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Maalouf ne propose aucune carte dans ce livre. C’est peut-être intentionnel. Dans ce monde, des lieux comme Sijilmassa, Ouarzazate (porte du désert), Tabalbala et les mines de sel de Taghaza sont aussi familiers que Tombouctou, Fès, Le Caire et Rome. Une carte ne servirait qu’à renforcer nos préjugés sur l’importance et la continuité de ces lieux lorsque le récit est une succession de discontinuités qui s’accélèrent. Les politiques réelles avaient des frontières floues déterminées par les fortunes de la guerre et les bourses des seigneurs de la guerre, luttant constamment pour payer leurs armées. C’était le monde de Hasan ibn Muhammad al-Wazzan, Hasan le Grenaden, baptisé par le pape Léon X sous le nom de Jean Léon de Médicis, et maintenant connu sous son nom de plume Leo Africanus.
Le livre est écrit sous la forme d’un mémoire adressé à Guiseppe (né à Rome) — ou à Yusuf si l’on préfère la version arabe, le fils d’Hasan. Il est divisé en quatre sections : Le Livre de Grenade (1489-1494), Le Livre de Fès (1495-1513), Le Livre du Caire (1513-1519) et le Livre de Rome (1519-1527). Dans chaque section, les chapitres sont étiquetés par année selon le calendrier lunaire musulman. Malgré cette progression chronologique simple, les événements historiques sont désorientants. Peu de lecteurs occidentaux connaissent les acteurs clés de la vie d’Hasan. Combien d’entre vous connaissent Boabdil (Muhammad XII, sultan exilé de Grenade), Mahomet le Portugais (Mohammed al-Burtuqali, sultan de Fès), Al-Ashraf Tumanbay (Tumanbay II, le dernier sultan du Caire), ou Salim le Grim (Salim Ier, Sultan de l’Empire ottoman) ? Soliman le Magnifique peut toucher une corde sensible, mais peut-être seulement dans le contexte de sa défaite aux portes de Vienne en 1529. Pourtant, chacun de ces hommes avait une personnalité et un programme politique distincts qui ont affecté le cours de l’histoire.
Ma lecture rapide des deux premières sections m’a causé une certaine confusion initiale. De nombreux événements sont antérieurs à la naissance d’Hasan ; d’autres surviennent au cours de sa petite enfance. Il raconte l’histoire à travers le point de vue de sa mère Salma, de son père Muhammed et de son oncle maternel Khali, et le point de vue à la première personne n’est pas exprimé de sa propre voix. Sa voix assume la narration alors qu’il atteint l’adolescence. Il développe des amitiés avec deux garçons improbables en tant qu’étudiant, l’intelligent Harun le furet et l’énigmatique Ahmad le boiteux. Il rencontre et refoule ses premiers émois sexuels avec sa demi-soeur Mariam. Il est séparé de son père et ne développe de la sympathie pour sa situation difficile que jusqu’à l’âge adulte.
Ces travaux domestiques sont intégrés aux observations d’Hasan dans une caravane où il accompagne son oncle maternel Khali. Cependant, Maalouf évite l’exotisme d’un récit de voyage, bien qu’il raconte quelques histoires fantastiques glanées auprès de certaines des personnes qu’ils rencontrent. Au lieu de cela, le roman de Maalouf tire une grande partie de sa saveur des observations judicieuses de Hasan. Il décrit l’avancée de Ferdinand après avoir pris possession de l’Alhambra. « Une guerre majeure s’est déroulée, que les musulmans n’ont pas pu gagner, mais que, s’ils n’avaient pas pu l’éviter, ils auraient au moins pu retarder. Elle devait durer dix ans et se terminer de la manière la plus ignominieuse possible. De plus, elle s’est accompagnée d’une guerre civile sanglante et démoralisante, si souvent le sort de royaumes en voie d’extinction. (p.18) Il réfléchit au déclin intellectuel précipité par la guerre civile. « Et puis vint le dessèchement de l’Esprit et de la plume. Pour se défendre contre les idées et les coutumes des Francs, les hommes ont fait de la Tradition une citadelle dans laquelle ils s’enferment. Grenade ne pouvait produire que des imitateurs sans talent ni audace. (p.37)
Maalouf affiche son don pour la narration à travers les voix de ses personnages. Le père d’Hasan, Muhammed, décrit le malaise pendant le règne de Boabdil : « En ce jour d’automne, les feuilles jaunissantes étaient plus solidement attachées aux arbres que les notables de Grenade à leur monarque. La ville était divisée comme elle l’avait été pendant des années, entre le parti de la paix et le parti de la guerre, dont aucun n’a fait appel au sultan. (p.24)
Maalouf imprègne Hasan d’une boussole morale calme mais stable. Malgré ses instincts politiques qui favorisent une victoire ottomane qui libérerait Grenade de la domination espagnole, il met en garde ses hôtes au Caire contre une attaque ottomane imminente afin de protéger la vie de sa femme circassienne et de son fils Bayezid, un descendant de la lignée royale ottomane. .
À Rome, il est capable de concilier ses croyances islamiques avec celles de ses hôtes chrétiens, trouvant un terrain d’entente bien qu’inconfortable avec même son élève Hans, un partisan enthousiaste de Martin Luther. Plus tard, le pape Clément VII sonde ses croyances religieuses : « La religion n’aurait-elle pas été le meilleur de tous les modes de vie pour un homme cultivé et instruit comme vous ? » Hassan répond : « Parler de religion en présence du Saint-Père, c’est comme parler de sa fiancée en présence de son père. » Pressé, il poursuit : « ‘Si le chef de l’Église ne m’écoutait pas, je dirais que la religion enseigne l’humilité aux hommes, mais qu’elle n’en a pas elle-même. Je dirais que toutes les religions ont produit à la fois des saints et des meurtriers, avec une bonne conscience également. Que dans la vie de cette ville, il y a les années Clément et l’Adrien [the preceding pope, an intolerant zealot and former inquisitor] années, entre lesquelles la religion ne vous permet pas de choisir… Les musulmans apprennent que le meilleur des hommes est le plus utile à l’humanité mais malgré de telles paroles, ils honorent parfois les faux fanatiques plus que les vrais bienfaiteurs. (p.329) Pour Maalouf, l’humilité est le fondement de la religion.
Ce n’était pas un livre facile à lire. J’ai passé beaucoup de temps à rechercher les personnages et les événements historiques afin d’obtenir un certain contexte. Sa prose est plus contemplative que dramatique. Même un épisode sur sa nouvelle épouse Fatima suscite plus de gaieté intellectuelle que de rire pur et simple. Néanmoins, il s’agit d’un livre important écrit par un auteur qui a profondément réfléchi à la façon dont nous voyons l’histoire et à notre responsabilité envers une perspective humaniste.
REMARQUES:
https://www.florish.org/upsidedownmap est un examen intéressant de la perspective d’une carte à l’envers.
http://pen-international.org/news/in-… un entretien avec l’auteur, réalisé en 2014
http://authorscalendar.info/maalouf.htm fournit un profil succinct de l’auteur
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