Greg Taylor : L’armée peut-elle monter la garde dans l’Arctique ?

Le contrôle du territoire — le territoire canadien — nécessite en fait des soldats sur le territoire

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Il y a près d’un an, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a conclu une visite à la base aérienne de Cold Lake, en Alberta, en mettant l’accent sur les défis militaires russes et chinois dans notre Arctique. La Russie, par exemple, a établi un nouveau commandement de l’Arctique, qui comprend d’importantes forces navales, aériennes, militaires et d’opérations spéciales. Elle a également construit de nouvelles infrastructures comme la base aérienne de Nagurskoye, à 500 kilomètres plus près du poste d’écoute stratégique du Canada à Alert qu’un Canadien moins capable base à Iqaluit. Quant à la Chine, son document d’orientation sur l’Arctique de 2018 l’a déclarée «État proche de l’Arctique» et ils achèveront l’un des plus grands brise-glaces du monde en 2025, dans le cadre de l’initiative Ceinture et Route pour étendre la portée de la Chine dans le monde entier.

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En réponse à de tels défis et aux pressions de nos alliés de l’OTAN, principalement les États-Unis, le Canada a annoncé des initiatives de défense de l’Arctique qui se concentrent presque exclusivement sur l’aviation et la marine. C’est compréhensible : historiquement, la façon préférée de contrôler la vaste masse terrestre et les mers de l’Arctique a été par voie aérienne et, lorsque la glace fond suffisamment, par voie maritime. Le rôle de l’armée de l’air est devenu beaucoup plus important pendant la guerre froide, lorsque les bombardiers soviétiques et les attaques de missiles au-dessus du pôle Nord occupaient une place importante, contrés par de vastes radars d’alerte précoce et des chasseurs intercepteurs. Nous ne devrions donc pas être surpris que nos initiatives dans l’Arctique comprennent des radars transhorizon, des chasseurs F-35, des avions de surveillance et des navires de patrouille résistants aux glaces. Le coût de ces initiatives est stupéfiant : un seul programme, le radar transhorizon, est estimé de manière prudente à 1 milliard de dollars et prendra des années à mettre en œuvre.

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Comment notre armée s’inscrit-elle dans ces initiatives ? Historiquement, l’armée a pris du retard sur les autres services. Au début des années 1970, par exemple, l’armée a littéralement erré dans l’Arctique en petits groupes d’environ 100 personnes, survivant à des conditions difficiles pour montrer le drapeau, des soldats en raquettes tirant des toboggans tandis que des Inuits passaient en motoneige. Au milieu des années 1980, la brigade de Petawawa responsable de la défense du Canada a élaboré un nouveau concept de défense de l’Arctique. La sagesse conventionnelle, citant l’écrivain français du 18e siècle Voltaire, était qu’aucun adversaire ne voulait « quelques acres de neige » au Canada.

Il existe cependant des cibles stratégiques dans l’Arctique — Alert par exemple — qu’un adversaire pourrait vouloir détruire ou s’emparer. Il y a aussi une cible psychologique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, près d’un quart de l’infanterie de l’armée est restée sur la côte ouest pour se défendre contre une éventuelle invasion japonaise tandis que, du jour J jusqu’à la fin de la guerre, les unités d’infanterie en Europe mendiaient des renforts. Aujourd’hui, combien de renforts enverrions-nous en Lettonie si notre propre frontière arctique était menacée ?

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Bien que la Russie soit peut-être sur ses pieds aujourd’hui en Ukraine et que la Chine n’ait pas encore démontré ses intentions agressives, que pourrait-il se passer dans cinq ou 10 ans si ces pays agissent avec plus de force pour réaliser leurs ambitions arctiques ? La Russie est active en Ukraine depuis au moins 10 ans, en commençant par des activités apparemment de bas niveau telles que revendiquer des territoires à sa frontière ou encourager les populations mécontentes. Les mêmes tactiques pourraient-elles être utilisées dans notre Arctique? S’ils l’ont été, ou si d’autres actes hostiles ont été entrepris, les avions et les navires ne sont pas la seule réponse militaire, ni même la meilleure. Le contrôle du territoire — le territoire canadien — exige en fait des soldats sur le territoire.

Le concept mis au point par la Force de service spécial basée à Petawawa au milieu des années 1980 comprenait environ 4 000 soldats, dont un tiers pouvant être déployés pratiquement n’importe où dans l’Arctique en parachute à l’aide d’avions de transport stratégique Hercules, les deux tiers pouvant être transportés par des hélicoptères de transport lourd ravitaillés dans le l’air pour étendre leur portée. Une fois au sol, l’ensemble de la Force serait très mobile, avec des véhicules à neige ultramodernes de conception suédoise. La Force comprenait également toute la gamme des capacités de soutien de l’armée, y compris, par exemple, des ingénieurs de combat parachutant avec des équipements lourds tels que des bulldozers et des niveleuses pour construire une piste d’atterrissage compatible Hercules sur la neige ou la glace.

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Cette force était une « brigade de pompiers », réagissant n’importe où à l’intrusion d’un adversaire sur le sol canadien, tandis que les unités de réserve de l’armée défendaient des points vitaux — cibles stratégiques, infrastructure vitale et deux bases avancées pour la force à Yellowknife et Iqaluit. Malheureusement, pour diverses raisons, ce concept n’a jamais été mis en œuvre.

Comparez cette force à la capacité arctique actuelle de l’armée : quatre petites compagnies, pas plus de 100 soldats chacune, avec une capacité de neige limitée. Plus important encore, ils ne peuvent pas être largués par parachute, car ils doivent atterrir sur un aérodrome aux mains des Canadiens, les mêmes aérodromes qui seraient parmi les premières cibles qu’un adversaire saisirait.

Il y a un écart évident entre la capacité actuelle et ce qui était proposé au milieu des années 1980. Compte tenu de tous les fonds destinés aux initiatives de la force aérienne et de la marine dans l’Arctique, il faut sûrement trouver des fonds pour améliorer la capacité de notre armée à défendre notre Arctique, car en dernière analyse, c’est notre terre — pas seulement notre ciel et nos mers — que le Canada doit garde.

Greg Taylor a servi dans l’Armée canadienne pendant 25 ans et a été chef d’état-major de la Force de service spécial de 1985 à 1987.

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