Face au contrecoup de l’industrie, les organisateurs de séminaires sur la prévention du harcèlement en France repoussent la « mentalité de l’ancien monde »

Face au contrecoup de l'industrie, les organisateurs de séminaires sur la prévention du harcèlement en France repoussent la « mentalité de l'ancien monde »

Dans le sillage du scandale Weinstein et pour tenter d’enrayer le problème endémique du harcèlement sexuel qui n’est guère circonscrit à un seul pays, le CNC a lancé un plan en trois points qui obligerait les bénéficiaires d’un soutien financier du cinéma public à corps à suivre des séances de formation à la sensibilité, à rédiger des protocoles de prévention détaillés et à garder les conseillers sur le plateau.

Bien que le plan rédigé en 2019 ait été destiné aux producteurs et aux cadres supérieurs – les chefs des équipes de production demandant le soutien du public, en bref – le programme s’est ensuite étendu pour englober une plus grande partie de l’industrie. En 2021, la commission du film a chargé la guilde professionnelle de la Commission technique supérieure de l’image (CST) de diriger et d’organiser quatre sessions distinctes de durées et d’objectifs différents, destinées à la communauté de la production cinématographique au sens large.

Offrant des plans de formation élargis ciblant les producteurs, les représentants des ressources humaines et le directeur de production, entre autres, le CST a tenu ses deux premières sessions plus tôt ce mois-ci, suscitant une réponse résolument mitigée sur les réseaux sociaux.

« Soit cette formation est utile et pourquoi la limiter à un seul métier, soit elle est inutile, et pourquoi nous l’imposer », a tweeté le producteur et distributeur Jean Labadie du Pacte.

« Mardi dernier, j’étais au CNC pour assister à la formation ‘Prévenir et agir contre les violences sexistes et sexuelles au travail’, sans laquelle les producteurs sont désormais privés d’aides de l’Etat », a tweeté le producteur de « Benedetta », Saïd Ben Saïd. Partageant une série de diapositives, le producteur vétéran a clairement indiqué qu’il était « très favorable » à sa mission plus large, mais a visé ce qu’il a appelé l’approche « infantilisante et contre-productive » du programme, en distinguant une diapositive particulière qui déclarait : « Qui peut être un agresseur ? Il peut être : un bon père ; un excellent réalisateur; gentil et attentionné avec ses équipages ; un mauvais interprète. Ce n’est pas [just] monstres ou malades.

« A travers ce petit chef-d’oeuvre de bêtise, qui illustre assez bien le niveau de l’intervention, je voulais dire que cette entreprise a été mal préparée, mal menée et mal soutenue », a tweeté Ben Saïd. « La bonne volonté est indéniable, mais elle ne va jamais bien avec l’opportunisme idéologique. »

De son côté, le directeur du CST, Baptiste Heynemann, s’est dit sans surprise. « Bien sûr, l’ancien monde résistera, et s’il ne le faisait pas, nous n’aurions pas besoin de ces sessions de formation », a-t-il déclaré. Variété.

« Ce sont des râleurs, et je les appellerais des gens de l’ancien monde, quel que soit leur âge réel », a poursuivi Heynemann. « L’ancien monde n’a pas d’âge, n’a pas de sexe, n’a pas une seule catégorie socioprofessionnelle. Les hommes peuvent être autant victimes que les femmes, bien sûr. Mais les instigateurs, peu importe le sexe de la victime, sont à 90 % des hommes.

« A ceux qui se plaignent que vous n’avez pas le droit d’être un homme blanc hétéro, je veux dire : bien sûr, vous avez le droit à tout cela », a-t-il ajouté. « Mais d’un autre côté, 90 % des cas de harcèlement relèvent de cette catégorie. Donc, à un certain moment, dans le cadre de cette majorité écrasante, vous devez intervenir.

« Alors je dis, grouse away », a déclaré Heynemann. « Allez sur Twitter et plaignez-vous autant que vous voulez, puis venez prendre la session et vous comprendrez. »

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