Les livres d’images peuvent tout faire. Aujourd’hui, ils abordent des sujets largement ignorés pendant mon enfance, comme la conscience socio-émotionnelle.
Quand j’étais jeune, nous avions Alexander et sa « terrible, horrible, pas bonne, très mauvaise journée », qui a donné envie à de nombreux lecteurs de déménager en Australie (où, imagine le protagoniste, personne n’a de mauvais jours). Bien sûr, nos étagères contenaient des livres sur plus que la malchance d’une mauvaise journée, mais maintenant nous voyons des livres d’images qui abordent de manière sensible et nuancée presque toutes les émotions sous le soleil.
Les meilleurs d’entre eux reconnaissent avec respect la vie intérieure des enfants. En voici quatre qui rendent hommage à ceux qui cherchent du temps seuls.
L’OURS N’EST JAMAIS SEUL (Eerdmans, 32 pp., 17,99 $, 4 à 8 ans), écrit par Marc Veerkamp, illustré par Jeska Verstegen et traduit par Laura Watkinson, est une importation hollandaise. Bear est un pianiste qui joue pour les animaux de la forêt. Quand il déclare qu’il est temps pour lui de faire une pause, ils le poursuivent, exigeant plus. Bear se recroqueville en boule et essaie de les convaincre qu’il n’est pas là, ce qui fait fuir tout le monde. Zebra propose de lire à Bear en signe de gratitude pour toute la musique qu’il a partagée. Les deux décident d’être « seuls ensemble ».
L’art monochromatique des techniques mixtes de Verstegen possède la texture granuleuse et les tons sombres des fusains. Des touches de rouge sobres et subtiles offrent un équilibre visuel.
Sur plus d’une douzaine de pages, elle crée le chaos via des diffusions magistralement composées et au rythme rapide qui dépeignent la poursuite de Bear par les animaux. Cela rend l’acte final de l’histoire d’autant plus satisfaisant, alors que nous nous arrêtons pour assister à la reconnaissance respectueuse d’un ami que la paix et la tranquillité sont parfois la réponse.
Dans SNAIL TRAIL (Cigale, 32 p., 16,99 $, 3 à 6 ans), écrit par Ziggy Hanaor et illustré par Christos Kourtoglou, Marjorie l’escargot cherche la solitude quand elle se sent triste ou pensive. Ou quand elle trouve simplement « tout le monde un peu trop ». Cette tranquillité lui procure des délices sensoriels, tels que « le murmure du vent et le bourdonnement de la vie tout autour ».
Un jour, elle se perd. Mais au lieu de demander à quelqu’un de sauver Marjorie et de la ramener chez elle, Hanaor lui fait rencontrer un ami qui comprend la joie de s’asseoir « en silence au soleil ».
Venez pour la narration empathique. Restez à vous pencher sur les façons inventives dont l’illustrateur grec Kourtoglou anthropomorphise les escargots.
Nadine Brun-Cosme et Olivier Tallec, fréquents collaborateurs tous deux français, dressent le portrait d’un trio de besties qui penser ils font tout ensemble dans LAPIN, CANARD ET GROS OURS (Random House Studio, 40 pp., 18,99 $, 4 à 8 ans).
Il y a un chemin dans la forêt que ces trois évitent collectivement, mais il s’avère que Big Bear et Duck aiment chacun passer du temps seul sous un sapin sur le chemin. Le lapin, lui aussi, commence à apprécier le calme que cet endroit dans la nature apporte : son étouffement des « sons du monde ».
L’histoire drôle et touchante de Brun-Cosme – marquée par la palette saisissante de sarcelles saturées, de rouges et de verts de toutes les nuances de Tallec – s’ouvre sur « Ils font tout ensemble » et se termine sur « Ils font presque tout ensemble.
La petite fille en PARFOIS C’EST BIEN D’ÊTRE SEUL (Neal Porter/Holiday House, 40 pp., 18,99 $, 4 à 8 ans)écrit par Amy Hest et illustré par Philip Stead, apprécie également la solitude, en partie parce qu’elle renforce le plaisir fortuit d’un ami qui passe.
Hest construit son histoire avec une charmante répétition et des fioritures évocatrices. L’art monoprint texturé de Stead ajoute au récit de Hest de manière divertissante. Les planches qui incluent un petit animal en peluche sont suivies de planches dans lesquelles cet animal a pris vie en tant qu ‘ »ami » qui apparaît. (L’enfant tourne, les bras écartés, dans un tas de feuilles d’automne tourbillonnantes, son dinosaure jouet à Sur la page suivante, elle est en équilibre sur un pied au sommet d’un dinosaure grandeur nature.) En tournant les pages, attendez-vous à des halètements de plaisir. Et ne manquez pas le deuxième pingouin sur le rabat de la veste à la fin.
Les enfants introvertis sont souvent mal compris. Heureusement, ces livres d’images capturent à quel point le temps seul peut transformer une journée terrible, horrible, pas bonne, très mauvaise en une journée splendide.
Julie Danielson est la créatrice du blog de livres d’images « Seven Impossible Things Before Breakfast » et co-auteur, avec Betsy Bird et Peter D. Sieruta, de « Wild Things! Actes de méfait dans la littérature pour enfants.