Opinion : Jusqu’à ce que nous intégrions la toxicomanie et la santé mentale, les progrès continueront de ralentir

La plupart des grands changements ne se produisent pas du jour au lendemain. Ils naissent de changements progressifs : dans la prise de conscience, dans les attitudes, dans les comportements et, enfin, dans les politiques publiques.

Il en va de même de la lente marche vers l’intégration entre le traitement de la santé mentale et celui de la toxicomanie. Une division autrefois fermement ancrée se referme, comblant très lentement le gouffre béant qui menace d’avaler les patients qui ne s’intègrent pas parfaitement d’un côté ou de l’autre.

Lorsque j’étais à la tête de la Commission de la santé mentale du Canada, il a été question de créer une organisation nationale à la hauteur du défi de lutter contre la maladie mentale et la consommation de substances. Je regrette que cela ne se soit pas concrétisé sous ma direction, car j’étais convaincu que c’était la bonne décision.

En tant que clinicienne, je me souviens de patients marchant sur une corde raide entre la santé mentale et la médecine de la toxicomanie, incapables d’accéder à un plan de traitement cohérent. L’un pas toujours indépendant de l’autre. Les traumatismes de la petite enfance qui peuvent engendrer une consommation problématique de substances ne méritent pas moins d’être étudiés que ceux qui se manifestent par des troubles de l’alimentation ou l’automutilation.

Les gens sont infiniment complexes. Mais chaque jour, alors que nous nous rapprochons un peu plus de la résolution du grand mystère du cerveau humain, nous nous rapprochons de mieux comprendre les applications pratiques de cette connaissance. Quand je pratiquais, tant de choses sur la consommation de substances étaient mal comprises ou volontairement calomniées.

Oubliez Instagram – la stigmatisation a toujours été l’influenceur ultime.

Mais là où on pensait autrefois que la maladie mentale relevait du domaine biologique et psychologique, et que la consommation de substances était biaisée vers le social et le spirituel, elle est maintenant comprise davantage comme une roue, chaque morceau du gâteau formant un tout circulaire.

Si vous omettez un aspect du diagnostic et du traitement des problèmes de santé mentale ou de la toxicomanie – ou des troubles concomitants – vous vous retrouvez déséquilibré, retardant les progrès sur la voie du rétablissement, laissant les gens au bord du gouffre.

Depuis que j’ai pris ma retraite en tant que chef de la voix pancanadienne sur la santé mentale, j’ai beaucoup réfléchi à ma décennie là-bas. Bien que nous ayons accompli beaucoup de choses — en créant la première stratégie nationale de santé mentale du Canada et la première norme psychologique en milieu de travail au monde — un travail important reste à faire.

Suggérer que la maladie mentale et la toxicomanie sont une proposition soit/ou, c’est ignorer le labour potentiel du terrain fertile où se croise notre travail. Nous savons qu’aborder les problèmes de santé mentale pendant la petite enfance ou atténuer les expériences défavorables de l’enfance peut aider à prévenir la consommation problématique de substances à l’adolescence. Il existe une relation directe entre les deux, qui est encore plus nuancée par les déterminants sociaux de la santé, comme la pauvreté et le racisme, qui engendrent des inégalités structurelles qui rendent l’accès au traitement plus difficile.

En termes de troubles concomitants, 47 pour cent des personnes vivant avec la schizophrénie ont des antécédents de troubles liés à l’utilisation de substances, tandis que 78 pour cent des personnes en traitement de toxicomanie ont eu un diagnostic psychiatrique à un moment donné de leur vie. Ces chiffres montrent le chevauchement que les praticiens ont compris depuis longtemps, mais qu’ils ont rarement été en mesure d’aborder dans les limites du système actuel.

Les solutions à ces défis ne sont pas simples, mais elles continueront de nous échapper si nous nous accrochons à des idéologies dépassées. Il existe de plus en plus de preuves concernant le traitement médical du sevrage des opioïdes. Nous reconnaissons la dépendance sévère comme une maladie du cerveau et la nécessité de traitements correspondants. Les cliniques médicales de toxicomanie à accès rapide, comme celles de l’Hôpital Royal Ottawa ou de St. Mike’s à Toronto, s’orientent vers une voie où les besoins des patients sont la boussole que le traitement et le soutien doivent suivre.

S’il doit y avoir de la place pour une diversité de voix et de perspectives, nous sommes plus forts et plus susceptibles d’être entendus en nous rassemblant.

Cela peut ne pas arriver du jour au lendemain, mais ces choses arrivent rarement.

Louise Bradley est l’ancienne présidente-directrice générale de la Commission de la santé mentale du Canada.

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