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Tokyo redux David Paix

Une conclusion étonnante à la trilogie


Tokyo est la ville la plus moderne des villes, la métropole dotée d’une puce électronique où les distributeurs automatiques et les sièges des toilettes semblent avoir suffisamment d’intelligence artificielle pour battre un grand maître russe aux échecs. Mais cette hypermodernité s’est accompagnée d’un extraordinaire renoncement à la violence par une société longtemps considérée comme synonyme d’elle. L’armée n’a, selon la loi, aucune arme offensive – pas un seul missile balistique ou nucléaire – tandis que Tokyo, selon de nombreux indicateurs, est la ville la plus sûre du monde.

La trilogie tokyoïte de David Peace peut être lue comme une allégorie de cette transformation. Pour les détectives, politiciens, gangsters et geishas qui peuplent ces romans – Tokyo Year Zero (2007), Occupied City (2009) et maintenant le dernier volet, Tokyo Redux – le passé est une zone de violence qui borde dangereusement le présent.

Tokyo Redux concerne ce que les Japonais appellent « l’incident de Shimoyama » : la mort de Shimoyama Sadanori, le premier chef des JNR (Japanese National Railways), dont le corps a été retrouvé démembré par une locomotive en 1949. C’est le mystère parfait pour la Paix. Le licenciement de 30 000 travailleurs par Shimoyama a fait de lui une cible pour les syndicats, permettant à Peace de poursuivre sa fascination pour le monde conspirateur de la politique industrielle, comme il l’a fait en 2004 dans GB84, un récit fictif de la grève des mineurs. Que JNR, avec ses trains à grande vitesse emblématiques, devienne le réseau ferroviaire le plus admiré au monde, un emblème du Japon futuriste, signifie que le meurtre présumé de son chef fondateur est chargé de symbolisme, un carrefour où l’ancien Japon arrête le nouveau brillant un dans son élan.

La répétition et la rime, des techniques de paix fiables (certains pourraient dire des tics), donnent à la prose un rythme incantatoire et une sensation épique. Cela dérive souvent en bathos (l’anneau du livre de recettes de «douse» et «souse» sape quelque peu un moment sombre). Le japonais est une langue typiquement onomatopée ; le sens est transmis en se rapprochant du son des choses, des sentiments, voire des idées. Peace canalise cette qualité phonétique, créant des leitmotivs pour souligner ses thèmes clés. Ainsi, le ton-ton, le martèlement répétitif de la construction des Jeux Olympiques, est le « bruit du futur » dans lequel le Japon cherche à se présenter au monde comme un phare de paix. Mais derrière est l’inoubliable écho de l’ancien monde : shu-shu pop-po, un train à grande vitesse ou les os de Shimoyama qui claquent. De nombreux romans sont qualifiés de « polyphoniques », mais la trilogie tokyoïte de Peace, désormais complète, l’est vraiment, invoquant brillamment plusieurs voix dans le paysage sonore d’une ville en proie à des changements sismiques.

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