Opinion: L’objectif net zéro extrêmement irréaliste d’Ottawa pour les bâtiments

Les gouvernements doivent être clairs sur le coût et la probabilité d’atteindre des résultats déterminés par la date

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Le gouvernement fédéral Plan de réduction des émissions, qu’il a publié en juillet, appelle à des réductions de gaz à effet de serre à l’échelle de l’économie de 40 à 45 % en dessous des niveaux de 2005 d’ici 2030. En particulier, il prévoit que les émissions des maisons et des bâtiments commerciaux chuteront de 37 % par rapport aux niveaux de 2005. À en juger par des estimations raisonnables de ce qu’il faudrait pour y parvenir, cependant, cet objectif semble extrêmement irréaliste.

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Les émissions de gaz à effet de serre (GES) des bâtiments sont la troisième plus importante source d’émissions au Canada. (Les deux premiers sont le pétrole et le gaz et le transport) Contrairement à certains autres secteurs de l’économie et malgré une meilleure technologie et une meilleure efficacité, les GES des bâtiments ont en fait augmenté depuis 2005, en partie parce que le nombre de maisons a augmenté de 20 %.

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Il y a environ 16 millions de foyers au Canada. Environ les deux tiers émettent des GES. Le tiers restant est desservi par l’électricité, qui au Canada provient généralement de l’hydroélectricité et est donc non émettrice. Au moins 80 % des GES des bâtiments proviennent de la combustion de combustibles fossiles pour le chauffage et l’eau chaude. La moitié des foyers canadiens sont actuellement desservis par le gaz naturel, tandis que le mazout demeure important au Canada atlantique. L’Ontario compte cinq millions de foyers émetteurs. En raison de sa plus grande consommation d’électricité, le Québec fait face à un plus petit défi net zéro.

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Comment pourrions-nous électrifier les maisons utilisant actuellement du gaz ou du mazout pour fournir de la chaleur et de l’eau ? Les pompes à chaleur sont une solution. Ce sont essentiellement des climatiseurs bidirectionnels qui chauffent et refroidissent. Pour atteindre l’objectif d’Ottawa d’une économie nette zéro d’ici 2050, pratiquement toutes les maisons devraient être équipées de pompes à chaleur ou d’une technologie similaire. Comme Alexander Vanderhoof et moi-même le décrivons dans notre nouvel Institut CD Howe étudetCela nécessiterait la rénovation de plus de 400 000 maisons par an, soit plus de 1 000 chaque jour. Notre analyse montre que la réalisation des objectifs de 2050 nécessiterait également des changements sans précédent dans la construction de nouvelles maisons ainsi que des rénovations de maisons qui durent généralement des décennies.

Mais ce n’est même pas la partie la plus irréaliste du plan du gouvernement fédéral. Atteindre la réduction pour 2030 nécessite une action encore plus agressive. Nous aurions besoin de rénover plus d’un demi-million de maisons par an. C’est l’équivalent de chaque maison en Saskatchewan, chaque année au cours des huit prochaines années. De plus, tout Nouveau les maisons devraient être à zéro net, à partir d’aujourd’hui.

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Le coût de la rénovation d’une maison existante peut être important et dépend de l’âge, du type, de la taille, de l’emplacement et du climat régional du bâtiment. Les maisons au Canada sont construites pour durer : environ 60 % ont été construites avant 1995. Notre scénario estime qu’il en coûterait entre 12 000 $ et 17 000 $ pour remplacer un système à combustible fossile par une pompe à chaleur. Il s’agit probablement d’une estimation prudente : elle ne tient pas compte du besoin potentiel de chauffage d’appoint pendant les périodes de températures extrêmement froides, que nous connaissons encore dans la plupart des régions du Canada. Nous excluons également toute différence de coût entre l’électricité et le gaz ou le pétrole. Au-delà de cela, il y a les coûts d’ajout de capacité de production et de transmission au réseau électrique.

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Même ainsi, nos estimations suggèrent que les coûts annuels totaux de rénovation, uniquement pour les ménages, se situeraient entre 4,5 milliards de dollars et 6,3 milliards de dollars. Cumulativement jusqu’en 2050, cela représente 140 à 200 milliards de dollars, à l’échelle du Canada.

Ce sont des chiffres importants et, bien sûr, les Canadiens les supporteront, que ce soit directement ou indirectement par le biais de subventions gouvernementales. Les coûts élevés du logement sont déjà un fardeau pour de nombreuses personnes. Et la main-d’œuvre de l’industrie de la construction, qui s’efforce déjà de construire de nouvelles maisons pour remédier à la pénurie de logements au Canada, est la même main-d’œuvre qui sera nécessaire pour toutes les rénovations.

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Souligner les coûts élevés d’essayer d’atteindre Net Zero ne signifie pas que les Canadiens ne devraient pas se préoccuper des changements climatiques ou soutenir la réduction des émissions de GES. Cela veut dire, cependant, que nous avons besoin de moyens moins coûteux de réduire les émissions à un rythme durable et avec une technologie éprouvée.

De telles options existent déjà. Une étude ont montré que, lorsqu’ils sont combinés à des commandes intelligentes, les systèmes hybrides «bi-combustibles» qui associent des fournaises au gaz naturel traditionnelles à des pompes à chaleur peuvent réduire les émissions jusqu’à deux tiers, à un coût supplémentaire de moins de 3 000 $ par rapport à un système conventionnel. Le gouvernement de l’Ontario l’a remarqué : il vient d’annoncer un programme pilote, en collaboration avec Enbridge, pour encourager l’installation de pompes à chaleur associées à des commandes intelligentes, ce qui pourrait permettre aux propriétaires d’économiser jusqu’à 80 $ par an tout en réduisant les émissions jusqu’à 30 %.

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Les services publics d’électricité et les régulateurs peuvent aider avec des politiques qui donnent aux consommateurs l’assurance que les prix futurs de l’électricité ne grimperont pas de façon spectaculaire, effaçant les incitations à changer. Dans le même temps, les gouvernements peuvent travailler avec les acteurs de l’industrie pour normaliser les mesures d’efficacité dans les codes du bâtiment et aider à maintenir les exigences de durabilité à un prix abordable. Ils peuvent également entreprendre de la recherche et du développement techniques pour s’assurer que les solutions à faibles émissions fonctionnent dans le climat canadien.

Les objectifs du gouvernement en matière d’émissions devraient être guidés par une modélisation transparente et détaillée qui montre : comment les politiques proposées peuvent réaliser des réductions d’émissions ; ce que coûteront ces réductions ; et les compromis qui devront être faits pour les mettre en œuvre. Jusqu’à présent, le gouvernement fédéral n’a rien fourni de tel.

Il existe des moyens de réduire les émissions résidentielles, et nous devrions le faire. Mais les gouvernements doivent être clairs sur le coût et la probabilité d’obtenir des résultats déterminés par la date. La politique doit informer les dates cibles, et non l’inverse.

Charles DeLand est directeur associé, recherche, à l’Institut CD Howe.

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