Microsoft clarifie l’une des conclusions les plus controversées du procès fédéral de la FTC

Microsoft clarifie l'une des conclusions les plus controversées du procès fédéral de la FTC

Le conseiller juridique de Microsoft explique pourquoi la société a effectué des simulations pour voir ce qui se passerait si les jeux Call of Duty et Activision n’étaient pas disponibles sur PlayStation.

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L’affaire fédérale FTC contre Microsoft a révélé de nombreuses informations intéressantes sur Xbox et l’industrie du jeu dans son ensemble. Les témoignages livrés au cours de l’audience de cinq jours ont offert un regard rare sur les machinations internes de l’activité de jeux vidéo de Microsoft, qui vaut un milliard de dollars, et sur la manière dont le conseil d’administration de la société travaille avec la direction pour créer et évaluer des accords d’acquisition. Les joueurs et les investisseurs ont découvert Projet NeutrinoProjet Denali et Xbox faux pas avec le cloud gamingmais ce cas particulier était focalisé sur une possibilité : Microsoft refuserait-il Call of Duty à PlayStation ?

Alors que Microsoft a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de refuser Call of Duty à PlayStation (cela serait, entre autres choses, ruineux pour les revenus à court et moyen terme et entraînerait un préjudice important à sa réputation), la Federal Trade Commission avait découvert ce que semblait être un argument convaincant contre les affirmations de Microsoft.

Au cours du procès, la FTC a présenté la preuve que Microsoft avait effectué des simulations spécifiques pour voir ce qui se passerait probablement si Call of Duty n’était pas sur PlayStation. Le conseil d’administration aurait demandé à Tim Stuart, directeur financier de Xbox, et à l’équipe financière d’estimer les effets tangibles de la non-disponible de la franchise de 31 milliards de dollars sur la première plateforme de jeux au monde.

La demande du conseil d’administration était une « demande secondaire » qui n’était pas réellement incluse dans le modèle de transaction du projet Denali (le projet Denali était le nom de code interne de l’acquisition d’Activision-Blizzard).

Le conseil d’administration de Microsoft aurait été intéressé de savoir ce qui se passerait si Call of Duty n’était pas sur PlayStation et, plus important encore, comment Microsoft pourrait combler le milliard de dollars de revenus qui serait perdu. Que faudrait-il pour compenser cette perte ?

Lors de l’audition des preuves, la Commission a accidentellement laissé échapper certaines des conclusions de cette évaluation particulière.

Selon l’avocat de la FTC, James Weingarten, Stuart et son équipe ont estimé que les pertes pourraient être compensées si le Game Pass augmentait d’environ 2 millions d’abonnés. Il s’agissait d’une erreur et la FTC n’était pas censée divulguer ces données, il n’y a donc plus de contexte ici.

Call of Duty est l'une des franchises de jeux vidéo les plus lucratives de tous les temps avec plus de 31 milliards de dollars de revenus générés depuis fin 2022.

Call of Duty est l’une des franchises de jeux vidéo les plus lucratives de tous les temps avec plus de 31 milliards de dollars de revenus générés depuis fin 2022.

Nous avons désormais plus de précisions sur les raisons pour lesquelles le conseil d’administration de Microsoft a formulé cette demande.

Selon le derniers appels FTC contre Microsoft déposés devant la Cour d’appel du neuvième circuit (cas n° 23-15992, dossier 55), le conseiller juridique de Microsoft explique que cette demande n’a pas été faite parce que la société avait l’intention de suspendre Call of Duty, mais comme une sorte de plan de secours au cas où les conditions demandées par Sony pour Call of Duty seraient inacceptable.

Microsoft se préparait à l’éventualité improbable selon laquelle Call of Duty ne serait effectivement pas disponible sur PlayStation à cause de Sony, et non pas parce qu’il prévoyait de conserver la franchise sur PlayStation. Les conditions défavorables pourraient inclure une répartition des revenus beaucoup plus élevée, des accords d’exclusivité (par exemple, du contenu arrivant d’abord sur PlayStation et ensuite sur Xbox, ou pas du tout sur Xbox) et des paiements initiaux.

La FTC a finalement perdu le procès et s’est vu refuser son injonction préliminaire, poussant Sony à signer un accord avec Microsoft pour conserver Call of Duty sur PlayStation. Les détails de l’accord restent inconnus, mais il semble que les conditions commerciales soient similaires à celles que Microsoft avait proposées à Sony avant le procès.

Maintenant que Sony a signé l’accord, les simulations de l’équipe financière Xbox sont sans objet. Néanmoins, le conseiller juridique de Microsoft a adressé bon nombre des principales plaintes de la FTC devant les cours d’appel, y compris cette évaluation particulièrement controversée du secteur des jeux.

Aux pages 47 et 48 du rôle, on lit :

La faiblesse de l’affaire des consoles de la FTC est soulignée par sa contestation oblique et trompeuse de la conclusion du tribunal de district selon laquelle les modèles financiers de Microsoft ne montraient aucune incitation ou intention de refuser Call of Duty à Sony.

La FTC suggère que le tribunal de district a négligé une analyse de 2022 sur la façon dont Microsoft « pourrait récupérer la perte potentielle des revenus d’Activision provenant des jeux vendus sur la PlayStation de Sony », Br.31. Ce que la FTC oublie cependant de mentionner, c’est la motivation de cette analyse : non pas pour élaborer une stratégie de retenue, mais pour répondre aux craintes que Sony n’utilise sa position dominante pour exiger des conditions commerciales défavorables de la part de Microsoft.

En plus d’ignorer ce contexte, la FTC dénature à la fois le scénario réel modélisé par Microsoft (une réduction SUPPRIMÉE de la part de Microsoft des revenus de Call of Duty, sans retenue pour Sony, id.) ; et la réponse concurrentielle proposée par Microsoft (vendre Call of Duty sur plus de plates-formes plutôt que sur moins).

Libérées du cadre révisionniste de la FTC, ces preuves concordent parfaitement avec les conclusions du tribunal selon lesquelles Microsoft n’a jamais modélisé une stratégie d’exclusivité ; qu’il a systématiquement évalué l’accord sur la base des ventes continues sur PlayStation, le marché le plus important et le plus précieux de Call of Duty ; et qu’il serait « financièrement impossible » pour Microsoft de surmonter la perte des ventes de Call of Duty sur PlayStation.

Source-122