Dr. Mohamed Oulmekki shares his traumatic experience after being violently attacked by a long-time patient over a reimbursement dispute. This incident highlights a troubling rise in violence against medical professionals in France, with a 27% increase in 2023. Many doctors face daily verbal threats, and only a fraction report such incidents. To enhance safety, medical practices are hiring security personnel and advocating for alert systems to protect against future aggression.
Une Aggression Inacceptable : Le Témoignage du Dr Mohamed Oulmekki
Le visage du Dr Mohamed Oulmekki est méconnaissable, complètement enflé. Dans une vidéo diffusée à 20 heures, il se filme quelques minutes après avoir été agressé par un patient, le 25 novembre. “Il doit réparer mon nez car il est complètement cassé,” déclare-t-il devant la caméra de son smartphone. Notre équipe a rencontré ce médecin une semaine après l’incident. Bien qu’il ait subi une opération, il n’a pas encore repris son activité. “C’était un acte froid et calculé. Frapper là où ça fait mal pour causer un maximum de dégâts. Je consulte un psychologue car, même si j’ai l’air bien, ce n’est pas le premier incident, mais c’est le plus violent,” ajoute-t-il.
Une Violence Croissante dans le Secteur Médical
Le patient, qu’il connaît depuis des années, l’a agressé à cause d’un malentendu concernant un remboursement. “Il n’y a plus de respect pour l’âge, plus de respect pour le médecin, plus de respect du tout. La médecine est devenue un bien de consommation. Les gens entrent et disent : ‘Je veux ça, ça et ça,'” explique-t-il. Une violence qui suscite de vives inquiétudes. En France, les agressions contre les médecins ont augmenté de 27 % en 2023.
Avoir un agent de sécurité aide à apaiser les tensions et permet de travailler dans de meilleures conditions, déclare SOS Médecins. Dans un cabinet à Denain, dans le Nord, des caméras de surveillance filment la salle d’attente. Cependant, il y a deux mois, elles n’ont eu aucun effet dissuasif sur un patient qui est entré sans rendez-vous, interrompant une consultation. L’agresseur exigeait un certificat médical pour ses enfants. À la réception, Alison Fiems, la secrétaire médicale, fait face à cette agression au quotidien. “C’est surtout verbal, avec des menaces de plainte. Ils raccrochent en disant : ‘Je vais porter plainte auprès de l’ordre des médecins.’ Et je leur réponds : ‘Allez-y,'” témoigne-t-elle. Ces menaces quotidiennes s’expliquent en partie par la baisse du nombre de médecins dans la région.
Seuls 30 % des praticiens victimes de violence portent plainte. C’était la première fois pour le Dr Gilbert Mbok en 22 ans de carrière. Son agresseur a depuis été jugé et condamné à un an de prison, dont six mois avec sursis. “Même si c’est symbolique, il doit y avoir au moins une sanction appliquée immédiatement. Cela permet de faire un peu de deuil sur la situation,” admet-il. Pour lutter contre ces agressions, de plus en plus de cabinets embauchent des agents de sécurité, comme dans un centre SOS Médecins parisien où chaque soir, un gardien accueille les patients de 20 h à minuit.
La présence d’un agent de sécurité rassure également les patients. “Je pense que c’est une très bonne chose. Surtout parfois, il y a des femmes seules qui viennent avec leurs enfants. Voir un agent de sécurité est certainement mieux,” confie un père. Alors que ce centre envisage d’étendre les horaires de présence de l’agent, l’Ordre des Médecins préfère généraliser un bouton d’alerte disponible pour les praticiens.
“C’est un bouton qu’ils peuvent avoir dans leur poche, dans leur bureau, voire sur leur smartphone lors de leurs visites. Ensuite, ces boutons d’alerte doivent pouvoir alerter soit la police municipale, soit la police, ou peut-être même le SAMU,” argue Jean-Jacques Avrane, coordinateur de l’Observatoire National de la Sécurité des Médecins. La mise en place de ce nouveau dispositif coûterait en moyenne 1000 euros par médecin.