Germany is on the brink of significant political change as citizens prepare for early federal elections on February 23, following a tumultuous campaign marked by the collapse of Chancellor Olaf Scholz’s coalition. Polls indicate a potential victory for the CDU and a historic rise for the far-right AfD. Amid rising tensions over immigration and foreign policy issues, particularly regarding Ukraine, the outcome may reshape Germany’s direction and its relationships within Europe.
Une Campagne Électorale Haute en Couleurs
La campagne électorale a duré un peu plus de trois mois, mais elle s’est révélée être l’une des plus intenses des dernières décennies en Allemagne. Dans une ambiance électrisante, les citoyens allemands sont appelés aux urnes le dimanche 23 février pour des élections fédérales anticipées, qui pourraient bien transformer la coalition gouvernementale et mener à la chute du chancelier Olaf Scholz. Un changement potentiel qui pourrait avoir des répercussions significatives tant pour le pays que pour l’Europe.
Des Élections Déterminantes dans un Contexte Tendu
Ces élections législatives ont été déclenchées en novembre dernier, dans un climat déjà tumultueux : la coalition du chancelier actuel, membre du Parti social-démocrate (SPD) et qui regroupait les Verts et le Parti des démocrates libres (FDP), s’est effondrée. Depuis, le SPD d’Olaf Scholz n’a pas réussi à redresser la barre et est en difficulté dans les sondages, avec seulement 15 % des intentions de vote, soit la moitié de l’alliance conservatrice CDU/CSU, qui est largement favorite et dont le candidat, Friedrich Merz, est bien placé pour accéder à la chancellerie.
Le parti d’extrême droite AfD pourrait, quant à lui, réaliser une percée historique avec 20 % des voix attendues, doublant ainsi son score par rapport aux dernières élections législatives de septembre 2021. Cela le propulserait à la deuxième place, un avancement sans précédent. “Le populisme est en hausse, le pays est extrêmement fragmenté, l’ambiance générale est morose… Tout le monde est un peu sur les nerfs, l’atmosphère est vraiment différente des élections précédentes,” résume Célia Burgdorff, historienne des relations internationales associée à la Fondation pour la recherche stratégique.
Dans ce climat tendu, le vote devrait confirmer la victoire de la CDU, entraînant ainsi un changement de direction pour le pays. “Olaf Scholz et le SPD paient les conséquences de l’échec de la coalition, et un bilan perçu par beaucoup comme négatif, notamment en ce qui concerne la situation économique,” note Nathalie Le Bouëdec, professeur d’histoire et de civilisation allemandes à l’Université de Bourgogne Europe.
La société allemande a également été secouée ces dernières semaines par une série d’attaques, plaçant la thématique de l’immigration au cœur des débats. Cela a largement profité à l’AfD, alors même que le pays semblait, en raison de son passé nazi, avoir réussi à freiner la montée de l’extrême droite. Le score du parti “sera très probablement sans précédent” ce dimanche, prédit la chercheuse. “Une deuxième place marquerait un véritable tremblement de terre et soulèverait des questions sérieuses,” ajoute Delphine Deschaux-Dutard, directrice adjointe du CESICE (Centre d’Études sur la Sécurité Internationale et la Coopération Européenne) à l’Université Grenoble-Alpes.
Le parti dirigé par Alice Weidel devra néanmoins faire face à un front uni des partis traditionnels, sous la doctrine du “cordon sanitaire” en Allemagne, qui exclut toute coopération avec l’extrême droite. “Il reste à voir quelle coalition pourrait se dresser contre cela,” s’interroge l’experte.
Pour cette raison, la position de Friedrich Merz concernant l’AfD a suscité de vives discussions ces dernières semaines. Bien qu’il ait clairement écarté toute alliance, il adopte également une ligne ferme sur l’immigration, rompant ainsi avec la position centriste de l’ancienne chancelière Angela Merkel au sein de la CDU. Fin janvier, le parti a même réussi à faire adopter une motion pour durcir la politique migratoire avec le soutien d’élus de l’AfD, une première depuis 1945, provoquant de sérieuses remous, sans toutefois impacter les intentions de vote des électeurs conservateurs.
En général, certains experts redoutent que les différents partis peinent à s’unir contre la menace de l’extrême droite, plus que jamais. “Il y a un risque d’incapacité à former une coalition parmi les partis traditionnels, qui divergent fortement sur certains points. Nous pourrions être paralysés pendant des mois…,” anticipe Célia Burgdorff. “Tout le monde se prépare à des négociations qui pourraient durer très longtemps.”
Ces négociations s’annoncent d’autant plus délicates alors que Washington a exacerbé les tensions dans une campagne déjà très chargée. Le soutien répété du milliardaire Elon Musk et de l’ancien vice-président J.D. Vance pour l’AfD lors de la conférence de Munich a secoué la classe politique allemande, qui a unanimement dénoncé une ingérence inacceptable.
La question ukrainienne est au cœur des enjeux. Bien que les spécialistes soient divisés sur l’effet possible de ce soutien américain sur le vote en faveur de l’AfD, il est certain que cette rhétorique trouble une Allemagne encore très attachée à ses liens avec Washington, tant du côté de la CDU que du SPD. Un réveil brutal, alors que Berlin est sollicité pour prendre position sur la question brûlante de la guerre en Ukraine, alors que l’administration Trump multiplie les signes de rapprochement avec Moscou et menace sérieusement de laisser l’Europe de côté dans les futures négociations de paix.
Alors qu’Olaf Scholz défendait encore une ligne très prudente sur le sujet depuis Paris lundi, refusant pour l’instant d’envoyer des troupes européennes en Ukraine si un accord est trouvé, Friedrich Merz, quant à lui, plaide pour un soutien beaucoup plus fort à Kiev. Il souligne également l’importance de bonnes relations avec Emmanuel Macron, qui soutient un renforcement de l’engagement européen envers Kiev et qui avait maintenu des liens froids avec le chancelier actuel jusqu’à présent.
Après les élections, Berlin pourrait donc changer de cap si Friedrich Merz remportait le scrutin : “Nous pourrions nous attendre à de meilleures relations franco-allemandes sur les questions de défense,” anticipe Delphine Deschaux-Dutard. Mais il reste à voir quelle sera la véritable marge de manœuvre du potentiel nouveau chancelier, au sein d’une coalition dont les contours sont plus incertains que jamais.