Jack Mintz : la croissance de l’emploi dans le secteur public fausse gravement les marchés du travail

Nous avons besoin que les gouvernements s’attachent davantage à encourager l’emploi dans le secteur privé et moins à choyer leurs propres travailleurs

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Les grèves des fonctionnaires fédéraux ont rappelé aux Canadiens que les employés du secteur public ont une bonne affaire. Comparativement des pommes à des pommes, leur rémunération est en moyenne plus élevée que dans le secteur privé. Leurs emplois sont sûrs même en période de récession. Et ils bénéficient de retraites riches et indexées sur l’inflation. Ils peuvent également bénéficier de plus de jours de vacances et de congés payés par rapport au secteur privé.

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Maintenant, avec le travail à domicile et un passage potentiel à une semaine de huit heures par jour, quatre jours, sans perte de salaire, la vie semble plutôt bonne dans la fonction publique. Après tout, les contribuables qui ont peu de poids quand ce n’est pas le moment des élections sont mis à la merci de deux monopoles – le gouvernement et les syndicats – dont les conventions collectives coûteuses signifient plus d’impôts même s’il n’y a aucune amélioration dans la prestation de services.

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Ce que l’on a moins remarqué, c’est que les conditions d’emploi des employés du secteur public faussent gravement les marchés du travail. En choisissant où travailler, les gens regardent les avantages globaux d’un emploi, y compris la satisfaction au travail. Un emploi dans le secteur public qui offre un salaire plus élevé, plus de sécurité, une rente indexée et moins d’heures de travail aura fière allure par rapport à un emploi dans le secteur privé avec une rémunération moins élevée. Bien sûr, il y a des avantages compensatoires à travailler dans le secteur privé – un plus grand bassin d’opportunités de travail au Canada ou à l’étranger, un environnement plus innovant et une plus grande liberté de développement personnel dans une atmosphère moins bureaucratique qui récompense plus généreusement le succès. Mais à mesure que les gouvernements augmentent les salaires et les avantages sociaux du secteur public, les emplois du secteur privé deviennent moins attrayants à la marge.

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Les données montrent que les travailleurs ont été plus que disposés à rejoindre la fonction publique en pleine expansion. D’avril 2014 à avril 2023, l’emploi fédéral, provincial et municipal a augmenté de 22,3 %, l’emploi dans le secteur privé de seulement 11,4 %. Aujourd’hui, l’emploi dans le secteur public représente près de 20,9 % de tous les emplois au Canada, comparativement à 19,4 % en 2014. Le secteur privé paie les factures, ce qui ne peut que signifier un fardeau fiscal plus élevé pour les travailleurs et les entreprises du secteur privé.

Les emplois publics sont nettement plus sécurisés. Au cours des deux premiers mois de la pandémie, 22,5 % des employés du secteur privé ont perdu leur emploi, contre seulement 6 % dans le secteur public. Le même schéma s’est produit lorsque la crise financière a frappé à l’automne 2008 : alors que l’emploi dans le secteur privé a chuté de 4 %, l’emploi dans le secteur public rose de 1,2 % (jusqu’en juillet 2009). Les mises à pied sont dévastatrices pour toutes les familles, mais le risque d’en subir est beaucoup plus grand pour les employés du secteur privé.

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Les travailleurs du secteur public sont fortement syndiqués. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient réussi à augmenter les salaires et les avantages sociaux plus rapidement que dans le secteur privé. Le salaire horaire moyen et les avantages sociaux des travailleurs syndiqués (privés et publics) sont de 35,44 $, soit 9 % de plus que pour les travailleurs non syndiqués. Mais malgré le potentiel de gains salariaux grâce à la négociation, le secteur privé syndicalisation est passé de 21 % en 1997 à seulement 15 % en 2021, alors même que la syndicalisation est passée de 74 à 77 % dans le secteur public.

Si les syndicats obtiennent des avantages plus élevés, pourquoi la négociation collective a-t-elle tant diminué dans le secteur privé ? Cela est dû en partie au passage de la production de biens à la production de services. Le taux de syndicalisation dans le secteur des services (excluant la santé, l’éducation, l’assistance sociale et l’administration publique) n’est que de 15 %, soit le quart du taux du secteur des biens.

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Plus important encore, les entreprises privées ont beaucoup moins de capacité à augmenter les prix à la consommation pour récupérer des coûts salariaux négociés plus élevés. S’ils le font, les concurrents nationaux et étrangers leur prendront des parts de marché. Les travailleurs l’ont compris. Et payer des cotisations et être soumis à des règles d’ancienneté peut ne pas être si attrayant, en particulier pour les jeunes. Dans le secteur public, où il n’y a pas de concurrence à craindre, cela n’a peut-être pas tellement d’importance.

Lorsque les entreprises privées syndiquées augmentent trop les salaires, les employeurs du secteur privé peuvent déplacer la production vers d’autres pays ou, à défaut, faire faillite. L’industrie automobile est un parfait exemple des retombées des négociations au fil des ans entre un oligopole et un syndicat. Pour sauver la production automobile, les gouvernements ont dû subventionner l’industrie, le récent paiement scandaleux à Volkswagen de plus de 4 millions de dollars par emploi direct n’en étant que le dernier exemple.

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Même la fiscalité pénalise l’emploi privé. Les personnes dont le revenu fluctue d’une année à l’autre, comme c’est souvent le cas dans le secteur privé, paient plus d’impôts au cours de leur vie que les personnes dont le revenu est plus stable, comme c’est généralement le cas dans le secteur public. Comment venir? Dans le cadre de notre système d’impôt progressif, nous payons plus d’impôt l’année où le revenu est le plus élevé que nous n’économisons d’impôt l’année où le revenu est le plus faible. Nous avions l’habitude de laisser les gens faire la moyenne de leurs revenus sur plusieurs années pour éviter cette pénalité fiscale. Mais la moyenne a été abandonnée en 1988 au motif que les taux marginaux supérieurs étaient réduits afin de maintenir la compétitivité fiscale avec les États-Unis après la réforme fiscale Reagan. Mais maintenant que nos taux les plus élevés sont revenus à des niveaux jamais vus depuis, il est peut-être temps de rétablir la moyenne.

Il n’est pas surprenant que l’emploi dans le secteur public comprime le secteur privé ces dernières années. Mais ça suffit. Nous avons besoin que les gouvernements s’attachent davantage à encourager l’emploi dans le secteur privé et moins à choyer leurs propres travailleurs.

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