The recipe for success | The Press

L’émission 110 % conservera éternellement une place de choix dans l’histoire de la télévision sportive québécoise. Des panélistes bouillants, des débats explosifs et des analyses alambiquées provoquant dans les chaumières québécoises autant de rage que de plaisir, à vénérer ou détester les débatteurs invités soir après soir.


Cette émission culte ayant souvent emprunté des allures de théâtre d’été, sans jamais diaboliser les débordements, a évidemment connu un succès colossal entre 1998 et 2009. Pourquoi ?

« C’était, et je pense que ça n’a jamais été égalé, ce qu’il y avait de plus proche du partisan ordinaire et de ses préoccupations. Il n’y avait rien de plus vrai que 110 % », estime le journaliste François Gagnon, l’un des débatteurs invités les plus redoutables.

Il n’y avait aucun filtre. Certains pensaient que c’était un show, mais ce ne l’était pas du tout. C’étaient vraiment des discussions et des chicanes entre nous, comme il pouvait y en avoir dans une taverne, dans un sous-sol ou dans une cour d’école. C’était d’une grande simplicité, d’une grande sincérité et d’une grande efficacité.

François Gagnon

À son avis, la nouvelle génération de partisans ayant raté les belles années de l’émission a manqué « le meilleur divertissement sportif pour terminer une journée ». « Quand je parlais de l’efficacité de 110 %, c’est que ça touchait tout le monde. Du col bleu à l’universitaire. »

D’après Michel Bergeron, la simplicité de l’émission explique à elle seule la popularité du format. « Il n’y avait pas de règlements. On arrivait avec nos propres idées et notre propre expérience. Tout le monde parlait en même temps. C’était quelque chose. Mais on avait des cotes d’écoute de fou. »

Premier animateur de l’émission, Paul Rivard évoque également le format, et surtout le ton dans lequel l’émission était présentée au public toujours éveillé à 22 h 30. « D’abord, on faisait de réels débats animés. Deuxièmement, on faisait des débats de sport, ce qui se faisait dans tous les bars et toutes les tavernes depuis la nuit des temps. Et parce qu’on allait loin. Parce que les gens n’avaient jamais entendu des débats animés comme ça. »

Le « ton » et la « formule », explique Rivard, « étaient propres à 110 % ».

De plus, sans la nommer de manière directe, chaque intervenant a fait mention de la sincérité des échanges et des intentions. Avec un recul de 15 ans et vu les maux que subissent certains ailleurs sur le globe, s’obstiner sur le potentiel de Guillaume Latendresse, le manque d’efforts d’Alex Kovalev ou les choix capillaires de José Théodore demeure assez futile.

Mais pour les panélistes, tous les sujets étaient matière à débat. Sans exception. Même que le cadre de l’émission devenait parfois insuffisant.

« Ce n’est pas tout le monde qui s’aimait, mais tout le monde se respectait. Certains demandaient au réalisateur de ne pas être à l’émission en même temps que d’autres », insiste Bergeron.

Parfois, ça allait au-delà des émissions. Les engueulades continuaient sur le trottoir et on continuait à défendre nos opinions.

Michel Bergeron

Rivard se souvient lui aussi de ces discussions animées rue McGill, adjacente aux studios : « Une fois, j’étais avec Éric Lavallée [le producteur], Michel Bergeron and another, in the street, at midnight, half an hour after the doors closed and we were still chatting. And I don’t need to remind anyone that Michel Bergeron is an unimaginable storyteller. You can sit for four hours listening to it. »

If the success of the show has been so phenomenal, it is thanks to two basic rules, believes Paul Rivard, at the helm of the set for five seasons.

“At one point,” he remembers, “half an hour before recording, I was preparing my leads, I was responding to emails. Then [Michel] Villeneuve arrives, Michel Bergeron is there, Jean Perron is there and around me, they are already starting to argue. And Éric Lavallée comes back and says: “Don’t forget rule number 1: we don’t have the debate before the debate!” »


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