Le CRTC demande à Radio-Canada de s’excuser pour un langage offensant à l’antenne

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MONTRÉAL — Le CRTC a statué que Radio-Canada doit s’excuser et revoir ses pratiques après qu’un animateur et commentateur ait utilisé à plusieurs reprises le mot N à l’antenne en 2020.

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Dans une décision datée de mercredi, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes a déclaré que le radiodiffuseur public avait violé les objectifs et les valeurs de la politique canadienne de radiodiffusion.

Il n’a pas non plus fait assez pour atténuer l’effet que le mot pourrait avoir sur son public, « en particulier dans le contexte social actuel et compte tenu de son statut de radiodiffuseur public national », lit-on dans la décision.

La décision découle d’un épisode de 2020 d’une émission de radio dans laquelle le commentateur Simon Jodoin et l’animatrice Annie Desrochers ont discuté d’une pétition pour exiger le renvoi d’un professeur de l’Université Concordia qui avait cité un livre célèbre avec le mot N dans le titre.

Au cours de la discussion, Jodoin et Desrochers ont répété à plusieurs reprises le titre complet de la version controversée de 1968 de Pierre Vallières sur l’histoire du Québec.

Un auditeur a déposé une plainte auprès du CRTC après s’être d’abord fait dire par l’ombudsman de Radio-Canada que l’utilisation du mot dans ce contexte précis ne contrevenait pas à ses normes et pratiques journalistiques.

« Dans sa plainte, le plaignant dénonçait, entre autres, le fait que le commentateur de l’émission ait mentionné le titre complet du livre et, par conséquent, le ‘N-word’, à plusieurs reprises à l’antenne, sans fournir d’avertissement. ou une explication du bagage associé à ce mot », lit-on dans la décision.

« Il a ajouté qu’une personne historiquement affectée par le terme aurait dû être invitée à la discussion pour parler de l’impact de l’utilisation du mot. »

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Nous nous excusons, mais cette vidéo n’a pas pu se charger.

L’ombudsman de Radio-Canada avait convenu que le mot N est « une insulte inexacte et déshumanisante », mais n’estimait pas qu’il devrait être interdit dans tous les contextes, comme dans les cas où l’exigence de clarté justifie son utilisation.

Le CRTC a reconnu que le mot n’était pas utilisé de manière discriminatoire dans le contexte du segment, mais plutôt pour citer le titre d’un livre.

Cependant, il a conclu que Radio-Canada n’avait pas fait preuve de « respect et de sensibilité suffisants » envers les communautés touchées par l’insulte, ce qui aurait pu être réalisé en utilisant d’autres mots ou en présentant un avertissement avertissant les auditeurs d’un contenu potentiellement offensant.

Deux commissaires sont en désaccord avec l’opinion majoritaire, dont Caroline Simard, vice-présidente à la radiodiffusion. Simard a déclaré que ses collègues n’avaient pas tenu compte des protections en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.

« En l’absence de commentaires discriminatoires de la part de l’animateur et du commentateur, la décision majoritaire n’a pas, à mon avis, appliqué la loi existante élaborée par la Cour suprême du Canada à l’effet qu’il n’y a pas de droit de ne pas être offensé en vertu du droit de liberté d’expression protégée par la Charte canadienne et la Loi (sur la radiodiffusion) », a-t-elle écrit.

On a dit à Radio-Canada de s’excuser par écrit auprès du plaignant et de soumettre un plan pour s’assurer qu’elle s’occupe mieux de problèmes similaires à l’avenir.

Le CRTC a également donné au diffuseur jusqu’au 29 juillet pour dire comment il compte atténuer l’impact du mot dans le segment en cause, qui est toujours disponible en ligne.

Dans son rapport sur la décision, Radio-Canada cite Marc Pichette, directeur des relations publiques du radiodiffuseur, affirmant que la question est complexe et qu’elle étudiera la décision du CRTC et les opinions dissidentes.

« Radio-Canada reconnaît que l’utilisation du ‘mot N’ est offensante. C’est pourquoi nous avons établi des lignes directrices et limité son utilisation sur nos ondes », a déclaré Pichette. Le diffuseur prendra le temps nécessaire « pour étudier en profondeur la décision du CRTC » et décider d’une réponse, a-t-il précisé.

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