Le bilan plus important de la Banque pourrait nous accompagner pendant un certain temps.
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Par Steve Ambler, Thorsten Koeppl et Jeremy Kronick
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Le bilan gonflé de la Banque du Canada a suscité beaucoup d’attention ces derniers temps. De 120 milliards de dollars début mars 2020, il est passé au cours des 12 mois suivants à 575 milliards de dollars et il s’élève toujours à 414 milliards de dollars aujourd’hui, soit plus du triple de ce qu’il était. Cela s’est produit parce qu’en réponse à la pandémie, la Banque a acheté des obligations du gouvernement du Canada auprès de banques commerciales. Elle a ajouté les obligations à l’actif de son bilan et les a payées en augmentant les «soldes de règlement» – essentiellement, les comptes bancaires des banques commerciales auprès d’elle – du côté du passif. Voilàun bilan gonflé.
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Trois facteurs suggèrent que le bilan plus important de la Banque pourrait être avec nous pendant un certain temps.
Premièrement, bien qu’en réponse à la flambée de l’inflation, elle ait augmenté son taux directeur de manière agressive, elle ne vend pas les obligations qu’elle a achetées. Au lieu de cela, il les laisse sortir de son bilan à mesure qu’ils mûrissent.
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Deuxièmement, le Canada modernise ses systèmes de compensation des paiements de détail (ceux que vous faites à une entreprise) et des paiements de gros (ceux entre de grandes institutions financières). Les transactions seront désormais réglées en temps réel, ce qui signifie que les institutions financières voudront détenir des soldes de règlement plus importants à la Banque pour faciliter ces paiements, ce qui signifie à son tour un bilan bancaire plus important.
Troisièmement, il pourrait y avoir une monnaie numérique de la Banque du Canada dans notre avenir. Si les gens en détiennent plus qu’ils n’en ont aujourd’hui — par exemple, parce qu’ils n’ont plus besoin d’un guichet automatique — le passif de la Banque augmentera. Le résultat? Un bilan bancaire plus important.
Étant donné que ces facteurs suggèrent que la Banque continuera de détenir davantage d’actifs, principalement sous forme de dette du gouvernement fédéral, cela signifie-t-il que l’inflation restera élevée ? Non, le principal instrument de politique de la Banque est le taux cible du financement à un jour. S’il gère cela de manière appropriée, son bilan est une préoccupation secondaire.
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Est-ce un problème que la Banque détienne plus de dette publique ? La Banque est un acteur important sur le marché des obligations d’État, donc si elle achète plus, cela affectera les prix des obligations et donc les rendements, qui à leur tour affecteront les rendements de toutes les autres dettes. Mais la Banque peut atténuer cette préoccupation grâce à des accords de rachat, dans lesquels elle vend des obligations d’État tout en acceptant de les racheter plus tard à un prix convenu à l’avance, réduisant ainsi les soldes de règlement en conséquence.
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Le fait de détenir plus de dettes crée-t-il un plus grand risque de taux d’intérêt pour la Banque du Canada? Oui certainement. Lorsque la Banque achète des obligations, elle verrouille le taux d’intérêt en vigueur et donc ce que ces obligations lui versent jusqu’à leur échéance. Mais sur les soldes de règlement qu’il utilise pour acheter les obligations, il paie le « taux de dépôt », qui est variable. Lorsque l’intérêt sur les obligations détenues par la Banque du Canada est inférieur à l’intérêt qu’elle paie sur les soldes de règlement, comme c’est le cas aujourd’hui, la Banque perd de l’argent.
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Pour couvrir ses pertes, la Banque peut puiser dans ses fonds de réserve et ses fonds propres, permettant même aux fonds propres de devenir négatifs. Étant donné que la Banque est une société d’État, une situation financière négative n’entravera pas directement sa capacité de mener la politique monétaire. Cependant, le public peut ne pas le voir de cette façon. Ils peuvent percevoir la Banque comme étant sous la pression du gouvernement pour fixer des taux d’intérêt plus bas — et donc payer moins sur les soldes de règlement — que ce qui peut être nécessaire pour atteindre l’objectif d’inflation. Cela pourrait réduire la crédibilité de la Banque au moment de décider de la politique monétaire.
À notre avis, la façon de résoudre ce problème est d’inscrire les pertes de la Banque comme un actif reporté à son bilan et un passif reporté au bilan du gouvernement. Cela signifie qu’il n’y a pas de capitaux propres négatifs pour la Banque – bien qu’il faille également préciser que la Banque doit éliminer sa position d’actif différé avant de remettre à nouveau les bénéfices au gouvernement.
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Cette solution signifierait modifier la Loi sur la Banque du Canada, qui oblige actuellement la Banque à partager tout profit entre la reconstitution de ses réserves et la remise de fonds au gouvernement. Mais ce que nous proposons serait transparent, permettrait de convaincre plus facilement le public et préserverait mieux l’indépendance de la Banque.
Le bilan de la Banque du Canada devrait rester important. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un problème opérationnel, il comporte un risque d’intervention gouvernementale et d’interférence avec l’indépendance de la Banque. Une petite modification de la loi contribuerait grandement à réduire cette préoccupation.
Steve Ambler est économiste à l’Université du Québec à Montréal, Thorsten Koeppl économiste à l’Université Queen’s et Jeremy Kronick directeur de la recherche sur les services monétaires et financiers à l’Institut CD Howe, qui vient de publier leur article : «Les conséquences du bilan gonflé de la Banque du Canada.”