres acteurs non locaux – des entreprises comme TotalEnergies, Chevron et CNOOC – décharger également leurs actifs de sables bitumineux.

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Il est juste de se demander : est-ce une mauvaise chose pour les Canadiens d’avoir une concentration d’opérateurs canadiens qui se réunissent pour trouver des moyens plus efficaces de produire les sables bitumineux, laissant l’exploration à plus haut risque pour de nouvelles réserves de pétrole aux investisseurs étrangers ? Peut-être pas, tant que le pétrole nécessaire est découvert et que les gouvernements reçoivent leurs chèques de redevances. En fait, si les hydrocarbures sont accélérés vers l’extinction au Canada, pourquoi devrions-nous même se soucier sur le futur potentiel pétrolier ? Nous n’aurons pas besoin de trouver de nouvelles réserves de pétrole si nous n’allons pas les développer.

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Dans un monde parfait, de telles questions seraient raisonnables. Mais comme la guerre en Ukraine a mis à nu, les entreprises et les pays peuvent payer un prix élevé s’ils ne sont pas préparés à des perturbations dans leurs plans les mieux conçus. Les sociétés énergétiques canadiennes ont accumulé des décennies d’expertise crédible dans l’exploration pétrolière et production, et nous ne savons pas avec certitude quels talents seront nécessaires à l’avenir pour assurer notre propre sécurité énergétique ou celle des autres nations. L’industrie pétrolière au Canada est peut-être en mode liquidation, mais si le calendrier de la transition vers une énergie plus propre est perturbé, que ce soit par une technologie qui change la donne ou par une nécessité géopolitique, échanger une opportunité de maintenir une combinaison diversifiée d’actifs et de compétences en échange de courtes -l’efficacité à long terme pourrait finir par être à courte vue.

Donna Kennedy-Glans a été ministre associée de l’Électricité et des Énergies renouvelables de l’Alberta en 2013-2014. Son nouveau livre est Apprendre au dinosaure à danser : aller au-delà du statu quo.

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