Maisonneuve – At the school of living | The school of good intentions




Le documentaire Maisonneuve À l’école du vivre ensemble montre le défi que représente la cohésion sociale dans l’un des plus grands cégeps de Montréal. Il y a des pas, et parfois des fossés, à franchir.



Alexandre Vigneault

Alexandre Vigneault
La Presse

En 2015 et 2016, le Collège de Maisonneuve a fait les manchettes après que certains de ses élèves furent partis ou eurent tenté de partir faire le djihad en Syrie. Avec un coup de pouce du gouvernement québécois, l’établissement a mis en place des initiatives pour favoriser l’intégration et diminuer l’attrait de l’intégrisme.

L’épisode est évoqué dans Maisonneuve – À l’école du vivre ensemble, documentaire de Nicolas Wadimoff et Emmanuelle Walter. Ce qui les intéresse, c’est toutefois la suite des choses : comment un cégep où presque la moitié des élèves sont issus de l’immigration parvient à créer une cohésion sociale qui ne va pas toujours de soi ?


PHOTO UFUK EMIROGLU, FOURNIE PAR NICOLAS WADIMOFF

Le réalisateur Nicolas Wadimoff

Ce que montre clairement le film, tourné durant l’année scolaire 2017-2018, c’est que malgré les bonnes intentions du personnel et des élèves, des lignes de fracture demeurent. Principalement entre les jeunes issus de l’immigration maghrébine et la majorité blanche et francophone. « On voulait démonter les mécaniques, voir où ça marche et où ça ne marche pas », expose le réalisateur.

Décalages culturels

L’un des points d’ancrage du film est la vie qui tourne autour de la Société générale des étudiantes et étudiants du Collège de Maisonneuve (SOGEECOM), principale association étudiante du cégep. Son exécutif est, selon ce qu’on peut voir dans le documentaire, blanc et francophone. Les candidatures ou les idées provenant d’étudiants d’origine maghrébine n’y sont pas bien accueillies.


IMAGE FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Scène de Maisonneuve – À l’école du vivre ensemble

Le décalage entre la parole et les gestes saute aux yeux : l’association étudiante est antifasciste et antiraciste, mais n’est pas représentative de la diversité qu’elle défend et n’est pas certaine que c’est son rôle de prendre des mesures pour la favoriser au sein de son exécutif. Ce qui contribue à entretenir une distance avec les élèves d’origine maghrébine, notamment.

« On aurait pu s’attendre à ce que les premières personnes visées par les groupes d’extrême droite ou racistes, les Arabes, embarquent complètement avec la SOGEECOM, mais pas du tout… Pas tous, relève Nicolas Wadimoff. Là, ça devenait intéressant. On arrivait dans une zone grise, et ça, j’aime bien. »

Préjugés et maladresses

Maisonneuve – À l’école du vivre ensemble présente des jeunes très éloquents, mais pas toujours conscients de leurs propres préjugés. Il montre aussi des adultes soucieux de bien les accompagner et prompts à se remettre en question (l’animateur culturel Erik Pirro, le travailleur de corridor Mohammed Mimoun en particulier), mais aussi une direction parfois malhabile.

Un jour, des élèves maghrébins arrivent et découvrent avec consternation que des cadenas ont été posés afin de garder ouvertes les portes d’un local qu’ils sont majoritaires à fréquenter. La direction explique vouloir faciliter l’accès au local, où se trouvent les bureaux de certains intervenants du cégep, et dit — sans le dire – que des élèves sont ou pourraient être intimidés d’avoir à traverser un groupe de jeunes Arabes… Ceux-ci se sentent injustement surveillés.

« Si on va au local d’impro, ce sont majoritairement des Québécois blancs », relève Nicolas Wadimoff. Aucun cadenas n’a été posé pour laisser ce local ouvert.

On a mis la scène parce qu’on voulait montrer comment quelque chose qui aurait pu être traité en affrontant le problème […] produces something that is not necessarily positive.

Nicolas Wadimoff, director

All the interest of Maisonneuve – At the school of living together is there: in the frankness of the gaze placed on people of good will. Nicolas Wadimoff points out: he believes that Quebec, where ideas are less divided than in Europe, according to him, is well equipped to face the challenges of integration. “This is all complicated,” he said, however. This is what we wanted [montrer]. ”

The suite with the NFB

The adventure that began at Collège de Maisonneuve will continue in the form of a web series produced by the National Film Board of Canada (NFB). “We shot about 80 days,” says the director. Half of the rushes were used for the feature film, and the other half were reserved, along with other characters, for a series at the NFB that will be released next year. It will be more for young people, because the format will be shorter. ”

Maisonneuve – At the school of living together is offered on Tou.tv.


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