(Beyrouth) Des centaines de Libanais incluant un grand nombre de militaires à la retraite ont manifesté mercredi à Beyrouth contre la détérioration des conditions de vie et l’effondrement vertigineux de la monnaie nationale, avant d’être dispersés à coups de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre.
La manifestation a rappelé le mouvement de protestation d’octobre 2019, lorsque les Libanais étaient descendus en masse dans la rue à travers le pays, contre une classe politique accusée de corruption et qui est encore en place.
Mercredi, les manifestants se sont rassemblés dans le centre de Beyrouth, à l’appel de collectifs d’épargnants et de militaires à la retraite, pour protester contre l’effondrement de la livre libanaise, qui a perdu plus de 98 % de sa valeur depuis l’automne 2019.
Brandissant des drapeaux libanais, les manifestants ont conspué le gouvernement. L’un des militaires à la retraite, en treillis, tenait une pancarte appelant « la communauté internationale et les pays arabes à nous débarrasser de la classe politique corrompue ».
Lorsqu’ils ont tenté de prendre d’assaut le siège du gouvernement, les forces de sécurité les ont dispersés à l’aide de gaz lacrymogènes et certains ont riposté à coups de pierres, avant que le mouvement de protestation ne prenne fin.
Un manifestant a été blessé ainsi qu’un membre des forces de sécurité, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Je touchais 4000 dollars par mois avant la crise. Aujourd’hui, ma pension ne vaut plus que 150 dollars », a affirmé Khaled Naous, un général à la retraite de 70 ans : « Nous sommes humiliés et nous sommes désespérés ».
La situation des soldats retraités est encore plus dramatique : « ma pension est de 50 dollars et je n’ai plus de quoi nourrir mes cinq enfants », a déclaré l’un d’eux, Marwane Seifeddine, 60 ans.
« Rien à manger »
Depuis la crise économique qui a éclaté à l’automne 2019, les salaires ont littéralement fondu, alors que les épargnants n’ont plus accès à leurs économies, bloquées par les banques.
« On a pris notre retraite dans l’espoir de vivre confortablement et d’éduquer nos enfants […]but they kept our money in the banks and we are forced to beg for our own money,” said Amal Hammoud, a 53-year-old army captain who retired in 2021.
“People are demanding their most basic rights […]but they are answered with tear gas,” she added.
“My salary was 2,450 dollars before the crisis, today I get 100 dollars a month,” said Hatem, a 73-year-old retired teacher: “when I have nothing left to eat at home home, I will wait for death”.
The exchange rate of the dollar against the Lebanese pound, which fluctuates from hour to hour, had reached a peak of 140,000 LBP for the dollar on Wednesday, before falling back to around 110,000 LBP on Thursday, when the dollar was worth 1,500 LBP before the crisis.
Lebanon is experiencing one of the worst economic crises in the world since 1850 according to the World Bank, marked by an unprecedented impoverishment of the population.
The deep political crisis that the country is going through is aggravating the situation, the deputies failing to agree to elect a new President of the Republic since November.
The country is led by a resigning government with reduced powers. On the sidelines of the demonstration, a delegation of retired soldiers met the Prime Minister, Najib Mikati, to convey their demands to him, reported the National News Agency (Ani, official).