La loi de finances pour 2025 met en lumière l’absence d’efforts structurels pour diminuer les dépenses publiques, malgré l’urgence de rétablir la santé financière de la France, selon la Cour des comptes. Le déficit public est prévu à 5,4 % du PIB, principalement grâce à des hausses d’impôts temporaires, ce qui retarde les ajustements nécessaires. La nécessité d’un effort d’ajustement de 110 milliards d’euros d’ici 2029 alourdit le fardeau de la dette, rendant les objectifs budgétaires incertains.
Le Budget 2025 et les Défis Financiers de la France
La loi de finances pour 2025 révèle un manque d’efforts structurels pour réduire les dépenses publiques, malgré une nécessité jugée “cruciale” pour rétablir la santé financière de la France, selon les avertissements de la Cour des comptes.
Après deux années de consolidation budgétaire jugées “perdues” – 2023 et 2024 – la loi de finances récemment adoptée vise à faire passer le déficit public de 6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024 à 5,4 % en 2025, comme le rappelle cette institution.
Une Dépendance aux Augmentations Fiscales
Cependant, cet effort repose “exclusivement” sur des hausses d’impôts plutôt que sur des économies, tandis que l’augmentation des dépenses publiques a été l’un des principaux facteurs de l’explosion du déficit en 2024, souligne la Cour des comptes dans son rapport sur l’état des finances publiques au début de 2025.
La croissance des dépenses publiques fondamentales semble donc se rapprocher de son taux d’avant la crise sanitaire, avec un ratio de dépenses publiques par rapport au PIB prévu à 56,9 points en 2025, le plus élevé depuis 2022.
De plus, près de la moitié des augmentations d’impôts comprises dans la loi de finances pour 2025 sont présentées comme temporaires, ce qui retarde l’effort structurel nécessaire pour restaurer les finances publiques aux années suivantes, s’inquiète la Cour des comptes.
La situation financière de la France depuis 2023 “met le pays au pied du mur”, selon la Cour. L’effort d’ajustement nécessaire pour ramener le déficit en dessous de 3 % du PIB d’ici 2029, comme prévu dans le plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT) français, a augmenté de 50 milliards d’euros à 110 milliards d’euros au cours des deux dernières années, d’après les calculs de l’institution.
Les enjeux sont d’autant plus cruciaux qu’un effort non réalisé entraînerait un fardeau d’intérêt plus élevé, puisque la dette de la France est renouvelée à des taux plus élevés.
Si seulement la moitié des 110 milliards d’euros d’efforts d’ajustement sont réalisés, les intérêts sur la dette deviendraient ainsi le poste de dépense le plus important de l’État, atteignant 112 milliards d’euros par an, soit 3,4 points de PIB.
Toutefois, la Cour des comptes ne semble pas optimiste quant à la réalisation des objectifs du PSMT fixés par le gouvernement. La dégradation de la situation économique se poursuit et pourrait compliquer l’atteinte de ces objectifs à court terme.
Ce cheminement des finances publiques nécessite des ajustements très significatifs, qui n’ont jamais été réalisés avec une telle cohérence par le passé, souligne la Cour.
Malgré ces “considérables” efforts, l’institution déplore finalement l’ambition limitée du PSMT, alors que la France serait le dernier État membre de la zone euro à ramener son déficit en dessous de 3 %.
“Les erreurs du passé ne peuvent plus être répétées, et le report incessant des efforts pour rétablir les comptes publics n’est tout simplement plus faisable”, conclut la Cour.
Le Ministère des Finances a commenté : “Nous partageons bon nombre des conclusions de la Cour et sommes d’accord avec la plupart des observations faites concernant 2024, notamment en soulignant la nécessité de rétablir la situation de nos finances publiques par un contrôle accru des dépenses.” Il ajoute que la loi de finances initiale pour 2025 et la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 constitueront, une fois adoptées, une première étape essentielle dans la restauration de nos comptes publics.