Joe Oliver: la réforme des soins de santé pourrait être la doublure argentée de COVID

Le COVID-19 a révélé à la fois l’incapacité des systèmes à faire face à une demande supplémentaire et les graves conséquences lorsqu’ils ne peuvent pas

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Les soins de santé ont longtemps été le troisième rail de la politique canadienne. Aucun politicien n’ose contester la certitude religieuse que notre système est inviolable, même si seuls la Corée du Nord et Cuba sont aussi rigides en interdisant au secteur privé de participer – sont-ils vraiment la compagnie que nous voulons garder ? – et même si nous dépensons plus d’argent pour des résultats manifestement moins bons que d’autres pays développés. La Realpolitik dicte qu’un changement fondamental ne se produira pas sans une crise financière. Cela peut prendre un certain temps, mais semble inévitable, car les coûts des soins de santé accaparent des parts toujours plus importantes des budgets provinciaux, en raison d’un équipement plus coûteux et d’une population vieillissante.

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La crise pourrait cependant arriver plus tôt que prévu. Le COVID-19 a révélé à la fois l’incapacité des systèmes à faire face à une demande supplémentaire et les graves conséquences lorsqu’ils ne le peuvent pas. À l’heure actuelle, le problème critique est le nombre insuffisant d’unités de soins intensifs dotées de personnel. L’Ontario compte une unité de soins intensifs pour 6 000 habitants, soit les deux tiers de la moyenne américaine d’une unité pour 4 100 habitants.

Parce que nos gouvernements craignaient que la capacité des hôpitaux ne soit dépassée, la réponse du Canada à la pandémie a été l’une des plus restrictives au monde. Selon « l’indice de rigueur » de Our World in Data, nous nous classons au huitième rang sur 185 pays. Nous devançons même la Chine, qui suit actuellement une stratégie « zéro Omicron ». Les confinements, les fermetures d’écoles et d’entreprises, un couvre-feu au Québec et les discussions sur les vaccinations obligatoires et d’autres limitations potentiellement inconstitutionnelles des libertés civiles font des ravages dans la vie des Canadiens. Les conséquences ont été dévastatrices pour l’éducation, la santé mentale des enfants et des adultes vulnérables, les chirurgies et diagnostics de routine, les petites entreprises, les travailleurs à faible revenu et les communautés marginalisées, et une grande partie des dommages est susceptible de durer longtemps.

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Il est indéniable que les soins de santé médiocres du Canada se classent parmi les pays du premier monde (bien que cela ne reflète pas le haut calibre de notre personnel médical). Le rapport 2021 du Commonwealth Fund, basé aux États-Unis, a comparé les systèmes de 11 pays développés. Le Canada se classe au 10e rang, même si nous consacrons 10,8 % de notre PIB aux soins de santé. La Norvège, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Australie et la Nouvelle-Zélande dépensent tous moins que nous et obtiennent de meilleurs résultats, tandis que les États-Unis dépensent le plus, à 16,8 % du PIB, mais terminent derniers du classement. Il n’y a donc pas de corrélation simple entre les dépenses et les résultats, ce qui est une chance car les soins de santé deviennent rapidement trop chers.

En novembre dernier, l’Institut Fraser a publié une étude comparant le Canada à 27 autres pays de l’OCDE à revenu élevé dotés de systèmes de soins universels. Après ajustement en fonction de la part de la population âgée de plus de 65 ans, le Canada se classe au deuxième rang pour le coût des soins de santé en pourcentage du PIB et au huitième rang pour le coût par habitant. Pourtant, notre performance a été évaluée comme allant de modeste à médiocre. Par exemple, nous nous sommes classés 26e pour le nombre de médecins par millier d’habitants, 25e pour les lits d’hôpitaux et dixième sur dix pour les temps d’attente chez les spécialistes. L’enquête du Fraser Institute auprès des médecins spécialistes a signalé l’année dernière un temps d’attente médian de 25,6 semaines entre la recommandation d’un médecin généraliste et la réception d’un traitement médicalement nécessaire. C’est presque trois fois plus longtemps qu’en 1993, lorsque l’attente médiane n’était « que » de 9,3 semaines. Le COVID-19 a évidemment aggravé les choses, mais les temps d’attente ont augmenté selon une tendance de trois décennies.

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Deux autres sources étayent le classement médiocre du Canada. L’indice des soins de santé du magazine CEOWorld place le Canada au 23e rang mondial, tandis que Numbeo, une base de données collaborative en ligne, place le Canada au 26e rang dans son indice des soins de santé.

Une approche Nixon-goes-to-China, dans laquelle un premier ministre libéral réforme les soins de santé, ne se produira pas sous notre gouvernement fédéral actuel de gauche, à moins d’une crise budgétaire, c’est-à-dire. Et aucun gouvernement provincial (autre que celui du Québec, selon toute vraisemblance) ne peut trop s’éloigner de la Loi canadienne sur la santé par crainte de sanctions financières fédérales.

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C’est donc aux gens de décider, et leurs points de vue changent. Même avant la COVID, la confiance dans les soins de santé en tant qu’élément de l’identité canadienne s’effritait alors que les Canadiens étaient confrontés à la médecine de couloir et aux longues listes d’attente pour une chirurgie élective. La semaine dernière, nous avons lu dans ces pages qu’un sondage Léger a révélé que 62 % des Canadiens sont en faveur de dépenser leur propre argent pour des services de santé dans des cliniques privées, contre 51 % juste avant la pandémie. La plupart des Canadiens comprennent qu’il existe déjà des soins de santé à deux vitesses dans ce pays, selon qui vous connaissez, alors que beaucoup se rendent aux États-Unis pour un diagnostic ou un traitement.

Il pourrait y avoir une opportunité pour plus de soins non gouvernementaux lorsque le procès de Cambie Surgeries contre la Colombie-Britannique se rendra devant la Cour suprême après une décision imminente de la Cour d’appel de la Colombie-Britannique. Si la Cour suit son précédent Chaoulli, les provinces pourraient permettre une plus grande participation privée et un choix personnel dans les soins de santé sans nuire aux soins universels. Leur décision dépendrait du soutien des Canadiens qui souffrent depuis longtemps et qui paient plus qu’ils ne peuvent se permettre tout en recevant moins que ce qu’ils méritent. La réforme des soins de santé serait un rare avantage face à la calamité du COVID-19.

Joe Oliver a été ministre des Ressources naturelles puis ministre des Finances dans le gouvernement Harper.

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