Ottawa prône la reconnaissance mutuelle des normes plutôt que l’harmonisation. C’est bien. Mais les progrès sont lents et nécessitent davantage de leadership
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Par Ryan Manucha
Même si seule la petite communauté commerciale interprovinciale du Canada l’a remarqué, dans le budget du mois dernier, le gouvernement fédéral s’est engagé à travailler à la réduction des barrières commerciales intérieures et a décrit les prochaines étapes concrètes qui pourraient avoir un impact tangible.
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Le protectionnisme provincial, la captation de la réglementation par des groupes d’intérêt, les guerres intestines au sein du gouvernement, les problèmes d’action collective et le défaut général d’inertie de l’humanité ont tourmenté la libéralisation du commerce intérieur depuis la Confédération. Un leadership central fort a toujours été la clé de la réforme, et Ottawa semble enfin retrousser ses manches sur l’un des problèmes les plus insolubles auxquels est confrontée notre union économique.
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Le nouveau vocabulaire dans ce qui est devenu une section obligatoire du budget sur le commerce interprovincial vise enfin le bon objectif : « l’alignement de la réglementation nationale ». Les tarifs intercoloniaux et les agents frontaliers surveillant le passage des marchandises entre le Haut et le Bas-Canada ont bien sûr disparu depuis longtemps. Aujourd’hui, le principal obstacle réside dans la réglementation différente à travers le Canada. De la santé et de la sécurité au travail à l’indemnisation des accidents du travail en passant par le poids et les dimensions des camions, le manque d’uniformité ou de reconnaissance mutuelle à travers le Canada entraîne des inefficacités, gonfle les coûts des entreprises et réduit la productivité globale. Le désalignement des réglementations est donc préjudiciable à l’accessibilité financière, à la compétitivité et à la prospérité.
Le budget contenait également un engagement fédéral à défendre la « reconnaissance mutuelle », c’est-à-dire que les provinces reconnaissent leurs normes respectives en matière de biens, de services et de travail, sans chercher à les modifier. L’alternative est l’harmonisation, qui nécessite des normes communes entre les gouvernements. La reconnaissance mutuelle est apparue pour la première fois dans le budget de l’année dernière avec l’engagement de « l’explorer ». Cela est désormais devenu « engagé » à « faire progresser ». De petits progrès linguistiques mais un pas de géant pour les responsables du commerce interprovincial. Il ne serait pas surprenant de voir le sujet abordé sans détour par les premiers ministres lors de leur réunion de cet été.
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Les autorités étudient depuis plusieurs années les moyens d’introduire la reconnaissance mutuelle. Le consensus reste insaisissable sur la question de savoir si des accords inter-économiques ou sectoriels seraient préférables. Et la reconnaissance nécessite souvent que les responsables du commerce assurent la liaison avec les ministères de leur gouvernement d’origine, recherchent des conseils et des avis auprès d’experts techniques en réglementation et parviennent à un accord par consensus. Même après un accord, des modifications des lois et réglementations peuvent être nécessaires. Bien qu’un étude Si la reconnaissance mutuelle pourrait augmenter le PIB de 4,4 à 7,9 pour cent, la Table de réconciliation et de coopération en matière de réglementation (RCT) n’a pas encore convenu d’une voie à suivre, et c’est là que les orientations fédérales seront utiles. Les détails manquaient, mais le soutien budgétaire à cette idée est important.
Une autre initiative utile a été le lancement du Centre canadien de données et d’information sur le commerce intérieur, afin de recueillir des données sur le commerce intérieur et la mobilité de la main-d’œuvre qui contribueront aux efforts de réforme. Le débat public sur les barrières commerciales s’est longtemps concentré sur les diverses renonciations des gouvernements à l’Accord de libre-échange canadien (ALEC), entré en vigueur en 2017. Ces exceptions pèsent certes sur l’économie, mais le véritable préjudice réside dans les désalignements réglementaires et non dans les mentionné nulle part dans l’accord.
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Par exemple, c’est estimé que le rapprochement des codes du bâtiment à travers le pays permettrait d’économiser de l’ordre d’un milliard de dollars au cours des cinq premières années de mise en œuvre, puis chaque année par la suite. Le centre de données commerciales aidera les responsables à concentrer leurs ressources sur des questions comme celle-ci qui ont le plus grand potentiel pour débloquer la croissance canadienne. Cela aidera également les citoyens, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement, à élaborer des arguments convaincants en faveur d’une réforme face à une résistance tenace. La dénonciation et la honte sont depuis longtemps un outil politique efficace.
Une prochaine enquête sur le commerce interprovincial annoncée dans le budget devrait mettre en lumière les barrières bien ancrées. Les chercheurs rencontrent régulièrement des exploitants de petites et moyennes entreprises aux prises avec des « formalités administratives » qui peuvent en fait être des barrières commerciales voilées – le système balkanisé d’autorisation des véhicules en surpoids ou surdimensionnés, par exemple, ou les règles très variables pour l’enregistrement des accidents du travail. Les barrières commerciales doivent être reconnues comme telles avant de pouvoir être supprimées. Cette enquête pourrait même conduire à davantage de recours dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de la ZLEC, ce qui serait bénéfique pour l’accord et donc pour la libéralisation.
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Il n’est pas nécessaire de dire aux Canadiens que les barrières commerciales interprovinciales sont tenaces et nuisibles. Les barrières ont commencé à s’élever presque aussitôt que nous avons obtenu les provinces, en 1867. Si nous voulons sérieusement prendre en compte la croissance économique, Ottawa doit assumer le leadership dans le travail technique exigeant de réconciliation réglementaire.
Poste financier
Ryan Manucha est chercheur à l’Institut CD Howe. Son livre « Booze, Cigarettes, and Constitutional Dust-Ups: Canada’s Quest for Interprovincial Free Trade » a remporté le prix Donner 2022 du meilleur livre sur la politique publique canadienne.
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