Opinion: La discussion de l’OMC sur la COVID-19 pourrait refroidir l’innovation canadienne

La protection de la PI est essentielle pour les économies, comme celle du Canada, qui sont de plus en plus axées sur les actifs incorporels

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Par Thomas Cueni

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En juin, l’Organisation mondiale du commerce a accepté de saper la propriété intellectuelle (PI) sous-jacente aux vaccins COVID-19. La renonciation aux droits de propriété intellectuelle visait à aider les entreprises des pays en développement à reproduire des vaccins COVID-19 brevetés sans avoir à s’associer ou à faire face à une action en justice de la part du titulaire du brevet. À présent, l’OMC envisage d’étendre la dérogation à la propriété intellectuelle pour inclure également les produits thérapeutiques et diagnostiques liés au COVID-19. Pour aider à préserver le cadre mondial de la PI qui stimule l’innovation dans le secteur pharmaceutique et au-delà, le Canada devrait s’y opposer — en se fondant sur des preuves.

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La dispense de vaccin, proposée au début de la pandémie, était censée augmenter la production de vaccins COVID-19, en particulier dans les pays du Sud. Mais ce raisonnement était déconnecté de la réalité. Fin 2021, alors que les diplomates de l’OMC poursuivaient leurs délibérations, les fabricants de vaccins des pays industrialisés et en développement avaient produit plus de 11 milliards de doses de vaccin. En juin, lorsque l’OMC a finalement décidé, l’offre dépassait de loin la demande.

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Certes, il y a eu de réels obstacles à la distribution mondiale des vaccins. Les restrictions à l’exportation imposées par les pays fabricants n’ont pas aidé, pas plus que la pression que subissait déjà l’infrastructure sanitaire mondiale lorsque le COVID-19 a frappé. Il reste beaucoup à faire pour s’assurer que la prochaine fois, nous ferons un meilleur travail pour fournir des vaccins à ceux qui en ont besoin, où qu’ils vivent.

Pour ancrer l’équité dans la future réponse mondiale à la pandémie, une solution serait que l’industrie pharmaceutique innovante réserve une quantité spécifique de sa production de vaccins ou de traitements exclusivement aux pays en développement. Les gouvernements des pays riches pourraient intervenir pour s’assurer que les frontières restent ouvertes et que les financements et les chaînes d’approvisionnement sont en place à l’avance. En collaboration avec des fabricants de vaccins et des sociétés de biotechnologie des pays en développement, l’organisation que je dirige a récemment proposé un plan pour y parvenir : la Déclaration de Berlin. Nous appelons le G7 à travailler avec nous pour le mettre en œuvre.

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En revanche, falsifier le système IP qui nous a donné des vaccins en un temps record serait imprudent. Seth Berkley, PDG de l’alliance mondiale pour les vaccins Gavi, lorsqu’on lui a demandé en avril, devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes, quelle différence la décision de l’OMC pourrait faire sur l’effort mondial de vaccination, a répondu : « Aucune… La question critique est le savoir-faire. Les brevets n’ont pas été le facteur de blocage ici. Il parle avec autorité : avec l’UNICEF, Gavi a dirigé la distribution de plus de 1,8 milliard de vaccins contre la COVID-19 dans les pays à faible revenu.

La renonciation au vaccin était dans une large mesure symbolique, mais la renonciation à la protection de la propriété intellectuelle pour les traitements aurait un certain nombre de conséquences potentiellement dangereuses. Pour commencer, il ne répondra pas aux défis posés par la chaîne d’approvisionnement. De plus, aucune pénurie majeure d’approvisionnement en traitements ne s’est matérialisée et n’est attendue. Les entreprises innovantes ont conclu plus de 150 accords volontaires avec des fabricants de génériques dans plus de 125 pays à travers le monde, couvrant au moins 50 % de la population mondiale. Selon Airfinityla demande mondiale a été révisée constamment vers le bas et aucune preuve ne suggère que l’offre est limitée par rapport à la demande réelle.

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Les licences volontaires que les sociétés de génériques ont signées avec des sociétés innovantes, à la fois bilatéralement et par le biais du Medicines Patent Pool, garantissent des normes de fabrication de haute qualité. La dérogation compromettrait ce système, décourageant un transfert de technologie efficace et exposant les patients au risque de produits de qualité inférieure qui pourraient conduire à de nouvelles souches de COVID-19.

Plus de 60 % des traitements contre la COVID-19 traitent également d’autres affections. Bon nombre des traitements en question sont des médicaments développés à l’origine pour d’autres indications, bénéficiant aux personnes souffrant d’arthrite, de maladies cardiovasculaires, d’allergies et plus encore. Il serait impossible de limiter leur utilisation pour traiter le COVID-19. Si le brevet était compromis, cela réduirait la probabilité que les entreprises investissent du temps et de la R&D dans la réorientation et affecterait la vitesse de réponse.

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Une dérogation à la propriété intellectuelle pour les traitements COVID-19 empiéterait sur un domaine de recherche actuellement en plein essor. Jusqu’à présent seulement deux pour cent des traitements ont suivi l’ensemble du processus de R&D et ont été approuvés. Décourager cet effort, comme le ferait certainement une dérogation, nuirait aux patients mais aussi à l’économie de l’innovation. L’appropriation de la propriété intellectuelle à l’échelle proposée serait dévastatrice pour les investissements futurs dans l’innovation, avec des répercussions sur plusieurs secteurs du système de santé et au-delà. L’extension de la dérogation existante créerait également un dangereux précédent pour toutes les industries. À l’avenir, les gouvernements pourraient interpréter les «urgences de santé publique» de manière très large et exiger l’accès à de nombreuses technologies brevetées différentes, y compris dans des secteurs stratégiques qui ne sont liés qu’accessoirement à une pandémie.

La protection de la PI est essentielle pour les économies, comme celle du Canada, qui sont de plus en plus axées sur les actifs incorporels. Ce n’est pas le moment de saper un système qui nous a non seulement bien servi à lutter contre le COVID-19, mais qui a également renforcé l’économie mondiale. Des pays comme la Suisse et le Mexique posent des questions difficiles à l’OMC sur la proposition. Le Canada devrait en prendre note, examiner les preuves et s’opposer également à la dérogation de l’OMC.

Thomas Cueni est directeur général de la Fédération internationale des associations et fabricants de produits pharmaceutiques.

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