La Russie se retire du port spatial européen, abandonnant un lancement prévu

Agrandir / Des ouvriers russes assemblent une fusée Soyouz pour le lancement de satellites pour l’Agence spatiale européenne en décembre 2021.

La Russie a décidé de suspendre sa coopération avec les responsables européens du lancement et annonce qu’elle retirera son personnel du principal port spatial européen.

Le chef de la principale société spatiale russe, Dmitri Rogozine, a annoncé la décision sur Twitter Samedi matin, affirmant que son pays répondait aux sanctions imposées à la Russie par l’Union européenne. L’Europe, les États-Unis et d’autres pays du monde ont imposé des sanctions importantes à la Russie cette semaine après l’invasion non provoquée de l’Ukraine par ce pays.

Environ deux douzaines de techniciens et ingénieurs russes travaillent dans des installations russes en Guyane française. C’est dans ce port spatial, appelé Centre spatial guyanais, que l’Europe lance sa flotte de fusées orbitales, dont une version « européanisée » du véhicule russe Soyouz pour des missions de transport moyen. Les Russes travaillaient à la préparation d’une fusée Soyouz pour lancer deux satellites Galileo pour l’Union européenne le 6 avril.

L’Europe a dépensé 10 milliards de dollars pour développer le système de navigation indépendant Galileo, qui compte désormais plus de deux douzaines de satellites en orbite. Le véhicule Soyouz a également lancé des éléments du réseau européen Copernicus de satellites d’observation de la Terre.

En réponse à l’action de la Russie, le commissaire européen à l’espace Thierry Breton a publié samedi une déclaration indiquant qu’il n’y aurait aucune conséquence pour les constellations Galileo ou Copernicus en termes de continuité ou de qualité de service. La suspension de la coopération par la Russie n’aurait pas non plus, a-t-il dit, d’impact sur leur développement.

« Nous prendrons toutes les décisions pertinentes en réponse à cette décision en temps voulu et continuerons résolument à développer la deuxième génération de ces deux infrastructures spatiales souveraines de l’UE », a déclaré Breton. « Nous sommes prêts à agir de manière décisive, avec les États membres, pour protéger ces infrastructures critiques en cas d’agression, et continuer à développer Ariane 6 et Vega C pour assurer l’autonomie stratégique de l’Europe dans le domaine des lanceurs. »

Cependant, la décision russe met l’Union européenne dans une certaine impasse. Les petites fusées européennes Vega ne sont pas assez puissantes pour soulever les satellites Galileo et Copernicus sur leurs orbites. Et le véhicule de transport lourd du continent, Ariane 5, est retiré au profit de la fusée Ariane 6, plus efficace et plus économique. Cependant, tous les lancements d’Ariane 5 restants sont réservés et la fusée Ariane 6 ne deviendra probablement pas opérationnelle avant au moins 2023.

On ne sait donc pas quelles mesures l’Europe pourrait prendre dans l’intervalle, si elle devait lancer rapidement un satellite Galileo ou Copernicus. La seule entreprise occidentale disposant d’une capacité de réserve pour une telle mission est probablement la société américaine SpaceX, mais l’Europe semble peu susceptible de soutenir un concurrent de son industrie de lancement institutionnelle.

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