(Santiago du Chili) Les salariés de l’entreprise publique chilienne Codelco, plus grand producteur de cuivre au monde, ont entamé mercredi une grève nationale pour s’opposer à la fermeture d’une fonderie dans le « Tchernobyl chilien ».
Publié à 7h58
La police a déclaré avoir arrêté 18 personnes alors que des travailleurs en grève, brandissant des drapeaux chiliens et mettant le feu à des pneus, bloquaient l’entrée de six installations minières dans le pays.
Située dans une région industrielle fortement polluée et surnommée « Tchernobyl chilien » par Greenpeace, car elle abrite des entreprises minières, pétrolières, cimentières, gazières et chimiques, la fonderie Ventanas emploie 350 salariés auxquels le président chilien a promis un reclassement.
« Il y a un soutien total pour cet arrêt » de travail, « en solidarité avec les travailleurs de la division Ventanas », a déclaré la Fédération des travailleurs du cuivre (FTC) dans un communiqué, faisant état d’arrêts de travail dans de nombreux sites de l’entreprise.
La FTC regroupe quelque 14 000 salariés de Codelco et l’appel à la grève inclut également les salariés de sous-traitants, soit plus de 40 000 personnes, selon le président de la FTC, Amador Pantoja, interviewé par une chaîne de télévision locale.
Selon M. Pantoja, la grève coûte environ 20 millions de dollars par jour à l’entreprise publique, qui extrait environ 8 % du cuivre mondial et contribue pour 10 à 15 % du PIB du Chili.
« Pour que ces chiffres soient corrects, il faudrait que toutes les opérations de Codelco s’arrêtent brusquement et qu’il soit impossible de récupérer cette production perdue à l’avenir. Or ce n’est pas le cas aujourd’hui », a tempéré le ministre des Finances Mario Marcel, qui n’a cependant pas estimé le préjudice économique.
« Il n’y a pas d’arrêt des opérations. Il y a une perturbation de l’accès par des groupes de travailleurs », a-t-il ajouté.
Le syndicat considère la décision de fermeture de la fonderie « arbitraire » et exige un investissement de 54 millions de dollars pour mettre l’usine en conformité avec les normes environnementales.
« Normes trop basses »
Cette décision de fermeture intervient après plusieurs épisodes d’intoxication et de pollution de l’air.
Le 9 juin, plus d’une centaine d’habitants de Quintero et Puchuncavi, deux villes dortoirs du bassin industriel situées à quelque 140 km à l’ouest de Santiago, ont été intoxiqués par du dioxyde de soufre rejeté par l’industrie lourde, second épisode de pollution grave en trois jours ayant entraîné la fermeture des écoles.
Le dioxyde de soufre, indicateur de la pollution liée aux combustibles fossiles, fait partie des polluants de l’air dits classiques avec les particules en suspension, l’ozone, le dioxyde d’azote et le monoxyde de carbone.
« Nous ne voulons plus de zones de sacrifice [environnemental]. Today there are hundreds of thousands of people who live in our country exposed to the severe degradation of the environment that we have caused or consented to and for which, as a Chilean, I feel ashamed”, had said President Gabriel Boric when announcing the closure.
Pollution increased in this area of 50,000 people when the Chilean government converted it from 1958 into an industrial center that now houses four coal-fired power plants and oil and copper refineries.
“We remain open to dialogue” as on the first day of the announcement of the closure, said government spokeswoman Camila Vallejo, stressing that the government intends to fulfill its commitments on “an increasingly sustainable development model”. .
“We have too low standards”, in terms of the emission of pollutants into the atmosphere, she noted, “and if we really want to respect our commitments in terms of environmental protection, we must be guided by WHO standards.