Jamie Sarkonak : les réductions raciales accordées aux délinquants sexuels portent atteinte à la justice

« Cette affaire est quelque peu atténuée par (…) la reconnaissance du fait qu’il vient d’une culture différente », peut-on lire dans une récente décision de justice.

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On pourrait espérer qu’un système judiciaire punirait les violeurs de la même manière : immigrants non blancs ou Canadiens blancs de quatrième génération, ils devraient encourir une peine de prison similaire pour ce genre de crime ignoble. En réalité, cependant, les violeurs qui savent jouer la carte de la diversité ont de bonnes chances d’obtenir qu’un juge canadien allège leur peine.

Cela n’a rien de nouveau au Canada : la loi sur les rabais raciaux a été codifiée il y a longtemps et n’a fait que faire boule de neige depuis. Les principes de détermination de la peine propres aux Autochtones ont été codifiés dans la loi dans les années 1990, et depuis lors, ces principes de peines plus légères ont été étendus pour s’appliquer à d’autres groupes selon la province. Le résultat est une habitude déchirante des tribunaux de punir les abus sexuels avec plus de légèreté en fonction de l’identité du délinquant.

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Pour les cas récents, il ne faut pas chercher bien loin. Dans Novembre, Un homme de la Saskatchewan a été assigné à résidence pendant un an et demi pour avoir agressé sexuellement sa petite amie occasionnelle, qu’il avait pénétrée « numériquement » pendant qu’elle dormait. Il n’a pas contesté le fait qu’il l’ait fait, mais il a témoigné qu’il pensait qu’elle était consentante.

La défense a demandé 17 jours de prison et deux ans de probation ; la Couronne a demandé deux ans et demi et le tribunal a noté que c’était la peine appliquée dans une affaire similaire. Le juge est toutefois allé plus loin, notant que l’accusé « a souffert de l’éloignement de sa communauté, de la toxicomanie, de la pauvreté et de l’éclatement de sa famille. Il ne fait aucun doute que cela a eu un effet dramatique… et est directement lié à sa conduite ce jour-là. »

« L’incarcération n’est pas la solution pour (l’accusé) », a écrit le juge. « Cela ne ferait qu’aggraver le problème de la sur-incarcération des peuples autochtones et serait contraire à l’orientation claire donnée au pouvoir judiciaire par le Parlement. Cela aurait également pour conséquence involontaire de saper considérablement les progrès déjà réalisés (par l’accusé) dans la communauté.

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Aussi dans Novembre, la cour provinciale du Manitoba a condamné un homme de 20 ans à une peine de trois ans de prison pour avoir violé une jeune de 16 ans. Elle était venue chez lui pour sortir, mais pas pour faire l’amour. Il s’est quand même imposé à elle.

« La plaignante pleurait et lui a dit d’arrêter, qu’elle ne voulait pas avoir de relations sexuelles et qu’elle voulait rentrer chez elle », a relaté le tribunal.

Le viol a été mis en balance avec les antécédents de l’homme : originaire de la République démocratique du Congo, lui et sa famille ont quitté le pays quand il avait deux ans, pour s’installer en Zambie, puis en Namibie, et enfin au Canada quand il avait 14 ans. Le tribunal a pris en considération le fait que sa famille avait connu « une perte de sécurité et de sûreté » dans les camps de réfugiés (bien qu’il ne se souvienne pas d’avoir été témoin de conflits). Le racisme systémique qui, selon lui, aurait eu un impact sur sa vie a également été pris en compte.

«(L’accusé) raconte son enfance à Winnipeg, où il a été traité de stéréotypes péjoratifs et dénigré en tant que personne noire», a noté le tribunal. « Il a parlé de nombreux affrontements avec la police au cours desquels il s’est senti harcelé et pris pour cible…. Il rapporte que ses fréquentes expériences de racisme envers les Noirs ont eu des effets délétères sur son bien-être et son estime de soi et ont contribué au doute et à la peur.

