Opinion : les temps d’attente pour les soins de santé sont désormais les plus longs jamais enregistrés

Mackenzie Moir et Bacchus Barua,

16 déc. 2021

Les Canadiens vivent deux crises en matière de soins de santé : la COVID, qui fait la une des journaux, mais aussi des temps d’attente inacceptablement longs pour pratiquement tous les services médicaux. En 2021, les Canadiens pourraient s’attendre à attendre environ 25,6 semaines en moyenne — essentiellement une demi-année — entre l’aiguillage d’un médecin de famille et un traitement médicalement nécessaire. Bien que allongés par COVID, ces attentes ont bien plus à voir avec des échecs de longue date de la politique intérieure qu’avec la pandémie mondiale.

Cette année marque la 30e édition de l’Institut Fraser

enquête annuelle

de médecins. D’abord conçu et réalisé en

Colombie britannique

avec l’aide de l’association médicale de la province, en 1993, l’enquête s’était étendue pour couvrir les 10 provinces dans 12 spécialités médicales de base. Malheureusement, les données recueillies au cours de ces trois décennies révèlent une détérioration constante de l’accès aux soins en temps opportun. En fait, l’attente moyenne de cette année est la plus longue de l’histoire de l’enquête et plus de 2,5 fois plus longue que les 9,3 semaines identifiées dans la première enquête nationale en 1993.

Dans l’ensemble des provinces cette année, les médecins de la Nouvelle-Écosse ont déclaré l’attente totale la plus longue — 53,2 semaines : plus d’un an — tandis que ceux de l’Ontario ont déclaré la plus courte, à « seulement » 18,5 semaines. Partout au Canada, les patients ont attendu le plus longtemps entre l’aiguillage et le traitement pour la neurochirurgie (49,2 semaines) et la chirurgie orthopédique (46,1 semaines), tandis que les temps d’attente les plus courts ont été signalés pour la radiothérapie contre le cancer (3,7 semaines) et l’oncologie médicale (4,4 semaines). En tenant compte des 12 spécialités, les médecins signalent que les patients ont attendu six semaines de plus pour le traitement après avoir consulté un spécialiste que ce qui est cliniquement raisonnable.

Il est important de noter que même si ces listes d’attente concernent en grande partie des procédures techniquement considérées comme « électives » (c. sauver les soins cardiaques. Des temps d’attente excessifs peuvent augmenter le stress et la pression sur les patients et leurs proches et conduire à de moins bons résultats pour la santé des patients, y compris la mort.

Il est important de souligner que même si la pandémie a contribué à l’allongement des temps d’attente au cours des deux dernières années, elle n’explique pas près de trois décennies d’augmentation documentée des temps d’attente. Dans

2019

, un an avant le début de la pandémie, les Canadiens attendaient déjà 20,9 semaines en moyenne pour recevoir des soins.

Malheureusement, COVID a également créé un environnement de recherche plus difficile, ce qui a entraîné un taux de réponse national de seulement neuf pour cent des médecins à notre enquête sur les temps d’attente, inférieur à celui des années précédentes. Cependant, ce taux de réponse reste en ligne avec

autre

sondages auprès de la population, comme le Sondage sur les effectifs médicaux de l’Association médicale canadienne, qui a obtenu un taux de réponse de

12,8 % en 2019

, avant la pandémie. Ce serait une erreur de

ignorer

les expériences des 1 178 médecins qui ont répondu au sondage de l’Institut Fraser cette année.

De plus, d’autres organisations ont rapporté des résultats similaires.

En 2020

, le Fonds du Commonwealth a classé le Canada au dernier rang des 11 systèmes internationaux de soins de santé pour les rendez-vous rapides chez les spécialistes (c.-à-d. moins de quatre semaines) et les chirurgies électives (moins de quatre mois). il a trouvé

résultats similaires

en 2016, bien avant la pandémie.

Nous devons bien sûr rester concentrés sur la lutte contre le COVID et le soutien aux travailleurs de la santé qui nous ont guidés à travers cette tempête. Mais nous devrions également apprendre des autres pays qui offrent également des soins de santé universels, mais n’imposent pas aux patients les longs délais d’attente auxquels les Canadiens sont régulièrement confrontés.

Des pays comme l’Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas abordent tous les soins de santé universels différemment du Canada. Ils forment des partenariats fonctionnels avec leurs

privé

secteurs pour : fournir des soins opportuns et de haute qualité; inciter à une utilisation responsable des ressources de soins de santé en

le partage des coûts

(avec des protections pour les populations vulnérables) ; et financer leurs hôpitaux en fonction des niveaux actuels de

activité

, et non des formules historiques, afin d’accélérer les soins chirurgicaux. Bien que la pandémie les ait également mis au défi, ces pays reviendront probablement à une bien meilleure «normale» une fois celle-ci passée.

Si les Canadiens espèrent subir des temps d’attente plus semblables à ceux d’autres pays offrant des soins de santé universels, la politique canadienne de la santé a besoin d’une réforme fondamentale.

Mackenzie Moir et Bacchus Barua sont analystes à l’Institut Fraser.

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