lundi, novembre 4, 2024

Le dégel du pergélisol expose d’anciens agents pathogènes et de nouveaux hôtes

L’Arctique, ce terrain gelé de 5,5 millions de kilomètres carrés éloigné et en grande partie intact, se réchauffe rapidement. En fait, il se réchauffe près de quatre fois plus vite que le reste du monde, avec des conséquences désastreuses pour la région et ses habitants. Vous connaissez probablement bon nombre de ces impacts grâce aux documentaires sur la nature : la fonte des calottes glaciaires, l’élévation du niveau de la mer et la disparition des ours polaires. Mais bonne nouvelle ! Il y a un autre effet d’entraînement dont il faut s’inquiéter : le réchauffement du paysage recâble la dynamique virale, avec le potentiel de libérer de nouveaux agents pathogènes.

Une conséquence sous-estimée du changement climatique est la façon dont il exacerbera la propagation des maladies infectieuses. Au fur et à mesure que le monde se réchauffe, de nombreuses espèces devraient monter des bâtons et serpenter à plusieurs kilomètres de leur habitat typique, emportant avec elles divers agents pathogènes. Cela signifie que des virus et des hôtes auparavant inconnus se rencontreront pour la première fois, ce qui pourrait entraîner un débordement viral, où un virus passe d’un hôte réservoir à un nouveau, comme notre vieil ami SARS-CoV-2.

Et une partie du monde où cela a de bonnes chances de se produire est l’Arctique. Dans un nouvel article publié dans la revue Actes de la Royal Society B, un groupe de chercheurs de l’Université d’Ottawa a tenté de quantifier le risque de débordement dans la région. Ils se sont rendus au lac Hazen, un lac d’eau douce au Canada situé à l’intérieur du cercle polaire arctique, et ont prélevé des échantillons de sol et de sédiments lacustres, avant de séquencer le matériel génétique de ces échantillons pour identifier les virus présents. Ils ont également séquencé les génomes d’hôtes potentiels dans la région, y compris des animaux et des plantes.

Ils ont ensuite essayé d’évaluer la probabilité qu’un virus puisse se propager dans une nouvelle espèce. Pour ce faire, ils se sont penchés sur l’histoire génétique d’un virus et de son hôte typique. Si un hôte et un virus présentent des schémas similaires dans leur évolution, cela suggère qu’ils vivent en tandem depuis longtemps et que le virus n’a pas tendance à se déplacer vers d’autres espèces. Si leurs schémas d’évolution sont très différents, cela suggère que le virus a passé du temps à vivre dans d’autres hôtes, a déjà sauté et est plus susceptible de recommencer.

Connaissant la propension des virus dans la région à déplacer des espèces, ils ont ensuite utilisé un algorithme informatique pour estimer comment le changement climatique modifierait la probabilité qu’ils le fassent. Ils ont utilisé le flux croissant d’eau de fonte des glaciers voisins comme indicateur de l’augmentation des températures, et ont constaté qu’à mesure que les températures augmentent et que le ruissellement des glaciers augmente, le risque de virus dans la région qui saute les hôtes augmente avec lui. Pourquoi? Au fur et à mesure que l’eau de fonte afflue dans le lac, elle charrie et dépose des sédiments qui perturbent la population du lac et, en perturbant ce milieu, accélèrent l’évolution des pathogènes contre les défenses immunitaires de leurs hôtes.

Une mise en garde importante est qu’il n’est pas possible de donner une réponse définitive sur ce qui se passera réellement. « Nous ne pouvons pas dire : ‘Nous allons avoir de graves problèmes de pandémie dans l’Extrême-Arctique’ », explique Stéphane Aris-Brosou, auteur de l’article et professeur agrégé de biologie à l’Université d’Ottawa. Le travail consiste simplement à quantifier le risque qu’un débordement se produise. « Il est absolument impossible de prévoir ce genre d’événement. »

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