Les conditions météorologiques extrêmes pourraient coûter aussi cher que d’investir dans la réduction des émissions de carbone dès que possible

Récemment, un réseau de groupes de modélisation climatique a montré qu’il coûterait plus cher de dépasser les objectifs de température de l’Accord de Paris que de rester sur une trajectoire de basse température. Le même jour, cette collaboration a également publié des travaux montrant que les risques supplémentaires de dépassement proviennent en partie de l’augmentation des conditions météorologiques extrêmes qui s’ensuit. Ces études sont deux des quatre publiées cette année ; ensemble, ils fournissent les projections les plus complètes des exigences et des implications du chemin que nous empruntons pour atteindre nos objectifs de température de fin de siècle.

L’article s’est concentré sur les aspects économiques de la réalisation des objectifs de température de Paris, en particulier le coût des actions d’atténuation et l’impact sur le PIB mondial, n’a pas été conçu pour projeter les impacts environnementaux. En fait, la plupart des modèles économiques n’intègrent pas ce niveau de complexité et, par conséquent, ils sous-estiment les coûts globaux. Mais cette analyse supplémentaire projette non seulement dans quelle mesure les conditions météorologiques extrêmes vont augmenter, mais aussi comment cela affectera les rendements des cultures dans le monde.

« Les scénarios de décarbonation revus par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans les derniers rapports d’évaluation ne tiennent pas compte du retour d’expérience des impacts climatiques. La raison principale est que [there are] de nombreuses incertitudes entourent les impacts géophysiques et économiques du changement climatique, rendant leur intégration difficile dans la conception des voies de décarbonation », a écrit le premier auteur, le Dr Laurent Drouet, dans un e-mail à Ars Technical. Drouet est chercheur à l’Institut européen d’économie et de l’environnement RFF-CMCC, à Milan, en Italie. « Mais maintenant, [our] la recherche se concentre sur l’amélioration de la représentation de ces impacts et la production de résultats plus faciles à intégrer dans les modèles d’atténuation.

Les conclusions générales sont similaires : le dépassement des objectifs de température entraînera davantage de dommages environnementaux et des coûts supplémentaires en plus de ceux projetés par des modèles plus axés sur l’économie. Ce travail met également en évidence le fardeau inégal de ces conséquences et quelles nations seront les plus touchées.

Risques météorologiques extrêmes

Comme les travaux connexes, cette étude fait partie de l’effort le plus important à ce jour pour modéliser systématiquement les coûts et les avantages de la limitation pure et simple du réchauffement. Ceci est comparé au fait de permettre aux températures de dépasser temporairement les objectifs de Paris et de compter sur l’élimination massive du dioxyde de carbone dans la seconde moitié du siècle pour compenser. Dans cet article, des chercheurs spécialisés dans la modélisation des effets environnementaux ont pris les devants, mais la collaboration a de nouveau projeté des scénarios futurs à l’aide de neuf modèles d’évaluation, ainsi que des analyses supplémentaires pour explorer plus en détail les effets météorologiques extrêmes.

Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles il pourrait ne pas être réaliste ou éthique de compter sur la correction du climat plus tard ce siècle après avoir dépassé les objectifs de température. Mais la majorité des modèles—et des discussions politiques—se fondent sur cette voie. Ces deux études récentes font partie d’un corpus croissant de travaux montrant les avantages d’éviter le besoin de correction en premier lieu.

Dans l’une de ces analyses, il a été constaté que la croissance économique de base bénéficiait d’éviter les dépassements. Mais l’économie ne capture pas tout ; les auteurs notent que l’une des raisons de la prédominance des scénarios de « dépassement » est que ces modèles n’intègrent souvent pas les avantages environnementaux de la minimisation des conditions météorologiques extrêmes, telles que leurs impacts sur l’agriculture. Avec ceux-ci inclus, la balance penche encore plus loin en faveur de la minimisation immédiate du réchauffement.

Vagues de chaleur, sécheresse et pertes de récoltes

Les chercheurs ont projeté les effets maximaux sur la durée et la fréquence des vagues de chaleur, la fréquence des sécheresses, les besoins énergétiques (pour le chauffage et le refroidissement) et les pertes de récoltes pour le maïs, le riz, le soja et le blé. Dans tous ces cas, il y avait des impacts négatifs associés à chaque 0,1°C de réchauffement. Les scénarios de dépassement étaient légèrement pires que ceux qui maintenaient les températures basses, mais le facteur le plus important était de maintenir l’augmentation globale de la température aussi basse que possible.

Les auteurs ont également agrégé les estimations d’autres études récentes pour explorer les relations entre la température et la croissance du PIB, et pour réduire les projections au niveau régional (par opposition au niveau mondial). À partir de cette analyse, ils ont découvert que l’augmentation des vagues de chaleur avait l’impact le plus grave et que celles-ci affectaient de manière disproportionnée le Brésil et l’Afrique de l’Ouest et australe.

« Les régions tropicales souffriront plus que les autres régions avec un dépassement de température, et leur risque climatique augmentera beaucoup plus, c’est-à-dire que le dépassement de température permettra la possibilité d’impacts d’une amplitude beaucoup plus élevée pour ces régions », a écrit Drouet.

« L’objectif ultime est de rassembler les conclusions des deux groupes de travail du GIEC (GT2-Impacts et GT3-Atténuation)», a ajouté Drouet. « Notre recherche initie ce mouvement ; et nous montrons que si nous tenons compte des impacts du dépassement de température, la conception des voies d’atténuation favoriserait plutôt les voies d’émission nettes zéro. »

Les auteurs notent également que cette étude vise à ne saisir que certains des effets environnementaux potentiels et, par conséquent, ils pensent que leurs projections sous-estiment probablement encore l’impact économique. Il ne sera peut-être jamais possible d’explorer tous les compromis avec un seul modèle, mais en combinant un si grand nombre de ces modèles avec des analyses supplémentaires du climat et des dommages, ce travail combine certains des meilleurs outils disponibles pour les scientifiques à l’heure actuelle.

Nature Changement climatique, 2021. DOI : 10.1038/s41558-021-01218-z

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