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Le juge a estimé que la culpabilité morale de l’homme pour le viol était élevée, mais a néanmoins estimé qu’une réduction de peine raciale devait toujours s’appliquer.

« Néanmoins, il y a encore de la place dans cette détermination de la peine pour une approche réparatrice qui reconnaît les défis et la discrimination systémique (l’accusé) a été vécu en tant que réfugié noir nouvellement arrivé au Canada…. Je trouve que la durée de la peine de prison (de l’accusé) peut être modérée pour refléter ses expériences de vie difficiles, notamment le racisme anti-noir, son jeune âge et son fort potentiel de réadaptation.

La conclusion : trois ans de prison étaient de mise. La Couronne en avait demandé sept.

Une réflexion similaire est apparue dans un Tribunal du Manitoba en octobre, lorsqu’un étudiant international indien a été reconnu coupable de contacts sexuels avec une jeune fille de 14 ans – alors qu’il était en liberté pour une autre accusation de contacts sexuels contre une autre jeune de 14 ans.

« Le racisme anti-asiatique est resté dans les institutions juridiques, économiques et sociales du Canada », a cité le tribunal à partir d’un rapport sur la race et la culture concernant l’accusé.

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«(L’accusé) a déclaré qu’il avait été victime de racisme alors qu’il fréquentait l’école, de la part d’autres résidents et lorsqu’il travaillait. Lorsqu’il partage ses expériences de racisme avec d’autres, celles-ci sont souvent minimisées et il est encouragé à ignorer les personnes qui lui ont causé du tort. Ses expériences de racisme ont conduit à une variété de… problèmes psychologiques tels que des sentiments de détresse, de peur, de dépression et d’anxiété.

Le tribunal n’a cité aucun cas spécifique de racisme, tout en notant que l’accusé affirmait avoir subi des abus sexuels à l’école lorsqu’il était enfant. La Couronne a requis sept ans de prison. La défense en a demandé trois et demi. Le juge s’est prononcé à cinq heures, en tenant compte, entre autres, de la culture.

« Ce problème est quelque peu atténué par le fait que le délinquant est jeune, puisqu’il n’a que 23 ans, et par la reconnaissance du fait qu’il est issu d’une culture différente et qu’il a peut-être lui-même subi des abus sexuels », lit-on dans la décision.

Les juges ne sont pas toujours aussi généreux envers les facteurs culturels. Dans Octobre, un Ontarien noir qui a partagé une vidéo à caractère sexuel de son ex-petite amie a soutenu qu’il avait été victime de racisme envers les Noirs ; le juge l’a cru, mais n’en a pas tenu compte dans sa peine parce que cela avait pas de connection à l’infraction.

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Quant à l’effet des peines clémentes sur la justice raciale, eh bien, même cela n’est pas acquis. Les victimes dans ces affaires appartenaient toutes à des minorités elles-mêmes (à l’exception de l’homme reconnu coupable d’avoir diffusé une vidéo intime, dans laquelle le tribunal n’avait pas précisé l’identité de la victime), mais leurs agresseurs bénéficient désormais d’un traitement plus léger.

Il existe de nombreux partisans des peines raciales dans le système juridique canadien. Bien entendu, ils nieront qu’il s’agit en premier lieu de condamnations fondées sur la race. Ils diront que ces réductions prennent simplement en compte les facteurs qui pèsent sur une personne pour arriver à une peine équitable, ou que la réduction n’est pas fondée sur la race parce qu’elle tente, dans le mots » d’un avocat de l’aide juridique en Nouvelle-Écosse, « s’attaque à un problème de siècles de mauvais traitements et de surreprésentation dans le système ».

Ce sont tous des jeux sémantiques. Quelle que soit votre conception du « juste », ces réductions de peine sont en effet fondées sur la race. Et lorsqu’il s’agit d’agression sexuelle, ils infligent une injustice aux victimes, dont les agresseurs peuvent s’attendre à recevoir une punition plus douce, et au reste de la société, qui doit se soumettre à un système judiciaire qui ne traite pas les gens sur un pied d’égalité devant la loi.

Poste National

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