Jack Mintz : les taxes sur le carbone compliquent le travail de la Banque du Canada

Les recherches suggèrent que la hausse des prix de l’énergie alimente les attentes inflationnistes, entraînant une hausse des taux d’intérêt

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Avec l’inflation de juillet qui a de nouveau augmenté mardi, il est évident que la bataille n’est pas encore terminée. Le taux d’inflation global a grimpé à 3,3 % contre 2,8 % le mois dernier. Alors que les coûts hypothécaires et la nourriture sont les principaux contributeurs à notre inflation tenace, les prix de l’énergie ont augmenté de 5,8 % au cours des quatre derniers mois, en partie grâce à la hausse de la taxe sur le carbone le 1er avril dernier.

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Alors que le monde poursuit sa marche vers des émissions nettes nulles d’ici 2050, un débat intéressant fait son apparition pour savoir si l’inflation des prix de l’énergie affectera la politique monétaire. Ce point a été soulevé l’année dernière par Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne : « Alors que nous construisons une économie plus durable, nous sommes confrontés à une nouvelle ère d’inflation énergétique… qui devrait conduire à une période prolongée de hausse. pression sur l’inflation », elle a prévenu.

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En termes simples, les politiques de carbone non seulement conduisent à plus d’inflation, mais pourraient contribuer à des taux d’intérêt plus élevés lorsque les banques centrales luttent contre l’inflation. Donc, si les Canadiens souffrent déjà des coûts de l’énergie qui se répercutent sur l’ensemble de l’économie, ils devront également faire face à des taux d’intérêt plus élevés. Bon pour les épargnants mais mauvais pour les emprunteurs.

Cette conclusion n’est pas sans controverse. La politique monétaire est centrée sur les anticipations inflationnistes. Les attentes sont importantes car les entreprises augmenteront les prix et les travailleurs négocieront des salaires plus élevés s’ils pensent que les prix continueront d’augmenter. Si l’inflation est supérieure au taux cible — 2 % — les anticipations inflationnistes qui sont actuellement bien supérieures au taux cible poussent les banques centrales à relever les taux d’intérêt.

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L’argument selon lequel les prix de l’énergie influencent les anticipations inflationnistes est le suivant. Le prix de l’énergie est évidemment une part importante des coûts de transport (essence, aviation et carburant diesel), des coûts de chauffage (gaz naturel) et des factures des services publics d’électricité. Cependant, l’énergie est un intrant essentiel pour chaque industrie, de sorte que la hausse des prix de l’énergie incitera les entreprises à augmenter les prix pour maintenir leurs marges bénéficiaires et les travailleurs à négocier des salaires plus élevés, comme nous l’avons vu récemment avec les grèves des supermarchés Metro et du port de Vancouver. La question clé est de savoir si les prix de l’énergie, qui sont très volatils, s’intègrent ou non dans les anticipations inflationnistes.

La volatilité des prix de l’énergie est illustrée par le graphique ci-joint pour les prix de l’essence sans plomb au Canada. Les prix de l’essence sont passés de 1,12 $ le litre en janvier 2017 à 1,60 $ en avril 2023. Cependant, ils ont culminé à 2,07 $ en juin 2022 et étaient aussi bas que 78 cents le litre en avril 2020 pendant les fermetures pandémiques. Il ne fait aucun doute que la tendance est à la hausse des prix de l’essence depuis 2018, reflétant à la fois la taxation du carbone (maintenant 14 cents le litre) et la hausse des prix mondiaux du pétrole en raison de l’offre qui ne suit pas la demande.

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Prix ​​de l'essence au Canada

La question de savoir si la tarification du carbone contribue à des anticipations de prix plus élevées est abordée dans un nouveau papier CESifo écrit par Jannik Hensel, Giacomo Mangiante et Luca Moretti. En utilisant des données au niveau de l’entreprise sur les prix réalisés et attendus des entreprises françaises au cours des années 1999 à 2019, les auteurs ont constaté que les chocs sur les prix du carbone dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission de l’UE qui a débuté en 2005 se sont intégrés aux anticipations inflationnistes. Ils ont constaté qu’une hausse des prix de l’énergie de 1 % entraînait une augmentation cumulative des prix à la consommation de 0,2 point de pourcentage au cours des deux premières années et demie, puis une diminution par la suite.

C’est une conclusion assez significative, conforme à l’expérience canadienne. Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a clairement indiqué en mai 2022 dans une réponse au comité des finances de la Chambre des communes que les taxes fédérales sur le carbone de 50 $ la tonne ajoutaient 0,4 point de pourcentage au taux d’inflation réalisé au Canada.

Les impacts monétaires sont un nouveau sujet pour le chef conservateur fédéral Pierre Poilievre, qui a été assez véhément dans ses attaques contre les politiques fédérales sur le carbone en tant que source d’inflation. Les taxes sur le carbone doivent être augmentées de 65 $ la tonne (au 1er avril 2023) à 170 $ la tonne d’ici 2030. La «taxe sur le carbone 2.0» (la réglementation fédérale sur les carburants propres) augmentera encore les prix de l’essence et du diesel de 17 cents. Ensemble, les taxes sur le carbone et le CFR d’ici 2030 coûteront aux consommateurs 54 cents le litre d’essence, soit près de quatre fois plus que les 14 cents le litre d’aujourd’hui. Si ces hausses des prix de l’énergie s’intègrent dans les anticipations inflationnistes, elles maintiendront également les taux d’intérêt plus élevés.

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La tarification du carbone commence à perdre de son éclat. Comme un récent Sondage Nanos rapporté, près des deux tiers des Canadiens croient que la récente hausse de la taxe sur le carbone est arrivée au mauvais moment. Une majorité pense que la taxation du carbone est inefficace. Les politiques carbone deviennent inefficaces pour réduire les émissions lorsque les consommateurs ont peu de choix pour réduire leur consommation. Lorsqu’il fait froid, le chauffage doit être allumé et lorsqu’il fait chaud, la climatisation est indispensable. Les transports en commun et les véhicules électriques ne sont pas des options pour de nombreux Canadiens, en particulier dans les petites villes et les régions rurales du Canada.

Et si un lien est établi entre la hausse des prix de l’énergie et les taux d’intérêt, les Canadiens auront une autre raison de ne pas aimer les politiques inflationnistes sur le carbone. Les Canadiens se sentent déjà assiégés par la hausse des coûts de transport, de logement et de nourriture. Ajoutez les coûts hypothécaires et les politiciens seront confrontés à un tsunami d’électeurs en colère à la recherche de nouvelles réponses de tous les partis politiques lors des prochaines élections.

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