Le réalisateur et acteur Xavier Dolan participe au doublage en français d’un grand nombre de films. Il a auditionné pour prêter sa voix au valeureux Buzz Lightyear, dans le film Lightyear, de Pixar, et a été agréablement surpris d’être sélectionné. Entretien.
Publié à 15h00
Comment avez-vous réagi quand vous avez appris la nouvelle ?
J’étais tellement heureux. Évidemment, la franchise Histoire de jouets a des racines dans mon enfance. On remonte aux années 1990. J’ai vu la plupart des films en salle. Pouvoir participer à un nouvel opus, cela fait très plaisir à l’enfant que je suis encore.
Saviez-vous, au moment de postuler, que Chris Evans était la voix de Buzz Lightyear dans la version originale ?
Je le savais, c’est pourquoi je ne croyais pas être choisi. Il est un peu plus âgé que moi et il a une voix un peu plus adulte. J’adore Chris Evans et la franchise de Captain America. J’aime son jeu, je le trouve séduisant, et il apporte énormément d’humour, de droiture et d’humanité au personnage de Buzz. Le film explique en fait de façon très habile, dès le départ, qu’on assiste à ses jeunes années en tant que patrouilleur de l’espace. Il est moins sûr de lui que le personnage qu’on a rencontré dans les films de la franchise Histoire de jouets, mais il est non moins déterminé à accomplir sa mission jusqu’au bout.
Aviez-vous entendu la prestation vocale de Chris Evans avant les enregistrements ?
Quand on fait du doublage, on écoute la version originale puis on s’y colle. J’ai trouvé la performance de Chris Evans très divertissante. Cela a été un plaisir d’essayer de reproduire certaines nuances. C’était un gros défi quand même, parce que Buzz Lightyear est très volubile et emblématique. S’attaquer à ce personnage peut comporter certains risques, mais en même temps, on a réussi, je pense, à trouver une justesse et un équilibre, avec les techniciens de son et la directrice de plateau Sophie Deschaumes. Cela a été un pur bonheur.
Trouvez-vous encore le temps de faire du doublage ?
J’en fais le plus possible. J’adore ça. J’essaie de saisir toutes les occasions, surtout quand de beaux projets se présentent. C’est un exercice artistique très intéressant pour un acteur, qui a toujours fait partie de ma carrière, depuis l’âge de 8 ans. C’est un des nombreux pans de l’interprétation, dans le sens large du terme pour un acteur. On peut jouer sur scène, jouer devant une caméra, être derrière la caméra, puis on peut être derrière un micro à essayer de reproduire, d’interpréter, de traduire ce qu’un acteur a fait, avec le plus d’humilité possible, pour savoir quand prendre des initiatives ou quand être tout simplement un véhicule pour un autre interprète que soi. J’observe et j’apprends beaucoup de choses en doublant, sur tous les plans d’ailleurs.
Il s’agissait de votre deuxième expérience en doublage d’un film d’animation de Pixar, puisque vous avez prêté votre voix à Peur, dans Sens dessus dessous (Inside Out).
Cela a été un plaisir, mais aussi un honneur. Je considère Lightyear comme extrêmement important pour les enfants, pour les jeunes. C’est pour moi une façon très élégante d’implanter des notions aux plus jeunes générations, en ce qui concerne les personnages queers, en montrant à l’écran une relation tout à fait saine et belle, qui n’est pas à l’avant-plan [celle de la commandante Alisha Hawthorne, qui est heureuse et fonde une famille avec sa conjointe, pendant que Buzz Lightyear poursuit sans relâche sa mission]. We don’t try to present new concepts in a crude or assertive way. We are simply shown the love between queer people. This is something unprecedented for Pixar and for Disney, at a time when in the United States, society is increasingly split, divided, intolerant towards women, towards blacks, towards homosexuals. It is sure that it is an artistic political gesture, very beautiful and very strong, that they made. I was very happy to be part of it.
Note that host Pierre-Yves Lord also participated in the French dubbing of Lightyearlending his voice to rookie Mo Morrison. Lightyear hits theaters on Friday.